ACTEURS LOCAUX ET DEVELOPPEMENT DECENTRALISE PARTICIPATIF
Le processus d’occupation de l’espace et organisation de la ville de Fatick
Le processus d’occupation de l’espace : Selon le document sur la Présentation de la Commune de Fatick (PCF) disponible à la municipalité, l’histoire de Fatick se confond avec celle du royaume du sine dont Diakhao situé à une quinzaine de kilomètres, était la capitale. Le peuplement de la contrée par les séréres venus du Fouta Toro remonterait au 12 ième et 13 Ième siècle, et serait antérieur à l’envahissement de la zone au 16ième siècle par les guerriers Mandingues venus du Gabou, dans l’actuelle Guinée Bissau. Fatick est lié au mythe de Val Pal Ndiaye. Ce dernier venu du Diolof, s’installa à un lieu dénommé juganem sur la rive droite du fleuve Sine. Contemporain du Bour sine Wagane à Massa, ce dernier lui accorda un droit de fait sur les terres d’une partie de l’actuelle commune de Fatick. Le village d’origine a été brûlé en 1859 par Pinet Laprade après la défaite du Bour. Fatick a joué un rôle important dans la vie du royaume du sine. En effet, elle sera la résidence du Djaraf Thiagoune Ndiaye, commandant de la zone allant de Fatick à Palmarin. Fatick a été aussi le lieu sacré du culte de Mindiss qui se déroulait régulièrement en présence du Bour sine, ce jusqu’à la conquête française de 1859. C’est à cette date, à la suite des combats du 25 mai 1859 sur l’actuel site du marché central, que l’emprise française sur le royaume fut effective. Alors, la localité de Fatick fut cédée en pleine souveraineté à la France en 1888. L’intérêt de Fatick aux yeux de l’administration coloniale résidait dans le fait que Fatick était une position stratégique. En effet, sa situation géographique idéale en faisant un port sur le bras de mer le sine, constituant ainsi une porte d’entrée pour une France dans le royaume, pour y asseoir solidement sa domination tant au plan économique que politico-militaire. C’est donc à partir de 1888 que l’Escale de Fatick commença à s’organiser comme un véritable centre commercial donc ce 22 Moussa Sow,« Acteurs locaux et développement décentralisé participatif dans la commune de Fatick » 2007-2008 dernier s’appuyait sur la production d’arachide avec la présence de quatre maisons de fleuve. A cette période, l’Escale comptait environ 1608 habitants répartis dans 3 quartiers indigènes (Ndiaye Ndiaye, Logandéme, Ndouck) et dans le quartier commercial appelé Escale. Les maisons commerciales tenues pour l’essentiel par des Européens, n’étaient que des succursales des comptoirs de Foundiougne. Le commerce qui a contribué à la promotion de divers métiers (manutention des arachides, commerce de bétail, artisanat), traitait déjà 3 à 4000 tonnes d’arachide qui sont évacuées vers Niam Diarokh à l’embouchure du Saloum. En 1891, la signature du traité de protectorat entre le Bour Sine Mbacké Ndiaye et la France et le transfert du poste du commandant Français de Niakhar à Fatick en 1898, ont été des étapes décisives dans la promotion des fonctions administratives, politiques et économiques de la cité de Fatick . Alors, fut construite la résidence du commandant français. Le rapprochement de l’autorité coloniale en vue de la protection des négociants européens, et la position de l’Escale sur le fleuve ont largement contribué au développement de la ville. C’est ainsi qu’une esquisse d’urbanisation et de modernisation fut lancée avec : L’ouverture d’un bureau de poste en 1903 ; – L’ouverture d’une école primaire élémentaire en 1908 sur le site de l’ancienne brigade de la gendarmerie ; La création d’un dispensaire ; La création d’un dispensaire dans l’enceinte de la résidence du commandant ; – La réalisation en 1911 du 1′ lotissement. Puis, successivement, des mesures législatives et juridico-politiques vont marquer l’évolution de l’organisation et le mode de gestion de la nouvelle ville, notamment : L’arrêté du 31 décembre 1917 du gouverneur général de l’A.O.F créant la commune mixte de Fatick en même temps que Foundiougne, Kaolack et Gossas. Fatick maintiendra ce statut jusqu’en 1957 ; -Le décret du 7 août 1957 érigea Fatick de moyen exercice ; -La ville accède au statut de commune de plein exercice en février 1960 avec l’élection d’un conseil municipal au suffrage universel ; 23 Moussa Sow,« Acteurs locaux et développement décentralisé participatif dans la commune de Fatick » 2007-2008 – En 1984, avec la création de la région de Fatick l’érection de la ville en chef-lieu de région, Fatick devient une commune à statut spécial à l’instar des autres capitales régionales du pays ; -A partir de 1990, la commune retrouve le statut de droit commun avec la suppression du statut spécial.
Organisation de la ville
Officiellement, la commune de Fatick compte 08 quartiers car le neuvième(Poukham) n’est qu’un villàge satellite, et en plus, il est situé dans la communauté rurale de Niakhar. La présentation des quartiers selon le rapport d’audit de l’Agence de Développement Municipal est la suivante : Le quartier Escale : il est le noyau originel de la ville. Le premier lotissement en damier a été réalisé en 1911. Le quartier couvre une superficie de 65,2ha dont 23,2ha pour l’habitat, 31,4ha pour la voirie et les espaces libres et 11,6ha pour les équipements. Il a une faible densité de population qui s’explique par la présence de plus de 3/5 des équipements de la ville. Le quartier Ndouck : il fait partie du noyau originel et traditionnel de la ville. Il constitue en fait le prolongement du quartier Escale vers le nord. Son extension ne peut se faire que vers la zone de Saigon. Moyennement équipé par rapport à Escale, il couvre une superficie de 93,7ha dont 4,1ha occupés par les équipements, 33,5ha par l’habitat et 56,6ha par la voirie et les espaces libres. 24 ur• 1 -.• •–. qp• if. 0 el .1 X 4 1.- s é *I 1.0 TY CI) w ’31 gl Fi te am • m… ,_ e8 8.1 4 1. …. z* 25 Moussa Sow,« Acteurs locaux et développement décentralisé participatif dans la commune de Fatick » 2007-2008 Moussa Sow,« Acteurs locaux et développement décentralisé participatif dans la commune de Fatick » 2007-2008 Le quartier Logandéme : l’évolution spatiale de ce quartier traditionnel peut être considérée comme définitive. C’est le prolongement de l’Escale vers l’ouest. Sa superficie est de 30,4ha et il est occupé par l’habitat (14,8ha), par les équipements (1,2ha) et par la voirie et les espaces libres (14,4ha). Il présente la plus forte densité de population à cause de son ancienneté, de son sous-équipement et de l’occupation intégrale de son périmètre. Le quartier Ndiaye Ndiaye I : il est constitué d’un tissu ancien et de son extension réalisée dans le lotissement de Fatick 1. Son évolution est bloquée au sud par les tannes et est compromise au sud-ouest par les vergers et la présence de sources d’eau douce. Sa superficie de 51,5ha est occupée par l’habitat 25,6ha, les équipements (0,9ha), la voirie et les espaces libres (25ha). Le quartier de Ndiaye Ndiaye II : quartier traditionnel dont la seule possibilité d’extension au sud est bloquée par les tannes, il couvre une superficie de 24.1 ha. C’est un quartier-dortoir (habitat 9.1 ha) et sous (équipement : 0.9 ha). Le quartier Peulgha : sa partie ancienne constitue l’extension de Ndouck et de Longandéme, la zone récente est en cours d’occupation. Le quartier connaît des problèmes d’inondation durant la saison des pluies. Ses limites considérées comme définitives, sa superficie est de 82.3 ha dont 4,4ha d’équipements déjà réalisés. Le quartier Daral : il constitue la zone d’extension naturelle actuelle et future de la ville. Dans sa configuration actuelle, son tissu urbain n’est encore bien défini. Les limites esquissées donnent une superficie de 78,8ha dont 2,4ha d’équipements déjà réalisés. Le quartier Darou Salam : il présente les mêmes similitudes que le quartier Daral. L’esquisse de son périmètre donne une superficie de l’ordre de 198ha. Il devra abriter le second pôle d’équipements de la ville dont 10,4ha sont déjà occupés. 26 Moussa Sow,« Acteurs locaux et développement décentralisé participatif dans la commune de Fatick » 2007-2008 Chapitre 3 : Les caractéristiques de la commune :
– L’aménagement urbain
analyse de l’espace : Le périmètre communal défini par le décret de février 1960 couvrait une superficie de 1582ha environ. Les extensions qui ont marqué l’évolution de la ville ont poussé les autorités municipales à repousser les frontières de la commune qui atteint actuellement une superficie de 9000ha. La commune est située au centre-ouest du Sénégal, à 30km des îles du Saloum et à 60km de la station balnéaire de Mbour-Saly Portugal. Bâtie sur les bords du Sine (bras de mer qui lui a donné son nom), la ville se trouve sur la route nationale N°1 à 150km à l’Est de Dakar, 40km de l’Ouest de Kaolack et 60km au Nord de la Gambie. La sécheresse chronique et la salinité des eaux de surface ont vu les zones marécageuses asséchées être remplacées par des sols salés ou tannes. La structure urbaine de Fatick est caractérisée par son manque d’homogénéité. L’absence de cohérence avec le Schéma de Développement et d’Aménagement Urbain (SDAU) de 1974 ; montre un tissu urbain à faible densité. La ville compte 08 quartiers officiels et peut être divisée en 03 parties : – villages très anciens regroupant les quartiers de Ndiaye Ndiaye I et II, Escale, Logandéme et Ndouck ; – les lotissements les plus récents (1992) : Peulgha, Daral et Darou Salam ; – les lotissements inoccupés. L’occupation de l’espace est lui-même disparate. C’est ainsi que les zones périphériques donnent l’impression d’un aménagement mi-urbain, mi-rural avec l’existence de grands vides à l’intérieur du tissu urbain des quartiers. La ville présente un plan en damiers avec de grands boulevards qui mènent vers le centre-ville, dans le quartier Escale. La commune de Fatick exerce une faible polarisation pour les communautés environnantes qui sont plutôt tournées vers Kaolack (enseignement, santé, services, commerce, écoulement des produits agricoles…). Les paysages urbains de cette commune sont marqués par un habitat peu dense dans un environnement de savane, de mangrove et de tannes sur les berges du Sine. Les conditions géographiques sont favorables à différentes activités économiques : agriculture, élevage, arboriculture, pêche et l’extraction de sel qui est la principale source de revenus de la commune.
Les caractéristiques démographiques
La population de Fatick est faible par rapport à son statut de capitale régionale. Sa population est passée de 18 416 habitants au Recensement Général de la Population et de l’Habitat de 1988 à 23 149 habitants celui de 2002, soit une augmentation 4 433 habitants en 14 ans. La population de la commune de Fatick est estimée en 2003 à 45000, et est composée majoritairement de Sérères, Wolofs et Peulhs. Le tableau ci-dessous permet de suivre l’évolution de la population de la ville. De 7190 habitants en 1961, la population de la ville de Fatick est passée à 34 112 habitants en 1998. Ce qui consacre à la population un taux tendanciel moyen estimé à 5.4%. En 40 ans la population de la commune a triplé 2 fois de suite.
Avant-propos |