THERAPEUTIQUE DES ENFANTS AGES DE MOINS DE 5ANS
DESCRIPTION DES PATHOLOGIES
Les résultats obtenus dans notre étude sont similaires à ceux de beaucoup d’études notamment de l’enquête [22] qui a été menée en 1993 à Dakar dans les 20 pharmacies sélectionnées pour l’étude. Elle portait sur les trois pathologies (diarrhée d’enfant, fièvre et toux de l’enfant) qui étaient les plus fréquentes. Une autre étude faite au Sénégal en 2002 [10]. Les résultats de Jane B [10] viennent renforcer nos résultats quant à la prévalence de ces trois pathologies au seins de la tranche d’âge des moins de cinq. En Côte d’Ivoire les maladies diarrhéiques constituent la deuxième cause de morbidité chez les enfants de moins de 5 ans d’après un projet pilote de gestion des diarrhées par l’approche éco santé a été initié en 2006 dans un village périurbain de la commune de Yopougon, à Abidjan [9].. La tranche d’âge des moins de 5 ans était la plus affectée avec une prévalence de 14 %, suivie de celle des plus de 15 ans (6 %) et enfin des enfants de 5 à 15 ans (3 %) [9].Le taux de 12,5% de diarrhée dans notre étude est superposable au 10,2% rapporté par Diagne et al [18] au Sénégal et 10,4% rapporté par Sanou et al [95]. au Burkina Faso mais , Gueddada et al en Tunisie ont rapporté 69% de diarrhée dysentérique au cours d’une étude éthologique des gastro-entériques aigues de l’enfant[34].La fréquence de 7,5% de diarrhée associé au parasitose retrouvée dans notre étude est beaucoup plus basse que celle rapportée par Diouf et al au Sénégal avec 30% des cas[20].Gendrel a trouvé au Gabon une prévalence de 10 à 15% de portage chez les enfants de milieu défavorisé[29].Ces faits confirment que les parasites semblent jouer un rôle important dans la survenue et la gravité de la diarrhée chez chez les enfants de moins de 5ans[20].Dans l’étude de Sanou et al [95] au Burkina Faso la prévalence des maladies respiratoires aigües chez les enfants de moins de 5ans représentait 15,1% contre 10% dans notre étude . Les diarrhées aiguës étaient la deuxième cause (21,4%) des admissions au Centre Hospitalier National Yalgado Ouédraogo de Ouagadougou au Burkina en 1991 après le paludisme [56]. Elles étaient la première cause de décès des enfants de 0 à 5 ans dans le même service: 22,4 % des décès étaient le fait des diarrhées [56]. La fréquence des maladies respiratoires a été relativement élevée dans notre étude (10 %). Des taux plus élevés sont observés par d’autres auteurs: Patwari et al en Inde [85], Nzingoula [71] au Congo Brazaville et al ont trouvé respectivement 21,3 % et 26,7 %.Par contre Adonis et al en Côte d’Ivoire [1] et Bakondé et al au Togo[3] ont trouvé respectivement des taux plus faibles 7,7 % et 2,61%. Quant à Sawadogo et al [97], leur étude a montré que Les pneumonies ont représenté 3% des admissions et 67 % des cas d’infection respiratoire aiguë basse. Les enfants de moins de 5 ans ont été les plus touchés avec 84,6 % des cas .
TAUX DES MEDICAMENTS DISPONIBLES
La comparaison de la disponibilité des médicaments génériques montre des situations plus au moins différentes suivant le secteur (public, privé ou confessionnel) dans la région de Dakar sélectionnée pour l’enquête. Dans notre étude nous avons trouvé qu’au niveau des pharmacies d’officine privées, les médicaments innovateurs sont uniformément présents et que le taux de la disponibilité des médicaments génériques est beaucoup plus faible notamment dans le groupe des antirétroviraux .Ce qui trouve son explication au fait que les officines privés ne sont pas autorisés à détenir ces médicaments car gratuits et gérés directement par le comité national de lutte contre le syndrome d’immuno déficience acquis (SIDA). Concernant les anti-cancéreux, nous avons des résultats similaires avec l’étude de Amadou S K et al [2] qui révèle une indisponibilité des médicaments anti-cancéreux chez les enfants âgés de 0à 15 ans .Bien que cette affection soit présente , les cancers de l’enfant ont souvent été considérés comme un problème concernant essentiellement les pays développés. Ce faible taux de disponibilité est aussi imputable au problème de déficit en spécialistes, d’absence de centre de référence et de manque de moyen financier car ces médicaments coûtent chers. [2] Une faible disponibilité globale est constatée selon le type de médicaments et le secteur considéré. Le secteur privé bénéficie d’une bonne disponibilité en médicaments innovateurs (85,7%), contrairement aux autres secteurs qui enregistrent une disponibilité nulle en médicaments innovateurs. En ce qui concerne les médicaments génériques, des disponibilités relativement faibles de 30,4 %, 23,8% et 16,7% sont respectivement observées dans les secteurs public, privé et confessionnel. Dans notre étude la disponibilité des médicaments génériques à Dakar était de 81% dans le secteur public et de 113% dans le secteur privé. L’étude de Jane B[10]et al menée au Sénégal en 2002 avait trouvé un taux de disponibilité de 62% alors que celle de Mangane et al[57] effectuée en 2003 avait trouvé un taux de disponibilité de 88%. La conséquence de cette faible disponibilité des médicaments génériques observés dans notre étude fait que les patients sont obligés de payer plus cher dans le secteur privé ou les prix sont plus chers. Certains médicaments inclus dans l’étude n’ont aucune chance d’être retrouvés au niveau périphérique du fait d’une part, de la spécificité de la pathologie [2], et de la restriction de prescription à certains agents tels que les infirmiers ou simplement le médicament n’est pas inscrit sur la LME. Une mauvaise estimation des stocks et une lourdeur administrative étaient dans la plupart des cas à l’origine de l’indisponibilité de ces médicaments. La conséquence de cette situation pour le patient est, soit de dépenser beaucoup plus au niveau des pharmacies (où il risque de payer jusqu’à 15 fois le prix du Mébendazole dans le secteur public pour un produit générique ou 52 fois pour le médicament innovateur) ou de se tourner tout simplement vers les plantes médicinales ou encore les médicaments de la rue du secteur illicite. Tiendrébeogo A. F.et al [107] dans son étude : Contribution à la connaissance du ″marché parallèle ″ des médicaments à Ouagadougou avait rapporté le rôle du marché parallèle dans la vente du médicament et que c’était un commerce florissant. Au Mali, Schmidt S. avait trouvé qu’à Bamako, de nombreux marchants vendaient les médicaments comme ils vendaient du savon [98]. Sawadogo a trouvé dans son étude à Ouagadougou, 43 % d’antalgiques, 17 % d’antibiotiques et 13 % d’antipaludéens dans le secteur illicite du médicament [97].Kouakou relevait dans son étude, une consommation de 51,2 % d’antalgiques, 43,9 % d’antibiotiques et 26,8 % d’antipaludéens [53] et. Fayomi et Bissagnené [27] ont, quant à eux, retrouvé une utilisation élevée d’antibiotiques (20 à 40 %) provenant du marché illicite. En outre, cette forte prévalence pourrait s’expliquer par l’existence de nombreux marchés de vente de médicaments de la rue dans la commune d’Adjamé en Cote d-Ivoire, notamment le marché « Roxy », facilitant l’acquisition de ces médicaments. Ce marché réunit près de 30 % des vendeurs de médicaments de la rue en Côte d’Ivoire et représente le plus grand marché du pays [27]. Notons que à Dakar aussi nous avons des marchés identiques communément appelée « Keur Serigne- bi » et d’autres situé dans la banlieue Dakaroise notamment au marché de Thiaroye et de Pikine. Cette indisponibilité est d’autant plus inquiétante que certains de ces médicaments sont préconisés dans les pathologies répertoriées comme étant les 10 premières causes de morbidité et de mortalité du pays. Une étude réalisée au Tchad [23] a montré dans le secteur privé que la disponibilité des médicaments génériques était aussi très faible (13,6%). Il y a peu d’incitation pour les pharmaciens privés de vendre des médicaments génériques. Les prescripteurs et les patients eux-mêmes ne sont pas assez sensibilisés à l’utilisation des médicaments essentiels génériques. Moins de la moitié des produits princeps étudiés étaient disponibles dans les points de vente privés (45,5%). Quant à l’étude tunisienne [24]. Dans le secteur privé, la disponibilité moyenne des médicaments est de77% pour les médicaments de marque innovateurs, 93% pour les équivalents génériques les plus vendus et 95% pour les équivalents génériques les moins chers. Cette disponibilité moyenne se retrouve pratiquement pour les trois catégories de médicaments. Par contre, dans le secteur public, la disponibilité moyenne des médicaments est de 0% pour les médicaments de marque innovateurs, 38% pour les équivalents génériques les plus vendus et 64% pour les équivalents génériques les moins chers. L’enquête Burundaise sur la disponibilité et les prix des médicaments [25] a montré une disponibilité moyenne de 42,8% dans le secteur public,42% dans le secteur privé et 42,9% dans le secteur confessionnel ce qui signifie que le taux de disponibilité du Burundi est meilleur que le nôtre et des efforts doivent être davantage . L’étude menée en 2003 par le ministère de la santé en collaboration avec l’OMS a montré que la médiane de la disponibilité au niveau des PRA était de 86,7%. Depuis août 2003 la PNA importe des génériques en DCI pour les deux secteurs publics et privé. Ainsi le malade peut s’approvisionner sur une liste d’une quarantaine de molécules au niveau des formations sanitaires comme dans les officines privées au même prix. Suivant l’étude ENDA de 1988[22], les listes de médicaments essentiels, dressées au niveau national pour les services de santé de premier recours, étaient très éloignées de la liste OMS: seuls 45% des produits de la liste des Centres de Santé se trouvaient alors dans la liste OMS. Par ailleurs, ces listes n’avaient aucun caractère contraignant. Une portion de 20,4% seulement des prescripteurs disaient se référer à la « liste sociale » pour rédiger leurs ordonnances. Cette faible utilisation était due à une information insuffisante sur l’existence de cette liste. Les prescripteurs des secteurs public et privé recevaient des informations sur les médicaments quasi exclusivement par le Biais des visiteurs des laboratoires pharmaceutiques. A cela s’ajoute la mauvaise gestion des approvisionnements en médicaments imputable à la fréquence des ruptures de médicaments due en partie au non-respect de la liste des médicaments essentiels.
Les médicaments en rupture
Malgré tous les efforts déployés par le Ministère de la santé, la couverture des besoins de la population des enfants âgés de moins de 5ans reste insuffisante. Ceci, nuit gravement à la qualité des soins et entraine l’insatisfaction permanente des patients. Au-delà d’un financement suffisant pour l’acquisition des produits pharmaceutiques, il est reconnu qu’en l’absence d’une démarche de gestion rationnelle et efficace, ces constats persisteront. Les conséquences sur les usagers peuvent se traduire par le retard dans la prise en charge des malades due à une absence de médicaments et d’engendrer d’autres conséquences plus graves. Nos résultats ne sont pas loin de celui trouvé par Sanogo A. [94]. Les approvisionnements provenant de la Pharmacie de la Santé Publique (PSP) représentent en moyenne 79.89% des approvisionnements pharmaceutiques totaux par an à la pharmacie du CHU de Treichville en Côte d’Ivoire [94]. Ce résultat n’est pas très loin de celui trouvé en 2006 au Benin par Somda C. qui était de 99% [101]. Par contre, une évaluation faite en Tunisie, sans avoir pu chiffrer ce taux, a montré que les quantités commandées ne sont pas toujours entièrement livrées à cause des ruptures de stock ou d’insuffisance de stock [24]. A Dakar l’étude de Mangane et al [57] a trouvé une durée moyenne de de plus de 30jours, soit 36,36% sur une liste de médicaments traceurs pour les enfants, notons ces résultats sont similaires à ceux dont nous avons trouvé dans notre étude. Kiki-Medegan et al [48] ont noté, au cours de leur étude de nombreuses ruptures de stocks dans les formations sanitaires de Cotonou. Quant à Nkunzimana, il a trouvé que si la disponibilité en médicaments était à 85% en 1988, elle est passée à 76% en 1996 dans les formations sanitaires publiques et de 91% dans les formations sanitaires publiques [70]. Au cours de la même étude la disponibilité en médicaments essentiels a été estimée à 70% dans la commune de Kpomassè [70]. Parmi les nombreuses raisons des ruptures de médicaments évoquées par Nkunzimana figurent la non disponibilité des produits au niveau supérieur, le manque de moyens de transport, la non maîtrise des procédures par les gestionnaires des stocks, toutes choses qui participent au dysfonctionnement du système logistique de gestion des médicaments. Si l’étude menée par Nkunzimana nous a renseigné sur la disponibilité en MEG (70% en 1996) dans la commune de Kpomassè, elle nous a peu renseigné sur la capacité du système logistique à cette période à rendre disponible les médicaments [70]. On peut alors se demander aujourd’hui en plus de la disponibilité des médicaments quelle est la performance du système logistique ?
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