Les ressource en or
La prospection aurifère est très ancienne au Sénégal oriental. En 1960, le BRGM a systématiquement repris la prospection alluvionnaire qui a été dirigé par GRAVESTEIN dans le secteur de la Falémé. Pendant sa campagne de prospection (1961) dans la zone aurifère de Kossanto située à 2,5km au Nord-Ouest de ce village, WITSCHARD signale que les deux zones minéralisées qui étaient exploitées de façon artisanale par les indigènes, sont localisées à proximité d’un filon de microgranite au centre d’une virgation importante de schistes birimiens.
Dans le plan minéral du Sénégal, des informations intéressantes ont été relevées à différents secteurs qui avaient fait l’Object d’exploitation artisanale au Sénégal oriental. A Margou, de petites exploitations artisanales existaient au Km 4,3 de la piste de Daloto, sur 4000m² à l’W-NW et 500m² au SE. On extrayait l’or du quartz avec des puits peu profonds. Les teneurs obtenues variaient entre 0,2 à 24,6g/t Au et jusqu’à 6,5g/t Ag.
Cet indice correspondait à une zone de quartz aurifère sous forme de filonnet dans des schistes à 1,5Km à l’Ouest du village (13° 15′Long N, 11° 49′Lat. E).
Dans le secteur de Kékokoto il s’agissait d’une zone d’exploitation de 1500 à 2000m² où l’on exploitait le quartz en petit puits espacés de 2 à 5m. Les débris de quartz issus des déblais d’exploitation ont donné des teneurs de 0,1 à 3,1g/t Au et 0,8 à 1,4g/t Ag.
A Bokhodi, une exploitation artisanale à l’Ouest du village (13° 14′Lat. N 11° 44′Long W) qui s’étendait sur 2000m² environ portait sur des schistes altérés à filonnet de quartz de direction variant de 60 à 360°. Au NW de l’embranchement des pistes Daloto-Saiensoutou et Moura-Daloto (11° 41′Long W, 13° 17′ Lat. N), un échantillon de 20kg d’une zone quartzeuse de 50m de long et 2-3m de large a donné des teneurs de 0.2g/t Au et 3,6g/t Ag.
A Dembala Berola, l’indice situé à 48km au SE du village (13° 16′ Lat. N, et 11° 43′ Long. W) est un filon de 100m environ de long et 4m de large orienté N80 dans un encaissant de schistes à séricite. Des teneurs de 0,1 à 1,2g/t Au et 0,1 à 3,2g/t Ag étaient obtenues sur 30 échantillons d’alluvions. WALTER et CHANTRAINES (1973-1974) expliquent que les anomalies du cuivre et de l’or de la série de la Daléma sont, pour la plupart, liées aux axes ferrifères de la région. Ils notent cependant une zone particulièrement riche en or qui est celle des mont Karakaene. En revanche, ils soulignent de faibles teneurs en or avec concentration des filonnets ou amygdales de quartz, suite à des travaux de tranchée entrepris dans leur champ de dykes de Kératophyres riches en pyrite.
La géologie du permis
Le permis Dembala Bérola est situé dans la série sédimentaire du Dialé, sa partie occidentale s’étend sur la zone de contact entre la série de Mako et celle de Dialé. Ce groupe est situé entre deux grandes zones de déformations notamment l’accident sénégalo-malien à l’est et la MTZ (Main Transcurrent Shear Zone) à l’ouest.
La MTZ de direction NE-SW subit vers le nord une rotation et emprunte la direction NW-SE du fait de la Faille Sénégalo-Malienne (Milési et al, 1989).
L’accident sénégalo-malien, située tout à l’est sur la frontière avec le Mali, dans les méandres de la Falémé est un couloir de faille (Delor et al., 2010a et 2010b).
Dans ce permis où est localisé notre secteur d’étude, les géologues de SAMAX RESOURCES LIMITÉD avaient mis en évidence de 1996 à 1999 trois principales unités : Une unité volcanogène; Des formations sédimentaires typiques; Et une unité de tufs felsiques.
Ils ont également mis en évidence grâce a la géophysique (aéromagnetique) plusieurs structures majeures : Des failles cisaillantes NNE; Des failles NE, des zones de cisaillements localisées et des veines de quartz en escalier.
Au cours des années 2007, 2008 et 2009 SMC (Sabodala Mining Compagny) a entrepris d’importants travaux parmi lesquels on peut noter la cartographie géologique détaillée et régolitique qui a permis aux géologues de SMC d’identifier quelques faciès sur un terrain généralement couvert par des alluvions, des colluvions et de la latérite. Les unités géologiques sont constituées de sédiments détritiques fortement oxydées.
Les roches sédimentaires
Les roches sédimentaires du secteur sont représentées par des quartzites, des schistes pélitiques, siltites et des grauwackes.
Les quartzites : Les quartzites affleurent au sud du prospect. Ce sont de petits affleurements. Ils sont claires et d’aspect tachetés en rouge. Ces tâches sont probablement le résultat d’une oxydation. Ce sont des roches siliceuses, leur cassure est conchoïdale lisse ou finement esquilleuse. Ces quartzites sont constitués de cristaux de quartz intimement liés, dentelé ou engrenés.
Les roches argileuses(les siltites et les schistes pélitiques) : Les siltites sont pratiquement présentes dans tout le secteur. Ce sont des roches détritiques à grains fins invisibles à l’œil nu. Elles proviennent de la compaction et de l’endurcissement des limons. Dans certaines parties du secteur ces roches ont subi un plissement et sont désignées par le nom schiste pélitique. Ces schistes pélitiques sont présents à l’ouest, au sud et à l’est où leur proportion est plus importante. Ces roches ont subi une schistosité. La schistosité de la roche a la même direction que l’orientation de l’affleurement. Elles forment de la pâte en présence d’eau. Ce sont schistes argileux issus de la consolidation des dépôts de minéraux argileux dont les plus communs sont l’illite, la montmorillonite et la kaolinite. Elles sont caractérisées par un débit facile en feuillets dû à une orientation des cristaux parallèlement au plan de clivage.
Les grauwackes : Les grauwackes sont présentes au nord mais également au sud-ouest du secteur. Ce sont des roches à l’origine riches en silice (grés quartzeux) ayant subi une altération. Ils sont généralement verdâtres mais peuvent prendre d’autres teintes notamment sombres. Ils sont constituées de quartz et de plagioclase visible à l’œil nu. Ils sont recoupés par des veines et veinules de quartz (rapport de SMC ; Dembala Berola2010). Au microscope on peut observer dans un ciment pélitique, des grains esquilleux ou très rarement arrondis où l’on distingue le quartz présentant quelques golfes de corrosion, plagioclases amphiboles, microcline, épidote et assez rarement de petits fragments de roches (BASSOT, 1966).
Les roches magmatiques
A côté des formations sédimentaires, des roches magmatiques constituées par des basaltes, des gabbros, et des granodiorites ont également été cartographiées.
Les métabasaltes : Ils ont été cartographiés au nord, au centre mais également au sud du secteur. L’affleurement localisé au nord, est situé à côté d’un gabbro dont le contact entre les deux roches n’a pas été noté. Les basaltes sont des roches magmatiques dont la composition chimique est très voisine de celle des gabbros. Ils sont de couleur noir. La texture est microlitique. La roche est caractérisée par la présence de veinules remplis de cristallisation de quartz et une minéralisation pyriteuse. La pyrite est également disséminée dans la roche hors des veinules. Dans certains cas la roche a subit une chloritisation. Ce basalte a donc subi un métamorphisme de faible pression ayant favorisé la formation de la chlorite donnant à la roche un aspect verdâtre.
Les gabbros : Les gabbros ont été rencontré au nord et sud du secteur. Ils affleurent sous forme de boules métriques qui s’alignent sous forme de dykes. La roche est sombre. Sa texture est grenue. Les minéraux ferromagnésiens et les plagioclases qui la composent sont de taille sensiblement égale.
Les granodiorites : Rencontrée à coté de la piste Sékoto-Torokhoto, l’affleurement est également rencontré au sud du secteur en contact avec un basalte. La granodiorite est gris claire, sa texture est grenue. C’est une roche intermédiaire constituée de grains de quartz et des plagioclases qui constituent le minéral le plus important, un feldspath potassique et des minéraux allongés de couleur verte (amphiboles). Le contact entre les granodiorites et les basaltes observés vers le sud connaît des modifications texturales à quelques cm du matériel basique. La roche perd sa couleur initiale et devient de plus en plus sombre et s’appauvrit également en phénocristaux à l’interface. C’est une auréole métamorphisme due au transfert de chaleur et à la cuisson de la roche encaissante sur les zones de contact. Elle est constituée d’une roche dure et cassante qu’on nomme une cornéenne.
Le sondage RC
Méthodologie : Plusieurs types de sondage (forage) ont été effectués dans le secteur, mais celui qui fait l’objet de notre étude est le sondage à circulation inverse (RC).
La circulation inversée (RC) de forage utilise un tube de forage à double paroi (tige) avec une mèche solide pour produire un trou dans une formation et fournit des débris de roche à la surface pour une analyse ultérieure. Le mécanisme de forage est un piston pneumatique à mouvement alternatif (marteau) au volant d’une grenaille de tungstène-foret d’acier et d’un compresseur pour faire sauter les débris, créés par l’opération de forage, à la surface.
C’est une technique de sondage qui, comme le sondage RAB, donne des fragments de roches. Mais il se différencie du RAB par son double tubage qui fait que les échantillons sortent par la paroi protégée par le deuxième tube. Les fragments sortent donc par une circulation inverse d’où son nom et avec moins de contamination.
Ce qui constitue un avantage par rapport au RAB avec une capacité de pénétration plus grande. L’échantillonnage se fait par un intervalle d’un mètre. Ainsi on recueille l’échantillon qui sort par le cyclone dans un sac en plastique puis on le fait passer dans un séparateur.
Le séparateur comprend un à deux niveaux. En effet, l’échantillon est divisé en quatre parties dont un des quarts est divisé au deuxième niveau pour parvenir à deux Kg. Cette partie sera récupérée dans un calicot étiqueté d’un marqueur d’encre permanent pour les besoins d’analyse au labo. Le reste de l’échantillon est récupéré à nouveau dans le sac en plastique. On en recueille une quantité suffisante qui doit être lavée et mise dans des chips box numérotés suivant un ordre crescendo. Ce qui permettra au géologue de faire un log avec l’inventaire des faciès, éventuellement déceler les veines de quartz et les sulfures, donner la régolite et faire une appréciation sur la couleur et l’altération. Sur la base de ces données faites pour chaque mètre de sondage jusqu’à 200m, on dresse un log géologique avec des coordonnées en UTM, élévation et fin du trou.
Le séparateur est nettoyé après chaque passage d’un échantillon alors que le cyclone est nettoyé à chaque changement de tige. L’étiquette du sac en plastique comprend un indice du permis, du type de sondage, le numéro du trou et l’intervalle de mètre. Celui du calicot comprend un indice du permis, un indice du type de sondage et le numéro de l’échantillon. Un carnet de métrage portant le numéro des échantillons par mètre est régulièrement contrôlé pour se rassurer de la correspondance de la profondeur avec le numéro du calicot.
Dans le secteur que nous avons étudié les sondages sont effectués jusqu’à 200m de profondeur. Les coordonnées théoriques permettent de placer la foreuse. Celle-ci est orientée suivant un azimut de N120 et un pendage de -55°.
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: CADRE GEOGRAPHIQUE ET CONTEXTE GEOLOGIQUE
CHAPITRE I : CADRE GEOGRAPHIQUE
I.1LOCALISATION DU PERMIS
I.2 RELIEF, CLIMAT, FAUNE ET VEGETATION
I.3 LA POPULATION
CHAPITRE II : CONTEXTE GEOLOGIQUE
II.1 LE CRATON OUEST-AFRICAIN
II.2 LE BIRIMIEN
II.3 LES FORMATIONS BIRIMIENNES DE LA BOUTONNIERE DE KEDOUGOU-KENIEBA
II.4 LES RESSOURCE EN OR
II.5 LA GEOLOGIE DU PERMIS
DEUXIEME PARTIE: ETUDE LITHOSTRUCTURALE DE LA PARTIE SEPTENTRIONALE DU PROSPECT DE TOUROKHOTO
CHAPITRE I : LA CARTOGRAPHIE DU SECTEUR NORD DU PROSPECT DE TOUROKHOTO
INTRODUCTION
I- ETUDE LITHOLOGIQUE ET PETROGRAPHIQUE
I-1 ETUDE LITHOLOGIQUE ET PETROGRAPHIQUE
I.1.1 LES ROCHES SEDIMENTAIRES
I.1.2 LES ROCHES MAGMATIQUES
I.1.2.1 LES METABASALTES
I.1.2.3 LES GRANODIORITES
II. LES STRUCTURES TECTONIQUES
CHAPITRE II : LE SONDAGE RC
I- METHODOLOGIE
II. RESULTATS
II.1 LITHOLOGIE ET PETROGRAPHIE
II.2. LES STRUCTURES TECTONIQUES
II.3. LES ALTERATIONS HYDROTHERMALES
INTRODUCTION
II.3.1. L’ALBITISATION
II.3.2. LA CHLORITISATION
II.3.3. LA SILICIFICATION
III- CONCLUSION PARTIELLE
CHAPITRE III : SYNTHESE ET CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES