Cadre structural et évolution tectonique de la BKK
Les formations géologiques de la BKK (boutonnière de Kédougou-Kéniéba) sont affectées par plusieurs failles qui dans certains cas permettent de séparer différents ensembles litho-structuraux. Ainsi la limite entre le groupe de Mako à l’ouest et celui de Dialé-Daléma à l’est est tectonique et est représentée par la Main Transcurent Zone (MTZ). Celle-ci est un faisceau de failles orientées NE-SW. Cette orientation devient N-S au-delà de la Falémé. En plus de la MTZ, deux autres failles d’extension régionale affectent la BKK. Il s’agit de la faille Sénégalo-malienne (SMF) et la faille de Sabodala-Niénienko situées respectivement dans le groupe de Dialé-Daléma et le groupe de Mako. Le fonctionnement de ces zones de cisaillement majeur, à savoir la SMF et la MTZ, s’effectue durant un épisode métamorphique de faciès schiste vert. Il est synchrone à la mise en place, entre 2160Ma et 2105Ma (Dia A. et al 1997, in Dabo 2011), des granitoïdes dans le groupe de Mako et le groupe de Dialé-Daléma.
La tectonique éburnéenne qui affecte la BKK s’est déroulée en deux principales phases. La première phase D1 traduit un contexte tectonique superficiel marqué par une schistosité S0–S1, NE-SW à NS synchrone d’un métamorphisme schiste vert et qui apparaît parallèlement aux surfaces axiales des plis P1 (Ledru et al., 1989). Cette déformation D1 affecte uniquement, selon Ledru et al., (1989), les formations à dominante sédimentaire du birimien inférieur (groupe de Dialé-Daléma). Pour Bassot (1987) cette phase affecterait également les métavolcanites et les métasédiments du Supergroupe de Mako.
La deuxième phase D2 est trancurrente dans la BKK et elle est responsable des structures régionales verticales globalement orientées NE-SW. Elle est synchrone avec la mise en place des complexes granitiques et des structures profondes décrochantes sénestres. Dans l’ensemble sédimentaire, elle entraîne le plissement de la première schistosité sous forme d’une vaste antiforme d’orientation NE-SW, ayant une schistosité S2 comme plan axial.
Ainsi dans l’ensemble Daléma les schistes et conglomérats montrent à Kouroudiako, sur plusieurs kilomètres de coupe, une première schistosité replissée, caractérisée par un étirement NE-SW des galets et le boudinage d’horizons siliceux intercalés dans les calcaires.
Les métabasaltes
Ils affleurent dans plusieurs endroits du secteur particulièrement au sud-ouest et au nord-est. Ils ont une couleur verdâtre et peuvent être divisés selon leur aspect en deux groupes :
Les métabasaltes en pillows de taille décimétrique à métrique, séparés par un matériel inter-pillow. Cependant les pillows apparaissent souvent déformés . Le matériel inter-pillow, généralement peu abondant, est riche en chlorite, calcite et quartz (Ngom 1995).
Ces métabasaltes sont formés de microlithes de plagioclase et de minéraux de pyroxènes identifiables par leur éclat métallique au soleil. Ils présentent une texture microlithique. Selon Fall (2010) les métabasaltes en pillows montrent au microscope une texture microlithique porphyrique constituée essentiellement par des pyroxènes altérés et par des lattes de plagioclases épidotisés. Ces minéraux baignent dans une mésostase relativement abondante.
L’aspect en pillow et le caractère très peu vésiculaire de ces métabasaltes (Ngom1995), témoignent d’une mise en place relativement profonde.
les métabasaltes en coulées massives qui ne montrent aucune structure particulière. Ils affleurent surtout au sud-est de secteur où ils forment des collines.
Leur composition minéralogique est identique à celle des métabasaltes en pillows. Cependant les métabasaltes massifs sont souvent traversés par des filonnets de quartz qui s’anastomosent sur la roche témoignant ainsi d’un hydrothermalisme intense .
Les rhyolites et rhyodacites
Les rhyolites affleurent principalement aux alentours du village de Niéméniké, des deux côtés de la nationale . Elles se présentent sous forme de massifs débités en blocs polygonaux à cassure conchoïdale et de couleur noire à marron. La roche est piquetée de minéraux de quartz .
L’étude pétrographique réalisée par Diamé (2002) indique que la roche présente une texture microgenue porphyrique avec du quartz qui se présente en micro phénocristaux automorphes profondément corrodés par endroits par la matrice microgrenue.
La sanidine, souvent porphyrique, présente une macle nette qui disparait chez certaines sections avec l’apparition de séricite en fines paillettes.
Le plagioclase rare par rapport à la sanidine se présente en micro phénocristaux souvent piquetés de séricite. Les minéraux opaques assez nombreux dans la roche se trouvent souvent en inclusion dans les feldspaths.
La matrice microgrenue est essentiellement formée de cristaux de quartz finement cristallisés accompagnés de fines paillettes de séricite et des minéraux opaques. Les affleurements de rhyolites sont souvent en association avec des granites qui les recoupent par endroits. Au sud de Niéméniké les rhyolites sont nettement recoupées par un filon de pegmatite localement associé à des granites à muscovite.
Peu d’affleurements de rhyodacites ont été rencontrés dans le secteur d’étude. Elles sont en association avec des granodiorites. Elles affleurent sous forme de petits blocs de couleur plus marron que les rhyolites . La roche présente une texture microlithique porphyrique constituée de quartz et de plagioclase. Le quartz se présente en cristaux automorphes, groupés en amas poly cristallins avec des individus à section subarrondie montrant parfois des golfes de corrosion (Cissoko 2010).
Les métagabbros
Les affleurements de métagabbros (comme les métabasaltes qui leurs sont très souvent associés) se rencontrent principalement dans deux zones du secteur d’étude.
Dans la zone de soukourtou au nord-est de la RN7 où ils s’échelonnent le long d’une limite qu’ils partagent avec les granites et les granodiorites.
Près de la carrière de basalte à l’ouest du secteur. Selon Diène, ces métagabbros, de couleur verdâtre, présentent une variation latérale de faciès vers les métabasaltes marquée par des gabbros à grains grossier, moyen et fin. Ngom (1995) les considère comme les équivalents plutoniques des métabasaltes. La description pétrographique faite par Cissoko (2010) fait état d’une roche à texture grenue constituée de fins cristaux automorphes de clinopyroxènes en inclusion dans d’autres individus en phénocristaux parfois poecilitique sévèrement ouralitisés en amphibole secondaire d’aspect fibreux à section chloritisée. Les plagioclases en section tabulaire sont presque entièrement saussuritisés. Les minéraux opaques peu abondants sont en cristaux automorphes ou en fins trainées dans les espaces intercristallins.
Le complexe granitique de Niéméniké
Les granites : C’est le faciès le plus représenté dans le secteur de Sinkountou. Ces granites se localisent principalement au nord-est du secteur. On trouve beaucoup d’affleurements de granites qui se distribuent entre le la limite Est du secteur et la RN7 et se poursuivent jusqu’au niveau du village de Niéméniké. Ils se débitent en blocs polygonaux et sont très souvent associés aux granodiorites.
La roche est un granite alcalin de couleur rose comprenant un grenu et un faciès microgrenue tous constitués de quartz, de microcline, de plagioclase, d’amphibole, de muscovite et de minéraux opaques . Dans le faciès grenu, le quartz souvent xénomorphe présente une extinction ondulante. Le microcline généralement automorphe à subautomorphe présente des macles quadrillées. Le plagioclase peu abondant présente des sections tabulaires avec un contour plus ou moins régulier. Il est associé à de la calcite et à de l’épidote en réponse aux phénomènes de saussuritisation et d’épidotisation. L’amphibole est presque entièrement déstabilisée en minéraux secondaires associé à des minéraux opaques. La muscovite est présente sous forme de paillettes disséminées dans la roche.
Le faciès microgrenu est formé de porphyres de quartz, de plagioclase et de microcline dans une matrice constituée essentiellement de microcristaux de quartz et de feldspaths, de l’épidote et des minéraux opaques (Diamé 2002).
Au sud de Niéméniké les granites à muscovite associés à un filon de pegmatites recoupent les rhyolites. Les pegmatites sont formées de quartz, de méga cristaux de feldspaths potassiques, de baguettes de tourmaline et des paillettes argentées qui sont de la muscovite.
Un type particulier de granite affleure également au sud de Niéméniké près de la carrière de basalte et appelé pour cette raison granite de la carrière. C’est un affleurement orienté N-S d’environ 30métres de long sur une dizaine de mètres de large. Il s’agit d’un granite rose à deux micas : biotite et muscovite. La biotite est sous forme de feuillets et la muscovite se présente en paillettes de muscovite qui ressemblent à de « petits miroirs » en inclusion dans la roche. Il est affecté par plusieurs structures tectoniques dont nous parlerons dans la partie structurale. Les microgranites : Les microgranites ont une texture microgrenue constituée de quartz, de plagioclase et des reliques de minéraux ferromagnésiens associés à des minéraux opaques dans une matrice felsitique.
Le quartz se présente en cristaux automorphes généralement fracturés avec des individus à section pyramidale ou subarrondie montrant des golfes de corrosion.
Les plagioclases en phénocristaux trapus sont généralement regroupés en amas polycristallins avec des macles bien nettes. Certains individus sont transformés en quartz associé à de la calcite et de l’épidote en réponse aux phénomènes de saussuritisation et de séricitisation (Cissokho 2010). Les minéraux ferromagnésiens très peu abondants ne subsistent que sous forme d’amas de biotite, de chlorite, de calcite associés à des oxydes de fer. La matrice de nature felsitique est constituée de microlithes de plagioclase silicifiés et des microcristaux de quartz.
Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
Chapitre I : Cadre géographique et contexte géologique
I- Cadre géographique
I-1. Localisation
I.2 Géomorphologie
I.3 Hydrographie
I.4 Climat
I.5. Végétation
I.6. Population
II. Contexte géologique
II-1. Le craton Ouest Africain (COA)
III. Le Birimien au Sénégal oriental
III.1. La boutonnière de Kédougou-Kénièba (BKK)
Chapitre II : Etude Lithologique
I- Méthodologie
II- Lithologie
II-1. Les métabasaltes
II-2. Les rhyolites et rhyodacites
II-3. Les métagabbros
II-4 Les diorites
II-5. Les granitoïdes
Conclusion à l’étude lithologique
Chapitre III : Etude structurale
Introduction
I- Les structures cassantes
II- Les structures ductiles et semi-ductiles
II-1. Les structures ductiles
II-2. Les structures semi-ductiles
Conclusion à l’étude structurale
CONCLUSION GENERALE
PERSPECTIVES
Références Bibliographiques