Définition des concepts et des théories mobilisés dans la recherche

Définition des concepts et des théories mobilisés dans la recherche

À travers ce chapitre, l’objectif est de poser le socle théorique de ce que nous entendons par « vision centrée usage » que nous avons matérialisé dans la suite de nos travaux par un modèle conceptuel d’appréhension du rôle des AOM dans le processus de report modal. comprendre où et comment les politiques de transport doivent impacter l’usager pour impulser un report modal. À cet effet, nous proposons dans cette partie d’aborder la notion d’usage et les approches par l’usage existantes au sein de la littérature. La littérature ayant par ailleurs bien définie les approches par l’usage (Hubert, 2017), notre objectif dans cette partie n’est pas de formaliser un état de l’art sur la notion d’usage, mais de revisiter de manière simple et concise ses fondamentaux et ses concepts.  changement d’usage, autrement dit de changement de comportement. Même si, les approches par l’usage abordent ces problématiques de changement de comportement, ces dernières ne constituent pas leur cœur de cible. Nous avons donc estimé qu’il serait intéressant d’explorer des théories de changement pour venir compléter les approches par l’usage. Ceci afin d’appréhender pleinement la notion de changement d’usage lorsque l’on parle de report modal.  Avec des besoins qui évoluent et qui impactent l’expérience utilisateur. L’approche par l’usage consiste alors à comprendre, traiter et évaluer le niveau d’acceptabilité d’un objet par un usager (Chaumon Bobillier, 2013). À travers l’évaluation de l’acceptabilité, la compatibilité de l’objet par rapport aux différents besoins de l’usager sont étudiés (Jokinen, 2015). On parle aussi de l’étude du processus qui conduit un individu à accepter un nouvel objet et à termes de réaliser un changement d’usage.

Capable de changer l’usage initialement prévu de la solution conçue. La solution n’est plus pensée comme un objet qui impose ses fonctionnalités et ses contraintes, mais comme un objet dont les fonctionnalités et contraintes peuvent être créées et modifiées par l’individu selon l’usage qu’il en fait. Concrètement au niveau du processus de conception, cela entraîne un changement des modalités d’interrogation des usages. Il s’agit de s’interroger non pas uniquement sur ce qu’une « solution fait à un d’individu », mais sur ce que « l’individu fait à la solution » (Jouët, 2000). Nye, historien de l’évolution des technologies et de leur usage met une touche d’humour à ce phénomène en déclarant que lorsque « les humains possèdent un outil, ils excellent à lui trouver de nouveaux usages » (Nye, 2008). Ainsi, même si un objet a été conçu pour un usage donné, un individu reste libre de le rejeter ou de lui trouver de nouveaux usages, par un jeu d’appropriation et de détournement. Ainsi, Hassenzahl (2010) fait l’hypothèse que l’usage d’un objet modifie progressivement le sens fonctionnel et opérationnel qui lui est attribué.  Qui peut devenir un acteur à part entière du processus de conception. Parce qu’un utilisateur a des besoins qui évoluent et est capable de changer l’usage initialement prévu d’un objet, une réflexion sur le rôle que peut jouer l’usager dans le processus de conception est née. Ainsi Von Hippel (1986) économiste considéré comme l’un des précurseurs de l’innovation par l’usage et De Certeau (1990) anthropologue, historien et philosophe, expliquent que l’usager ne doit pas être voué à un processus de passivité lors de la conception des solutions. Au contraire, l’usager, par l’usage qu’il fait d’un produit, est un expert et un membre incontournable d’un processus de conception.

D’abord centrée sur les TICs, l’utilisation des approches par l’usage dans le champ de l’innovation s’est considérablement développé en traitant par exemple de problématiques relatives au design urbain, à l’innovation dans les services, mais sans pour autant devenir une pratique courante dans le champ de la conception (Dupont et al., 2014). L’acceptabilité pratique est la plus connue d’entre toutes et est à l’origine de nombreuses méthodes dans l’ingénierie de conception. L’acceptabilité a priori est connue également et est étudiée par les sciences sociales et les sciences humaines et sociales telles que la sociologie ou l’anthropologie. Enfin, l’acceptabilité située est une approche moins répandue car complexe à étudier, mais pour le moins intéressante. Nous allons développer plus amplement ces différentes approches dans les paragraphes qui suivent d’un point de vue théorique, des exemples sont proposés dans la section 3, chapitre 1, partie C. Nous tenons à préciser que l’acceptabilité située a fait l’objet dans ce chapitre d’une attention particulière, puisque nous avons estimé qu’il pourrait être intéressant de rapprocher plusieurs disciplines pour parfaire sa définition initiale donnée par les sciences de l’usage. Nous avons donc souhaité l’éclairer à l’aune d’approche provenant des théories émotionnelles, de la biologie comportementale, et des théories de l’action.

 

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