ETUDE DE PARAMETRES BIOLOGIQUES DE BACTROCERA DORSALIS (DIPTERA)
Généralités sur la Mouche des fruits: Bactrocera dorsalis
Position systématique
La Mouche des fruits, Bactrocera dorsalis est un diptère appartenant à la famille des Tephritidae qui est l’une des familles de diptères les plus importantes économiquement, en raison des dégâts qu’elle provoque sur les cultures (fruits et légumes). Selon la liste établie par le Catalogue of Life, cette famille des Tephritidae ou «mouches des fruits» comprend plus de 4000 espèces réparties en 500 genres. Ce sont des espèces frugivores avec des larves qui se nourrissent de la chair des fruits et légumes et entrainent beaucoup de dégâts. Sa position systématique est la suivante: Phylum: Arthropoda, Classe: Insecta, Ordre: Diptera, Sous-ordre: Cyclorrhapha, Section: Acalyptratae Super-famille: Tephritoidea, Famille: Tephritidae, Sous-famille: Dacinae, Tribu: Dacini, Genre: Bactrocera Espèce: Bactrocera dorsalis
Description morphologique
Les œufs Les œufs sont allongés, légèrement incurvés et de couleur blanc crème. Ils mesurent en moyenne 1 mm de longueur et 0,2 mm de diamètre chez B. dorsalis (Figure 1). Ils sont déposés dans le fruit par la femelle à l’aide de son ovipositeur. Les larves Elles sont des asticots typiques de diptères. Les larves, du premier et du deuxième stade sont de couleur blanche, mais celles du troisième stade sont de couleur jaune, ressemblent à un cône allongé (Figure 1). Elles vivent et se nourrissent dans les fruits Les pupes La pupe, nymphe des Diptères est un petit tonnelet de 5 mm de longueur, de couleur brunrouge (Figure 1). Elle peut se former dans les tissus végétaux mais le plus souvent, elle a lieu dans la terre, entre 2 et 3 cm de profondeur. Les adultes L’adulte, qui est sensiblement plus grande qu’une mouche domestique, a une longueur de corps d’environ 8 mm; l’aile est d’environ 7,3 mm de longueur et est hyaline. La couleur de la mouche est très variable, mais la plupart du temps elle est jaune brun sombre et saillante, de marques noires sur le thorax. En général, l’abdomen a deux bandes noires horizontales et une bande médiane longitudinale partant de la base du troisième segment vers le sommet de l’abdomen. Ces marquages peuvent former un motif en forme de T, mais le modèle varie considérablement. La tarière est très mince et très pointue (Figure 2).
Origine et aire de répartition
Comme certains auteurs l’ont rapporté (Tinkeu et al., 2010; Ouedraogo, 2011; Massebo et Tefera, 2015 et Gomina, 2015), la mouche B. dorsalis (B. invadens) est originaire d’Asie, elle a été signalée pour la première fois en 2003 dans la partie Est de l’Afrique, notamment au Kenya (Lux et al., 2003). En l’espace de deux ans, l’espèce s’est répandue dans un grand nombre de pays africains (Drew et al., 2005) notamment en Afrique de l’Ouest, où elle a été signalée au Sénégal en 2004 (Vayssières et al., 2011). Il y a eu une controverse depuis de nombreuses années en ce qui concerne la taxonomie de certaines espèces du Complexe B. dorsalis, en particulier le statut des espèces Bactrocera papayae Drew et Hancock, Bactrocera philippinensis Drew et Hancock, Bactrocera invadens (Drew, Tsuruta et White) et B. dorsalis. Toutefois, des auteurs taxonomistes ont suggéré que ces espèces appartiennent au complexe Bactrocera dorsalis (Tan et al., 2011; Krosch et al., 2013; San Jose et al., 2013.).
Cycle de développement
Le cycle de vie de la plupart des espèces de Tephritidae est similaire (Gomina, 2015; ANSES, 2014; CTA et COLEACP, 2007). Les stades immatures des mouches des fruits sont constitués des œufs, de trois stades larvaires et d’un stade nymphal. Pendant la première semaine de leur existence, les mouches adultes sont présentes dans la végétation environnant les cultures. Elles s’accouplent et à la maturation œufs (1), les femelles pondent en piquant avec leur ovipositeur sur la peau du fruit pour y déposer leurs œufs (2 et 3). Les œufs éclosent après quelques jours et donnent des asticots qui vont nourrir du fruit de l’intérieur. Ils passeront par trois stades successifs (4). Au bout d’environ une semaine, les asticots sortent du fruit pourri et s’enfuient dans le sol pour se transformer en pupes (5). En une semaine environ, la métamorphose est terminée et les nouveaux adultes émergent de la pupe pour former une nouvelle génération (6) (Figure 3). Figure 3: Cycle biologique de B. dorsalis
Plantes hôtes
Les plantes-hôtes des mouches des fruits sont celles dont les fruits servent de support de ponte et de développement des larves (Gomina, 2015). La mouche orientale des fruits, B. dorsalis est une espèce très polyphage, capable d’infester de très nombreux hôtes. Une gamme de 74 espèces de plantes-hôtes appartenant à 26 familles différentes ont été enregistrées en Afrique (Manrakhan et al., 2014). 2. Méthodes de lutte contre les mouches des fruits 6 Aucune méthode de lutte ne sera réellement efficace et rentable, si les populations de mouches atteignent des niveaux trop élevés. Pour cela, la prévention est très importante. La seule façon efficace d’interrompre le cycle de développement des mouches des fruits est de mettre en œuvre un ensemble de méthodes de lutte intégrée. Leur succès dépend de la forte implication de tous les acteurs, publics et privés de la filière mangue.
La lutte prophylactique
C’est un exercice très laborieux. Elle consiste à ramasser les fruits tombés/infestés et à les détruire. Les fruits ramassés peuvent être mis dans des sacs en plastique de couleur noire puis exposés au soleil pendant 3 jours ou enfouis à plus de 20 cm dans le sol ou incinérés.
La lutte curative
Traitements au Success Appat (GF-120)
Le Success Appat est un mélange comprenant une substance alimentaire (GF-120) et un insecticide biologique à base de spinosad (0,24g/l). La mouche adulte est attirée par l’appât qu’elle consomme jusqu’à satiété et meurt rapidement sous l’effet du spinosad (Vayssières et Sinzogan, 2008 et Vayssières et al., 2009).
Technique d’annihilation des mâles (MAT)
Cette technique consiste à installer dans la zone à traiter de nombreux types d’attractifs qui peuvent être constitués de blocs de bois, des bloquettes (les «killer blocks»)ou d’un pli de coton attaché avec une ficelle ou un fil métallique trempés dans une mixture de para-phéromone et d’insecticide en vue d’attirer les mâles pour les tuer.
La lutte biologique
La lutte biologique est l’utilisation par l’homme d’ennemis naturels tels que des prédateurs, des parasitoïdes ou des agents pathogènes pour contrôler les populations d’espèces nuisibles pour les maintenir en dessous d’un seuil de nuisibilité. Il existe trois principaux types d’approches de lutte biologique qui ne s’excluent pas mais sont souvent associés: • lutte biologique classique : il s’agit de l’introduction des ennemis naturels exotiques pour contrôler un ravageur exotique; • lutte biologique augmentative : il s’agit de l’élevage en masse et des lâchers supplémentaires d’ennemis naturels sur le terrain; • lutte biologique de conservation : ceci implique la manipulation de l’environnement de telle manière que l’activité et l’efficacité des ennemis naturels autochtones naturels comme agent de lutte biologique est améliorée (Ekesi et Billah, 2010). En Afrique, l’une des réussites les plus remarquables de la lutte biologique classique contre les mouches des fruits est attribuée à l’utilisation des parasitoïdes des œufs, Fopius arisanus, contre Bactrocera dorsalis. (Ekesi et Billah, 2010 ; Lux, et al., 2003 et Mouhamed, et al., 2010). Ses hôtes connus appartiennent en majorité au genre Bactrocera. Il a été importé en 2003 de Hawaii à La Réunion où des études menées par les équipes du CIRAD (Rousse, 2007) ont permis de démontrer que Fopius arisanus est un agent de lutte biologique efficace. Les fourmis tisserandes font aussi un travail fantastique, non seulement elles capturent les larves des mouches des fruits mais, elles éloignent les ravageurs des fruits avec les signaux chimiques qu’elles émettent. Au Bénin, la recherche a montré que la fourmi tisserande peut réduire considérablement l’infestation de mouches des fruits sur la mangue (Van Mele et al., 2007). Les champignons pathogènes peuvent être utilisés pour la suppression des mouches des fruits en ciblant l’adulte ou les stades larvaires et les pupes. Les souches utilisées dans la lutte contre les mouches des fruits sont celles de Metarhizium anisopliae, M. acridium, M. bruneun et Beauveria bassiana. Lorsque les spores de ces dernières sont en contact avec la larve, la pupe ou l’adulte, ils germent, pénètrent dans la cuticule et croissent dans le corps de l’hôte. Ils entraînent la mort de l’hôte plus ou moins vite, en 5 à 6 jours pour les populations de B. dorsalis et de C. capitata (Faye, 2014). La technique de l’insecte stérile (SIT) quant à elle consiste à faire un élevage de masse des mâles du ravageur, à les rendre sexuellement stérile par irradiation et à les lâcher dans la zone de lutte afin qu’ils s’accouplent avec des femelles sauvages qui pondront ensuite des œufs sans embryon. Ces mâles stériles reçoivent un traitement hormonal et un supplément protéique pour accélérer leur maturité et augmenter leur performance sexuelle.
Les paramètres biologiques de B. dorsalis
Après l’apparition de B. dorsalis, plusieurs études ont été menées sur sa biologie de son développement, ses gammes de plantes hôtes, ses réponses à certains stimuli, etc. Les résultats générés par ces recherches, ont permis d’accroître les avancées en matière de conception de stratégies et de techniques de lutte efficaces pour le contrôle des mouches des fruits. Duyck et al. (2005) ont montré à partir de ces études sur les paramètres démographiques sur quatre espèces (Ceratitis catoirii C. capitata C. rosa Bactrocera zonata) que les paramètres de la table de vie diffèrent d’une espèce à l’autre. Dans la même année Ekesi et al. (2006) décrient pour la première fois l’histoire de vie et les paramètres démographiques de la mouche des fruits B. dorsalis (Diptera: Tephritidae) sur un milieu artificiel. Des études plus approfondies ont été effectuées par N’Guessan et al. (2011) en comparant les paramètres démographiques de B. 8 dorsalis, sur deux plantes hôtes, la mangue et l’orange, dans des conditions semi-naturelles. Gomina et al. (2014) ont étudié la biologie de la reproduction et du développement de B. dorsalis sur la mangue ainsi que le taux de parasitisme des différentes espèces de parasitoïdes identifiées dans leurs études .
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