Méthode d’évaluation de la composition multimédia des didacticiels
L’apprentissage, sous ses diverses formes, prend une place croissante dans la société moderne. Il touche de plus en plus de personnes, commence de plus en plus tôt, et se termine de plus en plus tard. Ces nouveaux besoins réclament de nouveaux moyens pour les combler et le didacticiel mul-timédia est un moyen parmi ceux-là, apte à proposer certaines solutions. L’utilisation de didacti-ciels semble particulièrement adaptée dans le cas de la formation à distance, de la formation con-tinue, de la lutte contre l’hétérogénéité des niveaux, de l’accompagnement scolaire, de l’éveil préscolaire. Des pays comme le Canada, possédant une très grande superficie pour une densité de population faible mettent à profit ce moyen pour adapter leur enseignement. Le didacticiel étant à ses débuts, il est certain que des utilisations nouvelles se révéleront par la suite et lui permettront de s’intégrer plus profondément aux processus d’apprentissage actuels . Les usages sont donc divers, mais à l’instar du livre, c’est le même support qui est utilisé pour transmettre l’information dans chacune de ces situations. Le didacticiel présente des avantages à plusieurs égards, il permet de stocker plus d’informations qu’un livre, pour des frais de diffusion pouvant être réduits à presque rien (par télécommunication ou via la duplication du cd-rom), avec en plus l’espoir de générer chez l’apprenant un intérêt et une activité qu’il n’aurait pas eus en face d’un autre support didactique. L’émergence des technologies du multimédia (le cd-rom, bientôt le dvd-rom, et Internet en particulier) laisse entrevoir les possibilités offertes par les formidables sources d’information qu’elles présentent.
On constate aujourd’hui un certain engouement de la part des institutions françaises et euro-péennes [Selys 98] et du grand public pour ces nouvelles technologies. Il faut les utiliser, il faut les intégrer aux centres de formation quels qu’ils soient, il faut en avoir chez soi, il faut que les enfants les utilisent, il faut que les adultes les utilisent, … Qui n’entend pas régulièrement ces phrases ? Mais si l’on y regarde de plus près, force est de constater qu’en pratique l’engouement n’est que virtuel et que les didacticiels sont fréquemment ignorés, oubliés, sous utilisés voire même rejetés. Rares sont les entreprises qui fondent leur activité économique sur les didacticiels plutôt que sur les jeux vidéo … Nous ne pensons pas que le principe même soit en cause, il n’y a pas de raisons pour que le sup-port numérique ne trouve sa place à côté du livre, de l’enseignement scolaire traditionnel ou de la formation en entreprise (et il n’y a d’ailleurs pas de raisons non plus pour qu’il se substitue à eux comme on l’entend parfois). L’échec relatif du cd-rom aujourd’hui peut en grande partie être attribué à la mauvaise qualité de sa conception devant un public très exigeant, et qui a toutes les raisons de l’être devant le potentiel inexploité qu’il représente. Les défauts de conception se ma-nifestent sous la forme de mauvaises interfaces, malgré éventuellement un bon contenu pédago-gique, ou inversement par des interfaces de qualité qui masquent un contenu très pauvre. Le développement du didacticiel passe probablement par des décisions politiques et économiques telles que celles prises en ce moment, et qui ne sont pas de notre ressort.
Mais il passe aussi par une meilleure maîtrise du support. Les utilisateurs et les réalisateurs doivent apprendre à modifier leur façon de l’aborder, comme dans le cas de toute nouvelle technologie.Aujourd’hui la question ne se pose pas de savoir s’il faut ou non utiliser l’informatique, s’il faut ou non favoriser l’apprentissage assisté par ordinateur. La technologie informatique a acquis une autonomie certaine, et plus aucun homme ni institution – pas même les glorieux sultans améri-cains – ne peut se vanter de maîtriser l’évolution de l’informatique. Des grandes corporations obligées par une force mystérieuse à courir derrière la progression étourdissante de la technologie, aux employés exprimant leur impuissance devant « l’ordinateur qui fait ce qu’il veut », en passant par les entreprises dans lesquelles plus personne ne sait vraiment qui a fait les logiciels, ni surtout comment, personne ne choisit totalement sa position vis à vis de l’informatique. Ce constat n’est pas un encouragement à la renonciation, bien au contraire, une fois admis que la créature informatique avait son autonomie (les objectifs si ambitieux de l’Intelligence Artificielle des années passées se réaliseraient-ils sous cette forme ?) notre travail consiste à la comprendre, l’irriguer dans les meilleures directions, et évoluer avec elle pour continuer d’en profiter au mieux. La position de renoncement par principe, ou par conviction, ne fera que renforcer une informa-tique omnipotente, alors que la volonté de comprendre va dans le sens d’une informatique utile et cadrée. Tel est du moins mon point de vue, celui qui m’a conduit à réaliser ces travaux.