Valorisation de Hibiscus sabdariffa L. : amélioration des procédés traditionnels de transformation
Présentation de l’Hibiscus sabdariffa L.
Description Hibiscus sabdariffa
var sabdariffa est une plante vasculaire appartenant à l’Embranchement des Spermaphytes, au Sous-Embranchement des Angiospermes, à la Classe des Dicotylédones, à la SousClasse des Dialypétales, à la Série des Thalamiflores, à l’Ordre des Malvales et à la Famille des Malvacées (Figure 1). Cette famille comprend 80 genres et 1 500 espèces. La majorité des variétés est utilisée comme plantes ornementales à l’exception du type sabdariffa dont deux variétés ont été identifiées (Charlotte 1974; Morton 1987). Il s’agit des variétés horticoles altissima et sabdariffa L. Cette plante est connue sous diverses appellations comme le Bissap au Sénégal, l’oseille de Guinée, le karkadé en Afrique du Nord, la flore de Jamaïque en Amérique centrale, le Groseille de Noël aux Antilles, le Ngaï-Ngaï en Afrique Centrale, le roselle, sorrel ou sour tea en anglais (Morton 1987; Glew et al. 1997; Lorenzo et al. 2000; Babalola 2001a; Cisse, Dornier, Sakho, Diop, et al. 2009) Figure 1 : Plantes et calices rouges d’Hibiscus sabdariffa L Synthèse bibliographique
Origine Hibiscus sabdariffa
serait originaire de la région couvrant l’Inde à la Malaisie où il est couramment cultivé. Il aurait été ensuite transporté très tôt en Afrique avant de se répandre dans les régions tropicales et subtropicales des deux hémisphères. Les graines auraient été apportées en Amérique par les esclaves africains (Morton 1987).
Répartition géographique Hibiscus sabdariffa
- se retrouve largement dans les régions tropicales et subtropicales des deux hémisphères. Il est aussi rencontré dans de nombreuses régions d’Amérique centrale et en Asie. En Afrique, l’Hibiscus sabdariffa L. serait domestiqué au Soudan, il y a environ 6000 ans, d’abord pour ses graines et ensuite pour la production de feuilles et de calices. Cette plante est présente actuellement dans toutes les régions tropicales. Mais les spécimens d’apparence vraiment sauvage de l’espèce ont été récoltés au Ghana, au Niger, au Nigeria et en Angola (Grubben 2004). En Asie, la sélection des variétés pratiquée pour la production de fibre (Inde, Sri Lanka, Thaïlande, Malaisie, île de Java) et aussi de calices destinés à l’utilisation alimentaire. 1.4. Variétés Hibiscus sabdariffa L. se présente sous deux types : le type vert et le type rouge. Les calices du type vert sont utilisés comme condiment ou comme légume-feuille dans l’alimentation. Les calices de type rouge, plus connus, entre généralement dans la préparation des boissons, sirops, confitures, gelées et concentrés. Les calices rouges comprennent plusieurs variétés : Vimto, Koor, CLT92, Thaï, Bambara, Violette, Burkina, et Yoump (Tableau 1). Ces variétés présentent des différences morphologiques (diamètres, tailles des fruits, etc.), sensorielles (acidité, coloration, etc.) et chimiques (teneur en anthocyane) (Cissé, Dornier, Sakho, Diop, et al. 2009). Synthèse bibliographique 5 Tableau 1 : Caractéristiques des variétés de Bissap cultivées au Sénégal (Cisse, Dornier, Sakho, Diop, et al. 2009)
Pratiques agricoles
Culture et récolte Hibiscus sabdariffa
est cultivé au Sénégal pendant la saison des pluies sur un cycle de 130 jours. Le semis est fait entre Juillet et Août durant la saison des pluies à raison de 4 à 5 kg de graines par ha. Le semis se fait tantôt à la volée, tantôt en poquets. En général, le semis est direct à raison de 3 à 5 graines par poquet et à une profondeur de 2 à 3 cm. Certains producteurs font des semis en pépinières ombragées, qu’ils repiquent au champ au bout de 4 semaines environ (Cissé, Dornier, Sakho, Diop, et al. 2009; Poublanc, Gomis, et Nugawela 2006) Hibiscus sabdariffa L. répond bien aux engrais, et l’on a observé en Egypte que le sulfate d’ammonium donnait des rendements plus élevés que le nitrate de calcium ou l’urée. La production de calices est plus élevée lorsque l’engrais est apporté au moment du démariage (20 à 30 jours après le semis) que lorsque les applications sont fractionnées et effectuées au cours du stade de développement végétatif et de la floraison. Mais, les engrais chimiques sont rarement utilisés en Afrique tropicale, parce qu’ils sont jugés onéreux dans les conditions climatiques incertaines de production de cette plante (Poublanc, Gomis, et Nugawela 2006). La récolte du Bissap a lieu en Novembre-Décembre et la collecte des calices sur les marchés se déroule de décembre à mai. Au-delà du mois de Mai, les calices séchés perdent leur couleur et donc Variétés Morphologie Dimensions calices (longueur/diamètre) (cm/cm) Couleur calices Rendement (kg calices sec/hectare) Vimto Sépales ouverts vers l’extérieur, droits, légèrement recourbé au sommet 8,5/4,5 Rouge sombre 500 Koor Calices de forme conique 4,5/3,5 Rouge clair 250-300 Thaï Arbre de grande taille (2m) Riche en fibre 4,5/3,5 Rouge clair 250-300 CLT 92 Arbre de taille moyenne 4,5/3,5 Rouge foncé, bleu violacé 250-300 Burkinabé Calices de forme conique 4,5/3,5 Rouge 250 Yoump Calices de forme conique 4,5/3,0 Rouge 250 Violette hybride naturel entre les variétés Koor et Yoump 4,5/3,0 Violet 250 Synthèse bibliographique 6 leur valeur commerciale. Il est le plus souvent cultivé en lisière de champ ou en association avec d’autres cultures. La culture pure dans des conditions idéales peut donner des rendements de l’ordre de 700 à 800 kg de calices séchés par hectare et autant en graines. La moyenne de rendement devrait se situer au Sénégal autour de 200 à 250 kg ha-1 en culture pure du fait que la plupart des paysans conduisent cette culture en mode extensif. Selon certaines informations, le ratio calices séchés/calices frais serait de 11 % (Cissé, Dornier, Sakho, Diop, et al. 2009; Poublanc, Gomis, et Nugawela 2006). Les rendements de culture, en fonction des variétés, varient entre 250 à 1000 kg de calices séchés par hectare et autant en graines (Coly, Seck, et Mbaye 2005). Le rendement moyen en calices sec se situe autour de 250 kg ha–1. Le rendement en calices au Sénégal est 6 fois plus faible qu’en Asie où les rendements sont en moyenne de 1500 kg de calices secs par hectare (Cissé, Dornier, Sakho, Diop, et al. 2009). Cette différence est probablement liée à la généralisation de l’utilisation d’engrais en Asie. L’évolution de la production sénégalaise semble suivre celle des superficies puisque l’accroissement du rendement par hectare est relativement faible, voire nul, ce qui explique la faible vitesse d’accroissement de la production nationale. En d’autres termes, les superficies augmentent, alors que les pratiques agricoles ont peu évolué. Un simple apport d’engrais à une dose optimale et l’amélioration des pratiques agricoles pourraient rapidement augmenter de façon significative la production nationale. Les travaux de récolte se font manuellement par une main d’œuvre essentiellement féminine. Les calices arrivés à maturité sont sectionnés de la plante, pour être ensuite décortiqués (séparation du calice et des graines) et séchés. Pour une même parcelle, on répète ces travaux de récoltes 2 à 3 fois tous les 10 jours pour assurer la récolte de calices de qualité à un stade optimum de maturité. De nouveaux outils ont récemment été introduits pour faciliter le décorticage.
Traitements post-récolte
s Les principales opérations réalisées sur les calices après récoltes sont le décorticage, le séchage et le conditionnement. . Il est important que ces opérations se fassent par la suite dans un minimum de temps, et dans un environnement propre pour obtenir un produit de qualité (Cissé, Dornier, Sakho, Ndiaye, et al. 2009; Poublanc, Gomis, et Nugawela 2006) Le décorticage est une opération manuelle, délicate et nécessitant une main-d’œuvre importante. Il consiste à prendre le fruit entre les deux mains puis à faire une incision verticale avec les deux pouces pour séparer la capsule et le calice. Il est souvent pénible et douloureux à cause de la pression à exercer sur les calices et la capsule et, pour certaines variétés, la présence de poils urticants gênants. Synthèse bibliographique 7 Certaines opératrices coupent la base pédonculaire de la fleur à l’aide d’un couteau pour libérer la capsule et obtenir un calice circulaire fermé. Cette méthode peut endommager la capsule qui s’ouvre partiellement et libère les graines. Des pertes par brisure des sépales supérieurs sont fréquentes avec le couteau. Pour réduire ces pertes, certaines paysannes ne décortiquent les fleurs que 24 h après la récolte. Les discussions menées auprès des producteurs ont mis en évidence un réel besoin de mécanisation de cette opération qui constitue un frein important au développement de la culture. Le séchage permet de réduire l’humidité des calices de 86 % à 16 %, voire à 14 % pour une bonne conservation. Actuellement, le séchage des calices en milieu rural se fait par exposition directe au soleil sur des nattes, des tôles ou des toiles en plastique étalées directement sur le sol. Cette méthode présente des inconvénients majeurs : risque important de contamination microbienne, présence de sable et de débris divers, dégradation des anthocyanes. La durée du séchage est de 6 à 8 jours. Pour se plier aux exigences des collecteurs et transformateurs, des soins doivent être apportés lors du séchage en vue d’obtenir des produits contenant le moins possible de corps étrangers (brindilles, sable, feuilles, etc.). Un système de séchage sur claies fabriquées à partir de sacs tissés en propylène a été testé lors de la campagne 2006 par l’ASNAPP-Sénégal (Agribusiness in Sustainable Natural African Plan Products) dans le village de Thiaré, département de Nioro du Rip de la région de Kaolack (Figure 2)
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