Contexte général de l’élevage bovin laitier

Contexte général de l’élevage bovin laitier

L’élevage bovin laitier à la Réunion, sous sa forme actuelle, est une activité récente. C’est, en effet, au début des années 70 qu’émergent publiquement les préoccupations relatives aux filières bovines dans un but d’aménagement du territoire. Il s’agissait notamment de freiner l’exode rural, particulièrement prononcé dans les Hauts de l’île suite à la crise du géranium, mais également d’améliorer l’auto- approvisionnement du marché local. Abondée par des fonds régionaux mais également européens, une politique de développement a été ainsi mise en place à partir de 1972 dont les principales actions sont la réforme foncière sur les Hauts de l’île, l’installation et le développement d’ateliers spécialisés, la création et le renforcement de structures d’appui technique, la garantie de prix «raisonnables et encourageants », etc. Cette politique dont l’ambition primordiale est le maintien d’une activité dans les Hauts à travers l’augmentation du cheptel et l’amélioration constante de la productivité est perçue aujourd’hui, dans le monde agricole, comme une grande réussite même si la majeure partie de la consommation reste couverte par les importations. Elle a permis, sur une période relativement courte, une augmentation remarquable du troupeau laitier, qui, à ce jour, atteint un effectif de près de 4140 têtes, réparties dans 148 exploitations, et une amélioration sans cesse croissante de la production laitière qui atteint, en 2001, près de 21,4 millions de litres (Sicalait, 2001).

Les soutiens spécifiques qui ont été accordés à ces secteurs ne sont toutefois pas acquis définitivement. Les éleveurs devront à moyen terme répondre à des injonctions contradictoires provenant des bailleurs de fonds (Europe, Etat et Région) mais également de la société, même si la Réunion bénéficie encore, pour un certain temps, de clauses dérogatoires liées à sa situation géographique ultra-périphérique. Ces injonctions visent essentiellement une plus grande «autonomie» financière des exploitations, une amélioration de l’auto-approvisionnement de l’île dont le marché est très déficitaire et en expansion soutenue (la production ne couvre que 20% de la consommation locale en produits laitiers) et une participation accrue à la création d’emploi agricole et à la protection de l’environnement et des ressources naturelles. Ces 2 derniers aspects sont particulièrement sensibles dans une île où le taux de chômage atteint 37% et où un accroissement des chargements et des effluents peuvent entrer en contradiction avec un autre pôle de développement économique : le tourisme. A ces injonctions s’ajoute le problème du foncier qui est devenu un objet de conflit permanent entre l’urbanisation, le tourisme (avec la perspective de la mise en place d’un parc national) et l’agriculture, mais aussi entre les différentes filières agricoles utilisatrices d’espace (lait, viande, canne à sucre).

Cette conjonction d’évènements induit, chez les professionnels de l’élevage laitier une grande inquiétude sur l’avenir de leur filière. Ces inquiétudes se situent en grande partie au niveau des exploitations agricoles : dans quelles conditions une exploitation laitière peut être viable ? Quels sont les choix techniques qui peuvent être faits ? Comment accroître la productivité, assurer la viabilité et la Le présent travail s’inscrit dans cette problématique. L’idée est, en s’appuyant sur une approche pluridisciplinaire et une vision globale de l’exploitation, d’apporter des éléments de réponse à ces interrogations par la mise au point d’un outil de suivi et d’aide à la conception collective. Les objectifs sont 1) comprendre la façon dont les éleveurs font leurs choix, le type de critères et de langage qu’ils utilisent et surtout les modèles de gestion et d’action pratiqués 2) identifier les déterminants clés et le degré de flexibilité des systèmes de production existants 3) anticiper les transformations des systèmes productifs et des modes de gestion dans leurs différentes composantes (technique, économique, organisationnelle, sociale,…) face à des changements probables d’environnement (les systèmes d’aides et des prix) 4) conduire à une appropriation et un usage de l’outil par ses utilisateurs futurs (chercheurs, techniciens, décideurs…)

construire un modèle agrégé régional qui nous permette grâce à ses aspects heuristiques et prospectif de porter un regard sur l’évolution globale de la filière ainsi que sur l’allocation des ressources et la répartition des aides entre les exploitations.. Toutefois, avant de se pencher sur l’analyse de l’impact technico-économique de ces changements, il est nécessaire d’avancer un bref aperçu sur les origines de ces aides (PAC, Poseidom,…), leurs spécificités et leurs justifications. a filière lait à la Réunion est une filière assez jeune. Elle a commencé à se développer avec la création, il y a 40 ans, d’une société d’intérêt collectif agricole, la SICALAIT, dont les missions étaient la collecte, la transformation et la commercialisation de la production laitière de l’île. En 1972, afin de centrer plutôt son activité sur la collecte du lait, l’approvisionnement en fourniture et l’appui technique aux éleveurs, la SICALAIT cède l’activité de transformation à la Compagnie Laitière des Mascareignes (CILAM). Bien que cette spécialisation ait donné un coup de pouce non négligeable à la filière grâce à un système d’encadrement de plus en plus rapproché, ce n’est qu’en 1974 avec l’installation d’un Plan d’Aménagement des Hauts (PAH) qu’on assiste à un véritable démarrage de la filière. Ce plan qui existe encore aujourd’hui a pour objectif de développer l’élevage dans les zones difficiles, en facilitant l’accès aux parcelles par la création des chemins d’exploitation et en encourageant les jeunes éleveurs à s’installer et les éleveurs existants à effectuer des travaux d’épierrage et de défrichage sur les parcelles afin de les rendre mécanisables.

 

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