CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DE LA
GITOLOGIE DE LA BASTNAESITE
LE MODE DE MINERALISATION EN BASTNAESITE
Rappelons que trois modes de gisement sont connus pour la minéralisation en bastnaésite du gîte d’Ankaditany : les filons de biotitite à bastnaésite disséminée, le recouvrement latéritique et les minces écoulements colluviaux avec les déblais des anciennes exploitations. La forme primaire de la minéralisation est la bastnaésite disséminée dans les filons de biotitite. La connaissance de ce type de minéralisation a été de 1984-1985 à l’époque où l’OMNIS a mené des programmes de prospection de la bastnaésite de la région d’Ambotofinandrahana et pendant laquelle, cette société d’Etat malgache a essayé de réhabiliter et de rentabiliser, sans succès, la méthode d’exploitation par collecte de la bastnaésite (Rakotomanana, 1984 ; 1985). En effet, et en raison de la méthode d’extraction artisanale de la bastnaésite pratiquée par les ruraux, les filons de biotitite ont pu alors être suivis et caractérisés. Les filons de biotitite sont de forme sigmoïde dont l’allongement principal est orienté Nord Ouest – Sud Est avec des queues de dépression Nord Nord Est – Sud Sud Ouest à Nord Est – Sud Ouest laissant ainsi supposer que le piégeage des liquides se faisait à la faveur de fentes de tension senestre dans la syénite dont le couple de contrainte cisaillant serait situé dans un plan suivant une direction Nord Nord Est – Sud Sud Ouest à Nord Est – Sud Ouest (figure 6) Leurs puissances varient facilement de quelques millimètres à deux décimètres et tel que la puissance moyenne est de cinq centimètres. L’allongement du filon a un plongement fort vers le Nord Ouest et qui est compris entre 60° et 80°. Ce fait a obligé les ruraux à suivre les filons par galerie qui se poursuit très vite par des « descenderies » obliques (de cette pratique, il a été enregistré plusieurs accidents dus à la précarité de la sécurité). La proximité relative des séries Contribution à la connaissance de la gîtologie Chapitre 5 : Paramètres d’exploitation – Environnement de la bastnaésite d’Ankaditany Marovoalavo Mémoire d’Ingénieur ESPA 2002 (Géologie) Ravoniarisoa Clarisse 47 47 de boudinage ont fait que certains auteurs ont caractérisé le gisement de bastnaésite d’Ankaditany comme étant un stockwerk (Fournié, 1968 ; Rakotomanana, 1984).Ces biotitites sont, rappelons – le, généralement recoupées par des filonnets très minces de jaspe. Dans certains cas, notamment dans les parties Ouest et Nord d’Ankaditany, les filons de biotitites sont intégralement enrobés dans du jaspe. Comme exposé précédemment, les gîtes de bastnaésite sont à l’intérieur d’une bande Nord Ouest – Sud Est et que le gîte d’Ankaditany se situe dans les parties extrêmes Sud Est de la bande et que les syénites y sont intensément latéritisées. Dans le cas du gîte d’Ankaditany, l’épaisseur moyenne de la latéritisation est de huit à dix mètres de la surface morphologique. La configuration filonienne des biotitites a été détruite dans leur très large majorité (estimé à plus de 50% des filons de biotitite avec ou sans bastnaésite et les plus minces seraient les plus atteints). Les résidus de filons de biotitite sont reconnaissables aux trainées noires difformes au sein de la latérite et dont ils sont les origines. Les minéraux de bastnaésite des filons détruits ont été atteints à des degrés différents de l’altération. Les plus résistants présentent une pellicule externe clivable et terne qui évolue vers une forme terreuse. Les grains de bastnaésite de ces trainées noires des latérites sont généralement à grain fin (demi – millimètre et moins), la pellicule externe est alors presque inexistante et le minéral présente la fausse teinte miel caractéristique de la bastnaésite. Les études granulométriques antérieures (Rakotomanana, 1985 ; Andritzky, 1986 ; Ramambasoa et al., 1986) ont montré qu’une proportion non négligeable de la bastnaésite de la latérite sont de taille inférieure à 125 μm et que la bastnaésite a une structure poecilitique si sa taille est plus grande que 500 μm. Cette situation définit l’importance, pour la prospection et l’exploitation à venir, du recouvrement latéritique des syénites d’Ankaditany et, in extenso, des syénites de Marovoalavo. En d’autres, le gisement d’Ankaditany n’a pas de couverture stérile car la latérite est minéralisée en bastnaésite. Un très mince écoulement colluvial mélangé aux déblais des anciennes exploitations artisanales recouvre les syénites d’Ankaditany. Dans cette nappe d’écoulement, la bastnaésite est en grain fin (généralement inférieur au millimètre). Lors des époques de l’exploitation artisanale de la bastnaésite, et en raison des moyens très rudimentaires dont disposaient les ruraux, la récupération des grains fins de la bastnaésite n’était pas concevable. Cette tranche granulométrique de la bastnaésite a été « perdue » sur le site même d’exploitation et a singulièrement contribué à l’enrichissement de la nappe colluviale.
LES MINERAIS DE BASTNAESITE D’ANKADITANY
Plusieurs études essentiellement menées par NASSCO ainsi que par l’OMNIS et ses partenaires (surtout BGR et Zarubejhgeologia) ont permis de caractériser les minerais de bastnaésite du gisement d’Ankaditany. Les échantillons provenaient de rainurage des parois des puits et tranchées de prospections antérieures de l’OMNIS. Les résultats de l’étude à la loupe binoculaire de concentrés de table à secousse sont les suivants : • Minéraux de la fraction légère (l) (en % du volume) : Quartz (0.01% à 0.05%), feldspath (0.02% à 0.1%), les altérations siliceuses amorphes (rare), la biotite (0.05% à 0.15%), fluorine (rare), grains de bastnaésite en inclusion dans les silicates très rares et la bastnaésite très fine libre (rare). • Minéraux de la fraction lourde (L) (en % du volume) : la bastnaésite (70 à 90%), la monazite (5 à 25%), la magnétite (rare), la tcheffkinite (rare), le zircon (rare). La séparation est aisée et meilleure au bromoforme (d=2,89) et est effective avec d’autres liqueurs plus denses telle que la liqueur de Cléricy.
Composants chimiques des minerais de la syénite latéritisée
En raison de l’absence des échantillons de profondeur, soit des syénites saines, seules les parties latéritisées accessibles et investies conformément aux niveaux requis des connaissances lors de l’exécution des programmes de prospection antérieurs, ont fait l’objet d’analyses et de dosages divers. Ces résultats peuvent être transposés sur les syénites saines. Les tableaux 1 et 2 ci-dessous donnent lesteneurs en divers oxydes de quelques échantillons de minerais de bastnaésite de la syénite latéritisée d’Ankaditany.
Teneur en bastnaésite et compositions minéralogiques des divers minerais
L’estimation des teneurs en bastnaésite des divers composants des latérites dérivées de l’altération des syénites est donnée par le tableau 3 ci-dessous. L’importance du rejet de la substance minérale utile lors des travaux d’exploitations antérieurs est bien exprimée par le fait que la teneur des déblais (terrils) est la plus forte (13,67 kg/m3 ). Par ailleurs, la teneur de l’oxyde total des terres rares très élevée des jaspes (silexites des Soviétiques), montre bien le rôle de cette phase hydrothermale juxtaposée. Apparemment, le fluide hydrothermal aurait détruit les édifices cristallins, hôtes de la bastnaésite, et aurait reconcentré les terres rares.
Résumé |