LE ROLE DE LA MIGRATION INTERNATIONALE DANS LES DYNAMIQUES DE DEVELOPPEMENT TERRITORIAL
LES CAUSES LIEES AU FACTEUR CLIMATIQUE
La zone des Niayes est considérée comme un écosystème à part entière en raison de sa position géographique mais aussi à la diversité des productions qu‟elle nous offre. Cependant, depuis quelques années l‟écosystème des Niayes a subit de nombrables interférences entre le milieu physique et les activités humaines qui agissent a plusieurs échelles spatiaux temporelles et fragilisent le milieu. La zone de Notto était un milieu connu par sa potentialité à offrir des diversités de produits dans l‟agriculture comme dans le maraichage. Cette zone qui offrait beaucoup d‟emplois aux jeunes a connu depuis quelques années un rendement précaire dû au manque de terre arable, aussi une exploitation élevée et mal contrôlée du maraichage et des activités vivrières et fruitières qui sont intensément surexploitées depuis plusieurs années. A cela s‟ajoute l‟absence de la pluviométrie dans la zone sahélienne depuis ces dernières années. L‟absence des précipitations dans le temps et dans l‟espace est très accrue et ne facilite l‟exploitation des terres cultivables. Les problèmes climatiques notés depuis ces 30 dernières décennies ont causés la dégradation et la désertification dans l‟ensemble des zones situés au niveau des Niayes. Ces aléas climatiques a d‟abord causé une forte migration pendulaire des ruraux Nottois dans les centres urbains et péri urbains du Sénégal telle que Dakar, Thiès, Diourbel pour avoir des opportunités de travail pendant la saison dite morte, ensuite cette migration qui était autrefois rural-urbaine s‟est transformé depuis les années 90 comme migration internationale. Ces observation notées aux niveaux du changement climatique dans les zones comme NGD a causé d‟importants problèmes aux agriculteurs et commerçants de la commune de Notto notamment ceux de Seguel et Kery qui étaient très active dans l‟agriculture. Cependant, l‟analyse que nous avons établie au niveau de la zone de Notto nous a aussi montré que le contexte du changement climatique comme le déficit pluviométrique qui varie d‟une saison à une autre et la vulnérabilité de ressources foncières sont aussi des causes de cette forte migration. La zone des Niayes est considérée comme très vulnérable à cause du changement climatique. Cette zone connait aussi d‟importantes pertes agricoles car la population n‟a pas encore cette capacité d‟adaptations et d‟anticipations pour mieux valoriser les ressources. Les aléas climatiques et la pauvreté des sols posent d‟énormes difficultés à l‟exploitation agricole. Les irrégularités climatiques observées ces dernières années, avec notamment la baisse de la pluviométrie, ont beaucoup affecté le rendement agricole. Ce manque de précipitation conjuguée avec l‟appauvrissement des sols entrainent une baisse importante des travaux dans ce secteur.
LES CAUSES D’ORDRES ECONOMIQUES ET SOCIALES
Les causes économiques
Dans les années 70, la migration était autrefois une migration pendulaire. Les migrants se dirigeaient dans les zones rurales et les villes développées telles Dakar, Thiès et Saint-Louis. La région du bassin arachidier et la Région Sylvio pastorale du Ferlo accueillaient d‟importants migrants venus de la Zone des Niayes notamment en Notto Gouy Diama pour travailler dans les champs comme main d‟œuvre et qui étaient plus connu sous le nom des « Navétanes » ou des «marcheurs». La commune de Notto était aussi une zone qui recevait beaucoup de migrants qui vinaient de l‟intérieur du pays et dans la Sous-Région. Dans un tel environnement, la migration d‟abord de travail évolue vers une migration de nature commerciale qui concerne de plus en plus des acteurs issus du secteur informel. Ce sont la plupart du temps des marchands ambulants et des commerçants cherchant à profiter du marché relativement ouvert ou des petits entrepreneurs qui importent l’habillement et l‟artisanat d‟art africain, etc. Ces filières se créent et s‟entretiennent au travers des réseaux de regroupements familiaux, professionnels ou ethniques en quête d‟espaces nouveaux, en fonction des destinations les plus fructueuses (Fall A.S, 2003) pour les jeunes chômeurs, les commerçants qui n‟ont plus le moyen d‟écouler leurs produits et les agriculteurs qui ne bénéficient plus de terre et l‟investissement devient de plus en plus du fait de la rareté des terres a cultivés. La motivation est de partir à l‟étranger pour trouver du travail, des moyens financiers pour pouvoir nourrir leur famille. La mauvaise production représente 16,7% des causes de départ vers l‟extérieur. Les habitants de la Commune de Notto ne sont pas échappés à ce bouleversement économique. Depuis quelques années on assiste à une forte compétition entre l‟agriculture commerciale et l‟entreprenariat agricole qui sont de plus en plus en compétition que sur la complémentarité. L‟agriculture familiale qui regroupait la plus grande partie des activités agricoles dans la commune perdent des réserves foncières au détriment de la commune et aux entreprises qui sont implantés. Par conséquent, avec tous ces bouleversements économiques dans la Zone des Niayes on assiste à l‟origine de la migration Internationale dans la commune de Notto Gouy Diama qui a commencé dans les années 90. La crise économique qu‟ont connue les zones rurales et qui est 54 due par le manque de précipitation au Sénégal conduit aux jeunes garçons, des hommes et des femmes de migrer. L‟agriculture qui était la principale activité dans la commune a connu une forte baisse de rendement du aux aléas climatiques. Le bilan de la revenue des activités agricoles sont en baisse partout dans le pays. Au Sénégal, du début des années 1990, la croissance de la PIB n‟a que rarement atteint le taux de croissance démographique (2,7% dans la période 1971-1988). Cette situation s‟est traduite par une extension de la pauvreté et des inégalités, la proportion des ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté ayant atteint 61,4% et celles des individus dans 67,9% selon les données d‟une enquête réalisée en 1994/1995 (Enquête Sénégalais Auprès des Ménages, Esam1)27 . La migration est un phénomène universel que l‟on retrouve partout en tout endroit en tout temps avec une intensité variable. Rares sont les populations et les terres qui n‟ont pas été le théâtre de flux migratoire. La migration dans la zone des Niayes notamment dans la commune de Notto, est devenue l‟une des problématiques de l‟économie du Sénégal. Le manque d‟infrastructures économiques et sociales a poussé nombreux ruraux à aller dans les pays riches où ils espèrent trouver du travail. Plusieurs des migrants Nottois interrogés affirment tous avoir envie de réussir leur vie, l‟objectif étant pour nombre d‟entre eux de pouvoir entretenir leur famille restée au pays et d‟aider le plus possible de parents qui en ont besoin. Par ailleurs, certaines personnes ayant un emploi salarié stable parfois très qualifié, ont préféré arrêter leur travail pour émigrer. Elles évoquent encore l‟aventure comme argument justificatif de leur acte. La raison avancée peut à première vue sembler idéaliste mais la réalité est tout autre. En effet, la raison profonde est d‟ordre financière. La survie financière ou la recherche de l‟autonomie financière suffisante pour être à même de pouvoir réaliser des projets. Il s‟agit de migrants qui avaient délaissé leur travail à cause d‟insuffisance de leur revenu salarial. Celui-ci ne leur permettait pas simultanément d‟assurer l‟aide familiale et de subvenir à leurs propres besoins. B. Les causes sociales On peut aussi noter à Notto le déséquilibre entre la population et les ressources foncières. Les plus grandes surfaces sont données à des bailleurs ou des hommes. C‟est à l‟image de la plantation de l‟EANGS/S qui couvre une superficie de 130 hectares. On y trouve aussi trois autres exploitations d‟environ d‟égal étendu : le verger de Ousmane Sall originaire de la ville de Louga, localisé à la sortie de Seugueul et de Madieng Kéba localisé sur l‟axe Notto-Thiès et le Cada localisé à la route de Gouy Diama. A cela s‟ajoute aussi la manque de nombreuses infrastructures telles : lycée, hôpital, usine de production, carrière d‟exploitation poussent aussi certains jeunes à quitter le village. La mal répartition des activités économiques affectent le secteur du commerce. Cependant la motivation n‟est pas toujours fondée sur ces faits, certains partent par désir de partir. Dans certaines zones comme Kery et Dieuleuk la production agricole et l‟élevage marchent encore. Ces espaces ruraux sont dotés de l‟électricité disponible pour le développement de l‟élevage des volailles. En effet, selon quelques migrants enquêtés ils ne pouvaient pas rester dans le pays car ils ne pouvaient plus satisfaire leurs besoins et selon eux l‟objectif est de migrer. Pour eux la charge financière est de plus en plus nombreuse et l‟argent qu‟ils gagnent dans le commerce ou dans l‟agriculture est très minime pour gérer un ménage. Un des migrants du nom de Ousmane Diop explique « avant que je quitte le pays, je vois les personnes revenir de l‟étranger avec beaucoup d‟argent, ils ont une voiture, une maison et vont épouser la plus belle femme de la commune, quand on reste dans le pays on ne peut pas réaliser toute cette rêve a un laps de temps » alors que nous on manque d‟activité en saison sèche. L‟hivernage reste la seul option ou on peut gagner de revenu. La migration est donc devenue dans la commune une affaire de concurrence de biens matériels et financiers. Chacun a dans sa tête l‟aventure pour mieux gérer sa famille. Beaucoup de migrants ont quitté leur village à cause de la pression sociale Cependant, il convient de rappeler que même si les transferts de fonds sont importants, ils restent fluctuants et étroitement dépendants de la situation du migrant.
INSTITUTIONS ET MODES DE TRANSFERT DES MIGRANTS
Transfert des revenus migratoires
Les transferts constituent un enjeu de taille pour les pays en développement. Les montants des fonds sont aujourd‟hui deux fois plus élevés que le volume total de l‟aide au développement et représentent l‟une des principales devises de certains pays28. Aux Sénégal ces gains sont devenus importants au fil des années. Evaluer les transferts des migrants dans les pays comme le Sénégal reste très difficile. Certains ménages ne donnent pas des chiffres exacts des sommes transférés par les émigrés. Ces transferts de fond sont devenus aujourd‟hui très important dans la commune de Notto. Les données que nous allons traiter viennent des résultats des enquêtes de ménages et les résultats ainsi recueillies permettront d‟analyser l‟importance des transferts de fonds effectués par les migrants internationaux.Le transfert de fonds des émigrés dans la commune de Nottois Gouy Diama contribuent aux potentiels économiques qu‟avait déjà la commune et permettent aussi d‟organiser les ménages. Les transferts de fonds opérés par certains migrants a beaucoup d‟impact sur les conditions de vie des ruraux. Les retombées économiques deviennent des alternatives à la crise mondiale, à la dégradation des terres, à la rareté des pluviométries. Le montant des transferts varient d‟un migrant à l‟autre car (43,3%) envoient 50000 et 100000 F CFA, (35,8%) envoient 100000 à 250000 et (16,7%) envoient 250000 à 500000 F CFA. On constate que seul (2,5%) des émigrés envoie moins de 50000 F CFA et (1,7%) des migrants dépassent la barre des 500000 F CFA. Cependant, les transferts n‟ont pas toujours lieu car (9,7%) des émigrés envoient de l‟argent rarement, (16,1%) font des transferts d‟argent occasionnellement. Les émigrés qui envoient de l‟argent fréquemment représentent (53,2%) des ménages enquêtés. Ces derniers sont la plus part des chefs de ménage qui ont laissé à la maison une famille et ces transferts permettent aux ménages de couvrir les dépenses. Ces montants transférés par certains migrants rentrent directement dans l‟organisation sociale de la commune qui est une entité de la zone des Niayes. Ces fonds aident aussi les populations et les activités de ce milieu reposant sur l‟agriculture, le maraichage, l‟élevage, le commerce et le secteur informel car c‟est une zone d‟émigrants venus des autres villes pour travailler la terre. Les migrants ont beaucoup contribué à la nouvelle forme des bâtiments avec la création de très belle maison dans les zones telle que Notto et Keur Bir N‟dao. Les nouvelles constructions sont tous des immeubles R+2 ou R+3. Le travail de terrain nous a permis de voir plusieurs maisons construites en étage ou en terrasse au niveau de la commune. Parmi les individus enquêtés nombreux sont ceux qui ont répondu que les immigrés de la commune investissent la part la plus importante de leur argent dans l‟immobilier. La tendance est maintenant de créer des magasins pour faire du commerce des matériels transférés. Les immigrés investissent aussi dans le foncier car avec le lotissement effectué par les acteurs de la commune, nombreux sont ceux qui viennent acheter des terres près de la mer pour y habiter mais aussi pour y pratiquer de l‟agriculture. Certains migrants fonctionnaires affectés dans la commune louent pour la plus part dans des maisons des immigrés. La contribution financière des migrants est devenue importante. Depuis quelques années la commune ne cesse de grandir et d‟être envahi par des personnes venues de la ville de Thiès, de Tivaoune, de Dakar mais aussi de quelques ruraux. 59 a. Les modes de transferts. Les émigrés emploient différents types de moyens pour effectuer des transferts de fonds. Cependant, on constate que les envois par mandat postal sont remplacés par les virements bancaires. A côté de ces nouvelles structures de transfert c‟est développé aussi informels de transfert d‟argent. Ces nouvelles formes de réseau sont souvent occupées par des jeunes commerçants appelés des Gp qui facilitent les envois des revenus à cout plus faible que celles des banques
INTRODUCTION |