ACTEURS ET DEVELOPPEMENT LOCAL
L’élevage
De type extensif avec un système de gestion traditionnel, l’élevage constitue, après, l’agriculture la seconde activité économique de la CR (95% de la population active). En effet, malgré toutes les apparences, tous les agriculteurs sont des éleveurs. C’est pourquoi on les appelle des agro pasteurs. Ceci est possible grâce à la parfaite complémentarité entre les deux activités. L’importance de l’élevage (40125 têtes selon l’enquête réalisée en Juin 2007) dans la C.R s’explique par l’utilisation des animaux dans les travaux champêtres comme source d’énergie (traction et transport) et élément de fertilisation de la terre (fumier de cheval et bouse de vache par exemple) et source d’alimentation (consommation de viande et du lait) mais aussi moyen de satisfaction de besoins financiers (commercialisation du bétail). Dans la CR de Diarrère, l’élevage constitue un véritable moyen de thésaurisation. Il est composé de différentes branches.
Les différents types d’élevage dans la CR de Diarrère
La transhumance
Dans la C.R de Diarrére, la transhumance concerne en général les troupeaux de plus de vingt têtes. Elle consiste à quitter le village pendant la période de Cooroon pour d’autres cieux pour ne revenir qu’après les récoltes afin de pratiquer la vaine pâture. Elle est assez développée dans la C.R (35% des éleveurs) à cause du manque de pâturage. Ce type d’élevage a un caractère spécial dans la société sérer. En effet, il emploie une main d’œuvre assez importante : plus de cinq personnes en général. Ils s’occupent en plus des bovins, des ovins caprins, d’une part, et d’autre part, des équins qui assurent le transport des bagages.
L’embouche
Elle consiste à nourrir le bétail qu’on destine à la vente durant une période variable. Ce type d’élevage concerne le plus souvent la race bovine. Mais aussi de plus en plus celle des ovins commercialisés durant la fête de la Tabaski. L’embouche est aussi le fait des personnes qui ont les moyens financiers pour pouvoir acheter les intrants destinés à l’entretien du bétail (médicaments nourriture etc.). Ceci explique sa faiblesse dans la C.R (22,5% des éleveurs).
Le petit élevage
Etant surtout le fait des femmes, le petit élevage concerne généralement la volaille et les porcins et dans une moindre mesure les caprins. Il est pratiqué souvent pour la satisfaction des besoins moindres. Il est très développé au niveau de la C.R (42,5%) du fait de son accessibilité presque à tout le monde. Tableau n° 07 : les différentes composantes du cheptel de la C.R espèces Bovins Ovins/Caprins Equins/Azins Porcins Total nombre 15705 18479 3282 2659 40125 Source : S THIAW : CADEL de Tattaguine : Mars 2005
Les infrastructures agro pastorales
En terme d’infrastructures agro pastorales, la C.R dispose de quatre (04) parcs à vaccination, quatre (04) abreuvoirs fonctionnels sur huit (08), une (01) fourrière communautaire , deux cent douze (212) puits villageois fonctionnels et cent vingt neuf mares (129). Ici, le constat est la faiblesse du nombre des équipements pour un cheptel de plus 40000 têtes.
Les problèmes de l’élevage
L’élevage est confronté à d’innombrables difficultés qui commencent à avoir des conséquences négatives sur l’économie locale. Parmi ces difficultés on a : -les difficultés d’alimentation du bétail : elles constituent la plaie de l’élevage de la C.R. Elles sont liées à la réduction des pâturages et des parcours du bétail causée par l’avancée croissante et désordonnée de l’agriculture dans les zones de pâture, à l’accroissement du cheptel et à l’accès difficile aux intrants industriels. -les difficultés d’abreuvement constituent aussi un mal de l’élevage. Elles sont liées au tarissement rapide des points d’eau. De plus non seulement les abreuvoirs sont insuffisants, mais on note leur mauvaise répartition dans l’espace. Ces deux difficultés majeures sont la cause principale de la transhumance chez les agro pasteurs sérer. -il y a aussi une forte mortalité du bétail causée par l’insuffisance de la prévention médicale et du suivi vétérinaire. On note un seul agent vétérinaire pour l’ensemble de l’Arrondissement ;
Le secteur secondaire
Il n’est pas aussi important que le secteur primaire du point de vue économique et social. Autrement dit, il n’est pas très bien développé au niveau de la Communauté Rurale de Diarrére. Il est composé de deux branches.
L’artisanat
C’est une activité très peu développée au niveau de la C.R pratiquée seulement par 2% de la population active. L’artisanat est le fait surtout des gens de métiers dont presque chaque caste est soumise à une occupation bien déterminée. Ainsi, nous avons les forgerons qui s’occupent de l’activité de la forge, plus particulièrement la fabrication des outils agricoles, les hilaires surtout, et la réparation des machines agricoles. Ainsi, pendant la période des pluies, les forgerons sont très sollicités pour l’entretien et la réparation des outils agricoles. Les activités de la forge constituent par ailleurs le domaine le plus vital de l’artisanat. La poterie est, quant à elle, le fait des griots qui fabriquent des canaris pour les autres classes sociales. Il faut noter que l’artisanat local concerne plus particulièrement les prestations de service ayant trait au bricolage et non à la production. Récolte des plantes (engrènement du mil, abattage et mise en meule de l’arachide). En plus des activités artisanales, d’autres corps du métier émergent et concernent essentiellement la maçonnerie, la mécanique, la menuiserie, la couture, la cordonnerie etc. Toutefois, au niveau de la C.R, l’artisanat baigne dans un océan de difficultés. La totalité des artisans interrogés soutiennent ne pas avoir des relations avec le conseil rural. Entre autres difficultés citées par les artisans on a : – la non considération de leur activité par les élus locaux ; un difficile accès à la matière première et au crédit ainsi que le manque d’encadrement par la chambre des métiers. 42 D’autre part, les élus locaux accusent de leur coté les artisans d’être mal organisés et de ne pas s’acquitter de leur patente et taxe.
L’exploitation du sable dans la CR de Diarrère
Au niveau de la C.R de Diarrére, on note la présence d’une carrière de sable dont la qualité répond, selon le service régional des mines et de la géologie de Fatick (S.R.M.G), aux normes de construction (carrière de Nguindim). Il existe aussi d’autres carrières dans les différents villages de la C.R et qui échappent souvent aux contrôles des agents de la C.R. L’exploitation des carrières même celle de la principale, n’est pas bénéfique à la C.R. En effet, cette exploitation n’est soumise à aucune autorisation du conseil rural et en plus, il y a le manque de coordination entre le conseil rural et le S.R.M.G de Fatick qui délivre les autorisations pour l’extraction du sable. De cette exploitation donc, la C.R ne tire aucune ressource financière ne serait ce que le droit de stationnement payé par les camions. Cependant, selon le conseil rural, le nouveau service des mines mène des actions qui visent à réglementer l’exploitation des carrières de sable. C’est ainsi que de nouvelles mesures sont arrêtées par le S.R.M.G à savoir le paiement d’une taxe de 800f pour toute personne enlevant du sable au niveau de la carrière. A noter aussi que la carrière de Nguindim est celle qui est la plus sollicitée au niveau du département.
Le secteur tertiaire
Le secteur tertiaire constitue un maillon important dans une économie qui se veut durable. Vu son importance à tous les plans, le secteur tertiaire peut être considéré comme un levier pour le développement socio économique. Il est toutefois constitué de plusieurs composantes.
Transport et communication
Les transports et communications reste dans un état peu avancé dans la C.R. Exceptée la piste latéritique Keur Martin – Diohine longue de 20km , le réseau routier est inexistant dans la Communauté Rurale. Ainsi, le village de Diarrére, chef lieu de la C.R, n’est relié 43 au chef lieu d’Arrondissement et aux autres collectivités locales limitrophes que par des pistes sablonneuses. Ces dernières deviennent impraticables pendant l’hivernage ce qui entraîne un problème de circulation des biens et personnes. La situation démontre l’enclavement voire l’isolement de la C.R par rapport aux autres institutions locales départementales et régionales. En plus, au niveau de la C.R de Diarrére, les principaux moyens de transport restent dominés en grande partie par la charrette pour 63,75% des ménages contre 35,63% pour la marche et 0,62% pour l’automobile. Par ailleurs, on peut noter la présence des taxi clando qui font la navette entre Keur Martin – Diohine – Toucar au niveau de la zone de Diohine. Tableau n°08 : Les moyens de transport utilisés au niveau de la C.R Type de moyen de transport Charrette La marche Automobile Totaux Valeur des moyens de transport V.A V.R V.A V.R V.A V.R V.A V.R 102 63,75% 57 35,63% 1 0,62% 160 100 % Source : S THIAW : enquête sur le terrain : juin 2007 VA : valeur absolue VR : valeur relative
Le Commerce
Le commerce est peu développé dans la collectivité locale (5% de la population active) malgré l’existence de deux marchés hebdomadaires qui ont lieu respectivement le 44 samedi à Diarrère et le dimanche à Diohine .Les différents marchés sont caractérisés par un faible taux de fréquentation, surtout celui de Diarrère qui ressemble plus, à une réunion sous l’arbre à palabre qu’à un marché. Cette situation est favorisée par le manque d’infrastructures routières permettant un véritable désenclavement de la collectivité locale. Les principaux produits vendus au niveau de ces marchés communautaires proviennent essentiellement de l’agriculture et de l’élevage. Le commerce est également soutenu par les activités des groupements féminins de la communauté rurale de Diarrère. Concernant les maux dont souffre le commerce dans la C.R, les questions de l’insuffisance des souks au niveau des marchés et celle de l’absence des structures bien organisées qui les gèrent, sont souvent soulevées par les populations. D’autre part, l’administration locale tout en reconnaissant l’existence des problèmes précités, taxe les commerçants d’être mal organisés et ne visent que leurs propres intérêts. Ils refusent, dit- elle, de payer la patente et les autres taxes qui leurs incombent. Conclusion partielle La CR de Diarrère présente des conditions dont certaines sont défavorables au développement des activités économiques. Le secteur primaire qui domine l’économie est frappé par l’appauvrissement et la salinisation des sols, la désertification et l’irrégularité des pluies. Le secteur secondaire n’est pas développé malgré la faible existence d’ateliers mécaniques. Le secteur tertiaire quant à lui est frappé par l’absence d’espaces d’échanges dynamiques et d’infrastructures routières. Tableau n°09 : population active de la CR de Diarrère Activité agro pastoralisme Artisanat commerce Nombre de pratiquants 95% 2% 5% Source CADEL de Tattaguine : Mars 2005 45 Conclusion partielle La situation des secteurs d’activité a des répercutions négatives sur les populations. En effet, ces dernières dont la moitié est essentiellement composée de jeune souffrent de la faiblesse de ses revenus. Pour contourner ces difficultés, les locaux ont opté pour l’émigration. Néanmoins, on assiste actuellement à la formation progressive de groupe de personnes, appuyés par le Conseil Rural, décidés à s’investir dans les domaines sociaux comme la santé et l’action sociale, l’éducation, la culture, les sports, l’habitat ainsi qu’à d’autres domaines tels l’environnement et les ressources naturelles afin d’améliorer les conditions de vie dans la CR Toutefois, la réussite de leurs actions dépend largement de l’intervention d’autres acteurs tels que : l’Etat, via ses services déconcentrés (le Sous Préfet et le CADEL) et les ONG etc.
Introduction générale |