CONTRIBUTION A L’AMELIORATION DES SYSTEMES DE PRODUCTION, DE LA SURVIE DES POUSSINS
Systèmes de production
L’aviculture familiale est pratiquée sous un large éventail de conditions, connues comme les systèmes de production. Trois grands systèmes de production ont été inventoriés et reconnus par certains auteurs (Bessei, 1987 ; Rushton et Ngongi, 1998 ; Sonaiya et Swan, 2004 ; Riise et al., 2004 ; Singh et al., 2011).
Système extensif en liberté (production traditionnelle)
Dans ce système, les oiseaux d’espèces et d’âges variés ne sont pas confinés mais sont laissés en divagation pour rechercher la nourriture sur une grande surface. Ils se nourrissent de débris alimentaires, des déchets de cuisine, des résidus de récolte, de céréales, d’insectes et verdures présents dans leur environnement immédiat ou provenant des ménages (Tadelle et Ogle, 2001 ; Kondombo et al., 2003b ; Halima et al., 2007a). Ainsi, la qualité et la quantité des ressources alimentaires dépendent des conditions climatiques (Agbédé et al., 1995 ; Tadelle et Ogle, 2000 ; Sonaiya et Swan, 2004 ; Konaré, 2005). En effet, d’après Mwalusanya et al. (2002), l’alimentation des poulets du pays est constituée par au moins 75% des issus de battages et différents produits picorés en divaguant. La taille et la productivité du troupeau dépendent de la population humaine et de ses résidus ménagers et culturaux, ainsi que de la disponibilité en d’autres ressources alimentaires picorables (Sonaiya et Swan, 2004). Ces ressources alimentaires picorables, désignées sous le terme « Base des Aliments Résiduels Picorables (BARP) » comprennent, d’après Sonaiya (1995) et Sonaiya et Swan (2004), les déchets de cuisine, les céréales et leurs sous-produits, les racines et les tubercules, les espèces végétales terrestres (arbres, arbustes, fruits) et aquatiques ainsi que les protéines animales. L’effectif du troupeau varie de 1 à 10 poulets par exploitation même si on peut observer jusqu’à 50 sujets (Buldgen et al., 1992 ; Mopaté et Lony, 1999 ; Missohou et al., 2002 ; Halima et al., 2007a ; Mammo et al., 2008). 8 Généralement, dans ce système, la volaille passe souvent la nuit dehors perchés sur les arbres de la concession ou cachés sous les greniers (Agbédé et al., 1995 ; Fotsa et al., 2007). Néanmoins, on peut aménager des abris élémentaires qui peuvent être utilisés ou pas.
Système extensif en basse-cour (production améliorée)
Ce système a presque les mêmes caractéristiques que celles du système extensif en liberté à part que les oiseaux reçoivent un complément alimentaire constitué de céréales, de sous-produits de céréales et de déchets ménagers servi à même le sol (Agbédé et al., 1995 ; Halima et al., 2007a). Tous les sujets (poussins et adultes) reçoivent le même complément (Muchadeyi et al., 2004). Néanmoins, le type et la quantité d’aliments apportés sont fonction de la récolte et de la période ou de la saison de l’année (Halima et al., 2007a). C’est pourquoi la complémentation est régulière pendant les périodes de récolte et occasionnelle pendant les périodes de soudure comme l’hivernage. L’eau peut être distribuée occasionnellement. Dans ce système, l’éleveur ne prévoit pas de mangeoires ou d’abreuvoirs à part que l’éleveur peut utiliser du matériel de récupération de type traditionnel (Agbédé et al., 1995 ; Bonfoh et al., 1997). Le soir, les oiseaux sont logés dans des abris afin de les protéger contre les prédateurs et intempéries climatiques. Ces abris sont de types traditionnels construits à base des matériaux localement disponibles ou des locaux sommaires (Bonfoh et al., 1997 ; Aganga et al., 2000 ; Swai et al., 2007 ; Moula et al., 2012 ; Zewdu et al., 2013 ; Tadesse et al., 2014 ; Djitie et al., 2015). Certains aviculteurs ruraux se servent de leurs maisons pour abriter les oiseaux (Sonaiya et Swan, 2004). L’effectif varie de 10 à 50 sujets suivant l’abondance de la BARP (Kitalyi, 1998 ; Sonaiya et al., 1999 ; Guèye, 2003 ; Riise et al., 2004).
Système semi-intensif (production confinée à petite échelle)
Il s’agit d’un système intermédiaire entre l’extensif et l’intensif. En effet, les oiseaux sont confinés dans un espace bien clôturé dans lequel ils ont accès à l’abri, le loisir de picorer et de s’abreuver. La complémentation alimentaire est généralement effectuée avec des grains, des sous-produits de céréales, des déchets ménagers, … Dans ce système, le fermier doit préconiser des abreuvoirs et mangeoires équipés d’un rebord dans le but d’éviter le gaspillage de la nourriture. Pendant la nuit, les oiseaux ont accès à un abri construit en matériaux durables. Les effectifs varient de 50 à 200 sujets en fonction des moyens et des objectifs du fermier (Sonaiya et Swan, 2004). Les Caractéristiques de ces trois systèmes d’élevages sont consignées au tableau I. Tableau I: Caractéristiques des systèmes d’élevage en aviculture familiale Critères Système semi-traditionnel Système traditionnel en basse-cour en liberté Effectif 50-200 5-50 1-10 Entrée Forte Faible Faible Exploitation du cheptel Forte Faible Faible Race exploitée Améliorée, métissée, locale Améliorée, métissée, locale Locale, métissée Lieu d’implantation Zones périurbaines et rurales Zones rurales Zones rurales Eleveurs Quelques familles rurales Nombre modéré de familles rurales Majorité des familles rurales Entretenu par Businessmen Femmes et famille Femmes Revenu Revenu business Revenu familial Faible revenu (cash) Objectif Vente Consommation domestique et vente dans les marchés locaux Consommation domestique et vente dans les marchés locaux Importance Peu d’importance sociale Importance sociale Importance sociale et culturelle (cadeaux, religion) Crédit Basé sur l’actif Micro-crédit Absence de crédit Mortalité Faible mortalité Mortalité modérée Forte mortalité Alimentation Equilibrée Locale (semi-divagation) Pas d’alimentation (divagation) Vaccination Plusieurs schémas de vaccination Vaccination contre la maladie de Newcastle Pas de vaccination Traitement /Soins et conseils vétérinaires Traitement régulier/ Contact avec service vétérinaire public Peu de traitement/remèdes locaux/ Contact avec les Vaccinateurs Villageois de Volaille Pas de traitement/ Rare, ou parfois contact avec service vétérinaire public Habitat Grand abri et amélioré Simple et petit abris Pas d’habitat/habitat non spécifique Production 80-160 oeufs/poule/an 50-150 œufs/poule/an 30-50 œufs/poule/an Taux de croissance 10-20 g/j 10-20 g/j 5-10 g/j Niveau de biosécurité Faible Inexistant Inexistant Niveau de contact entre espèces Faible Elevé Elevé Source d’information à caractère technique Projet/programme, ONG, services publics Projet/programme, ONG, services publics Projet/programme, ONG, services publics Financement Microcrédit/fonds propre Microcrédit/fonds propre Microcrédit/fonds propre Alimentation Parfois provende Reste de cuisine, reste de récolte, etc. Reste de cuisine, reste de récolte, etc. Organisation des producteurs Parfois (mais plus pour bénéficier des projets) Rare (parfois local, et surtout pour bénéficier des projets) Rare (parfois local, et surtout pour bénéficier des projets) Mode d’élevage Habitat à l’aide de matériaux locaux. Semi-divagation Divagation et quelques rares claustrations Divagation Source : Adapté à partir de Kitalyi (1998), Sonaiya et al. (1999), Guèye (2003) et Riise et al. (2004)
Performances zootechniques des poulets locaux en Afrique subsaharienne
Performances de reproduction
Les performances de reproduction de la poule locale en Afrique subsaharienne comparées à celles des souches exotiques sont faibles. Ces performances diffèrent d’un poulet à l’autre suivant leur diversité génétique, les conditions d’élevage, les saisons, les régions, la gestion sanitaire, l’alimentation, … (tableau II). Cette dernière dépend beaucoup des facteurs qui déterminent l’apport en Base d’Aliments Résiduels Picorables (BARP) dont le climat, l’effectif et le type de bétail présent, les cultures et la religion, le nombre et la taille du ménage (Sonaiya et Swan, 2004). L’âge à la première ponte varie en fonction du mode de conduite des poules. En effet, il est de 16 à 36 semaines avec une moyenne 26,26 semaines et de 20 à 24 semaines avec une moyenne de 21,3 semaines en milieu rural et en système intensif, respectivement. D’une façon générale, la poule locale en élevage intensif est sexuellement précoce contrairement à celle élevée en système extensif (Smith, 1992). Cette différence d’âge à la première ponte observée chez la poule locale d’un pays à un autre peut être expliquée par la diversité génétique ainsi que les conditions climatiques et d’élevage (Ayssiwede et al., 2013). Le nombre d’œufs par poule et par couvée varie de 8 à 19 œufs avec un poids moyen variant de 30 à 44 g. Avec une moyenne de 3,29 (milieu rural) et de 5,48 couvées/an (milieu contrôlé), le nombre annuel d’œufs pondus est respectivement de 42,71 et de 82,94. L’augmentation du nombre de couvées et parallèlement du nombre d’œufs en milieu contrôlé est le résultat du raccourcissement du temps consacré à l’élevage des poussins. En effet, en milieu contrôlé où les poules bénéficient des conditions managériales adéquates (alimentation équilibrée et abreuvement à volonté, logement convenable, bonne gestion sanitaire), elles reconstituent rapidement les réserves perdues (27-35%) lors de la couvaison (Farell, 2000 ; Talaki, 2000). A ce moment, le sevrage des poussins se fait plus tôt et la poule peut entamer la couvée suivante (Sarkar et Bell, 2006 ; Kouadio et al., 2013). Le taux moyen d’éclosion a été amélioré passant de 68,09% (milieu rural) à 83,86% (milieu contrôlé). Le taux de mortalité des poussins jusqu’à trois mois d’âge est plus élevé en milieu rural (38,73%) comparé à celui du milieu contrôlé (14%). En condition villageoise, le taux de mortalité des poussins peut aller jusqu’à 85% (Kondombo et al., 2003). Les maladies infectieuses, les prédateurs et les parasitoses sont les principales causes de ces mortalités (Kondombo et al., 2003 ; Fotsa et al., 2007 ; Aboe et al., 2006 ; Mopaté et Lony, 1999 ; Mapiye et Sibanda, 2005 ; Mourad et al., 1997). En plus, dans le système traditionnel, les poussins amenés à picorer par divagation avec leur mère juste après l’éclosion, souffrent de malnutrition compte tenu de la mauvaise qualité de l’aliment disponible. Face à cette situation, ils résistent mal aux conditions du milieu et commencent par conséquent à mourir en moins d’une semaine (Kouadio et al., 2010). Au regard de ces résultats, l’amélioration des conditions d’élevage
Performances de croissance
Les paramètres zootechniques de croissance des poules locales en milieu rural ou contrôlé enregistrés par certains auteurs en Afrique subsaharienne sont rapportés dans tableau III. Le poids du poussin à l’éclosion varie de 23 à 30,58 g sans distinction de sexe et de milieu. Néanmoins, Ayssiwede et al. (2011a) avaient trouvé un poids moyen plus élevé (31,86 g) au Sénégal. Les poids vifs à la 4ème, 8ème, 16ème, 20ème et à la 24ème semaine varient selon le sexe et le mode de conduite et sont, respectivement, de 89 à 212,3 g, de 218,3 à 613,77 g, de 282 à 847,21 g, de 340 à 1040 g, de 742 à 1280 g et de 900 à 2440 g. Les mâles se développent plus rapidement que les femelles avec des poids plus élevés en station. Avant la 25ème semaine d’âge, Buldgen et al. (1992) ont rapporté une croissance régulière mais faible. Par contre après cette période, elle est plus rapide et plus marquée chez les mâles comparée aux femelles jusqu’à l’âge adulte. D’une façon générale, le poids à l’âge adulte d’une femelle varie de 900 à 1600 g alors que celui du mâle varie de 1040 à 2440 g. Néanmoins, des poids plus importants de 825 à 2350 g (femelles) et de 975 à 2900 g (mâles) ont été enregistrés au Cameroun par Keambou et al. (2007). Le Gain Moyen Quotidien (GMQ) jusqu’ la 24ème semaine varie de 1,95 à 9,8 g/j. Il est plus élevé entre la 13ème et la 24ème semaine d’âge (2 à 13,53 g/j) comparé à celui (2,3 à 9,47 g/j) enregistré jusqu’à la 12ème semaine. Cependant, Buldgen et al. (1992) avaient enregistré un GMQ plus élevé pendant les douze premières semaines d’âge (9,47 g/j) comparé au reste de la période d’élevage (de la 13ème à la 24ème semaine d’âge) (3 à 5,75 g/j). Le rendement carcasse moyen a varié de 61,6 à 79% avec des valeurs plus élevées chez les mâles. Ces valeurs sont inférieures à celles (86,33%) enregistrées par Ayssiwede et al. (2011b) au Sénégal. Par contre, Youssif et al. (2014) ont rapporté des valeurs inférieures (50,3 et 50,6%) de rendement carcasse au Soudan. La supériorité du rendement carcasse chez les mâles par rapport aux femelles pourrait être due au gras abdominal qui est plus développé chez les femelles (20 à 24 g) que chez les mâles (12 à 16,7 g) (Ali, 2001). Par ailleurs, Mark (1985) avait rapporté que le développement des muscles chez les femelles est plus rapide que celui des mâles depuis l’approche de la maturité sexuelle. Néanmoins, les valeurs enregistrées par Sola-Ojo et Ayorinde (2009) contredisent ces précédents constats. En effet, ces auteurs ont rapporté les rendements carcasse de 58,35% (mâles) et de 61,66% (femelles) au Nigeria.
Consommation alimentaire et indice de consommation
La consommation alimentaire d’un poulet local jusqu’à l’âge adulte (au moins 24 semaines) varie en fonction de l’âge de 5 à 90 g/j contrairement aux observations (25 à 98 g/j de la 4ème à la 24ème semaine d’âge) faites par Halima et al. (2007) (tableau I. 3). De la 5ème à la 9ème semaine, Ayssiwede et al. (2011b) ont rapporté qu’un poulet local consomme entre 37,78 à 43,8 g/j. A 8 semaines d’âge, la consommation alimentaire est de l’ordre de 55-60 g/jour et augmente encore chez les jeunes adultes (65-80 g/jour) et les adultes (100 g/jour) (Riise et al., 2004). En système amélioré, la CA varie de 29,35 à 36,8 g/j (Ayssiwede et al., 2011a) et de 37,86 à 50,62 g/j (Ayssiwede et al., 2011b) entre 10 et 13 semaines d’âge ainsi que de 46,7 à 54,92 g/j (Ayssiwede et al., 2011a) et de 43,63 à 60,58 g/j de la 14ème à la 17ème semaine d’âge. La consommation alimentaire varie également en fonction du niveau énergétique et de l’âge (Sonaiya et Swan, 13 2004). En effet, pour les régimes alimentaires de teneur énergétique moyenne à élevée (2600- 2900 kcal EM/kg MS), la consommation alimentaire est de 72 g/j alors qu’elle est de 88 g/j pour des régimes de faible teneur énergétique (2400 kcal EM/kg MS) jusqu’à une année d’âge (Ali, 2001). Les indices de consommation respectifs enregistrés par ce même auteur sont de 7,4 et de 12,8. L’Indice de consommation varie de 2,5 à 7,25 (jusqu’à la 8ème semaine) et de 3,92 à 9,1 de la 9 ème semaine à la 24ème semaine d’âge (tableau III).
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