EVOLUTION DE L’OCCUPATION DE LA BANDE DE FILAO DES NIAYES DE GUEDIAWAYE ET PIKINE

EVOLUTION DE L’OCCUPATION DE LA BANDE DE FILAO DES NIAYES DE GUEDIAWAYE ET PIKINE

La végétation des dunes rouges

 Elle est constituée par une savane arbustive à espèces ligneuse peu diversifiées : Neocarya macrophylla (Parinari macrophylla), Acacia raddiana, Sclerocarya birrea, Maytenus senegalensis, Faidhbia albida, Adansonia digitata, Borassus aethiopum, Aphania senegalensis, Fagara leprieurii, Ficus ovata, Calotropis procera, Capparis tomentosa,, Chrysobalanus orbicularis, Opuntia tuna (cactus), Borreria verticilata. Il existe aussi des herbacées annuelles telles que Cenchrus biflorus, Schoenefeldia gracilis, Andropogon pinguipes, Aristida stipoides, Pennisetum pedicellatum, Waltheria indica, Centaurea perrottetti, Indigofera secundiflora, Indigofera linearis (SOW, 2008). 

La végétation des dunes jaunes semi fixées 

Du point de vue physionomique, la végétation des dunes jaunes marque la transition entre les steppes de bordure de mer et les savanes arbustives couvrant les dunes rouges fixées. Les espèces ligneuses dominantes sont : Maytenus senegalensis, Neocarya macrophylla, Chrysobalanus orbicularis, Calotropis procera et Jatropha gossypifolia. Les herbacées annuelles sont : Cenchrus biflorus, Cyperus maritimus, Sporobolus spicatus, Ipomoea 7 brasiliensis (Ipomoea pes-caprae), Altarnanthera maritima, Opuntia tuna, philoxerus vermicularis, Borreria ssp (Sow, 2008). 

La végétation des dunes blanches littorales 

Ces dunes supportent une steppe très clairsemée. Les plantes qui poussent sur ces dunes sont halophytes et psammophytes. Elles sont capables de survivre dans les conditions édaphyques et climatiques très sévères. Les plantes dominantes sont des espèces pérennes succulentes et des espèces herbacées non graminéennes : Cyperus maritimus, Ipomoea brasilienis, Alternanthera maritima, Opuntia tuna et Philoxerus vermicularis. Les espèces ligneuses sont : Maytenus senegalensis, Chrysobalanus orbicularis, Calotropis procera (Sow, 2008). 

La végétation des dépressions 

La couverture végétale, dans certaines dépressions situées en dessous du niveau de la mer, est un complexe formé d’une succession de plusieurs types de végétation. Du centre des dépressions au pied des dunes, on retrouve successivement un tapis herbacé formé d’espèces hydrophytes, des vestiges d’une palmeraie à Elaeis guineensis et un fourré témoignant la présence dans le passé d’une forêt humide. Les espèces principales du couvert herbacé sont Cyperus sp, Imperata cylindrica, Philoxerus vermicularis, Sporobolus robustus, Sesuvium portulacastrum, Paspalum vaginatum, Leersia hexandra, Cynodon dactylon. Dans la palmeraie et les vestiges de la forêt humide dégradée, on retrouve Elaeis guineensis, Cocos nucifera, Ficus sp., Detarium senegalensis, Syzygium guineense, Landolphia heudelotti, Cassia sieberiana, Prosopis africana, Entada africana, Celtis integrifolia, Acacia raddiana, Neocarya macrophylla, Dalbergia ecastaphyllum, Alchornea cordifolia, Fagara zanthoxyloides. La végétation des Niayes a été affectée par la sécheresse, en dépit de la présence de la nappe phréatique peu profonde. La salinité croissante a causé la mort de plusieurs hydrophytes et en particulier d’Elaeis guineensis. L’extension des surfaces maraichères et fruitières a aussi réduit l’extension des communautés reliques. En résumé, la végétation naturelle a été profondément modifiée au cours des dernières décennies. Les principaux facteurs à l’origine de cette modification sont la salinisation des 8 terres, la surexploitation de certaines espèces, les défrichements, le maraichage, la plantation d’arbres fruitiers, (Unesco, Breda, 2002, cité par Sow, 2008). La sécheresse ainsi que la baisse de la nappe phréatique participe également à cette modification.

 REBOISEMENT DU LITTORAL NORD AVEC Casuarina equisetifolia (LA BANDE DE FILAO) 

Botanique et écologie du Casuarina equisetifolia 

Le filao (C. equisetifolia) est un arbre originaire d’Australie, qui a été introduit en Afrique dans les années 1930. . Du point de vue systématique, le filao se situe dans la classe des dicotylédones, dans la série des apétales, dans l’ordre des casuarinales et dans la famille des Casuarinaceae (DEYSSON, 1976 cité par FALL, 1994). Grâce à son symbiote fixateur d’azote, un actinomycète appelé Frankia, qui forme des nodules sur le système racinaire de l’arbre, le Casuarina peut développer sur des sols très pauvres. Il est très résistant au sel et aux embruns marins, ce qui en fait l’essence toute indiquée pour former une bande de protection sur le littoral. Mais le filao s’adapte mal à la baisse sévère de la nappe phréatique (en dessous de 3 m de profondeur) (Plan d’aménagement de la grande côte nord, 2005). Le filao ne supporte pas la présence, à moins de 50 cm de la superficie du sol, d’une couche imperméable argileuse, rocheuse ou latéritique qui gênerait la pénétration des racines et provoquerait en saison des pluies une saturation du sol en eau (Ndiaye, 1990 cité par Thiam 1998). Le filao est un arbre à croissance rapide qui peut atteindre 30 m de haut et 50 cm de diamètre (Snyder, 1992 cité sur le plan d’aménagement de la grande côte Nord). Cette essence héliophile a une croissance très rapide au cours des 7 premières années de sa plantation. Elle atteint son maximum de croissance vers 20 ans, après quoi elle diminue. Sa longévité est de 40 à 50 ans. Cet arbre forme un système racinaire dense susceptible de réduire l’humidité du sol. C. equisetifolia fleurit généralement deux fois par année : entre février et avril, puis entre septembre et octobre. Les fruits sont produits en juin et décembre. Les graines demeurent fertiles pour plusieurs mois et germent dans des sols humides et poreux. Cependant, dans la bande de filao, la régénération naturelle n’a pas été observée. Beaucoup d’étude ont été menés dans ce domaine. Cependant, les résultats obtenus ne permettent pas de comprendre 9 les difficultés de régénération naturelle de l’espèce. Selon une étude de Tamba et al., 2004 cité par Sow, 2008, l’épaisseur de la litière de filao semble être l’obstacle principal de cette régénération. En revanche, l’étude de Fall, 1994, montre que plusieurs facteurs inhibent la germination tels que : – D’abord la période où les graines tombent se situe pendant la saison sèche (taux d’humidité faible) entre les mois de novembre, décembre et janvier. La probabilité pour qu’une graine germe est très faible. – Les graines de filao n’ont pas une longue durée de vie, et elles perdent très rapidement leur pouvoir germinatif. – Les graines qui tombent ne restent le plus souvent que sur la première couche de la litière et n’arrivent que très rarement au niveau de la limite de la première et de la deuxième couche. Elles n’aboutissent jamais sur le sable, substrat qui favorise la germination. – Le filao étant une plante à oléorésine, et contient la coumarine (essence) qui empêcherait la germination de ses graines et même celle d’autres espèces. Il est connu que sous le filao rien ne germe. Le filao peut aussi se reproduire par rejets de souches, comme on a pu le constater dans la bande. Ces rejets n’ont cependant pas fait l’objet d’un suivi à long terme permettant d’en déterminer leur longévité et leur résistance. L’absence de régénération naturelle et le fait que le filao a une longévité se situant entre 40 à 50 ans a permis d’entreprendre des essais systématiques à partir des années 1948 portant sur 27 essences différentes. Ces essais systématiques ont montré qu’à l’exception du filao, il n’existait aucune espèce susceptible de fixer adéquatement les dunes à bordure de mer, malgré les tentatives à partir de plants, de semis, de boutures et de plants repiqués (Maheut et Dommergues, 1959 cité par Gueye et al., 1991).

Historique de la mise en place de la bande de filao

 En 1925, la nécessité de protéger les cuvettes maraichères contre l’ensablement avait déjà été signalée par le service de l’agriculture (Faye 1993 cité sur le plan d’aménagement de la côte Nord, 2005). Ainsi, le filao a été largement planté depuis 1948 sur le littoral Nord pour fixer les dunes vives menaçant la zone de production des Niayes (Ndiaye, 1990 cité par Fall, 1994). L’historique de cette bande de filao long de plus 180 km est la suivante :  En 1948, près de Malika, les premières plantations sont réalisées par le service forestier de l’époque. Elles se situent à 100 m environ du rivage. Leur densité était de 1600 arbres/ ha selon Diop, (2000) cité par Sow, (2008).  Entre 1949 et 1959, les plantations se poursuivent dans les secteurs de Malika, Mbeubeuss et Lac Rose s’étendant sur 20 km, toujours réalisées par le service forestier;  Dans les années 60 et 70, de nouvelles plantations réalisées par le service forestier sénégalais, s’ajoutent dans le secteur de Cambérène et derrière les plantations existantes de Malika et de Mbeubeuss ;  En 1975, dans la région de Louga, à Lompoul plus précisément, zone communément appelé zone centre, a débuté le projet SEN-73/012 de Kébémer cofinancé par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) : 52 ha ;  En 1979 dans la région de Saint-Louis, l’ACDI (Agence Canadienne pour le Développement International) a financé le projet de fixation des dunes et de protection des cuvettes maraichères du Gandiolais, correspondant à la zone Nord : 50 ha ; 12  En 1981, dans la région de Thiès, représentant la zone Sud, le projet PL-480 de Kayar, financé par l’USAID (l’Aide Américaine pour le Développement) débute son programme de fixation des dunes : 400 ha ;  En 1988, l’ACDI prenait le relais du projet PL-480 et fusionnait, avec le projet conservation des terroirs du littoral (CTL) : 145 ha à Gandiol, 250 ha à Kébémer et 125 ha à Kayar. L’ensemble de ces interventions ont visé la fixation des dunes et la protection du domaine maraicher. Grâce aux efforts conjugués de ces projets, un cordon continu de plantation de filao, de 200 mètres de large, relie Cambérène à Saint-Louis (Fall, 1994).

Table des matières

INTRODUCTION
I-PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
I-1- Milieu physique
I-1-1- Le relief
I-1-2- Le climat
I-1-3- Les types des sols
I-1-4- L’hydrologie
I-2- Milieu Biologique
I-2-1- La végétation des dunes rouges
I-2-2- La végétation des dunes jaunes semi fixées
I-2-3- La végétation des dunes blanches littorales
I-2-4- La végétation des dépressions
II- REBOISEMENT DU LITTORAL NORD AVEC Casuarina equisetifolia (LA BANDE DE FILAO)
II-1- Botanique et écologie du Casuarina equisetifolia
II-2- Historique de la mise en place de la bande de filao
II-3- Textes réglementaires s’appliquant à la bande de filao
III- METHODES D’ETUDE
III-1- Recherche bibliographique
III-2- Enquêtes sur le terrain .
III-3- Cartographie
III-4- Traitement des données
IV- RESULTATS ET DISCUSSION
IV-1- Evolution de l’occupation du sol entre 1978 à 2015
IV-2- Activités observées dans le périmètre de reboisement
IV-2-1- Aviculture
IV-2-2- Maraichage
IV-2-3- Extraction de sable par les charretiers
IV-3- Analyse financière des comptes d’exploitation des maraichers et des aviculteurs
IV-3-1- Compte d’exploitation des maraichers
IV-3-2- Compte d’exploitation des aviculteurs
IV-4- Infrastructures touchant le périmètre de reboisement
IV-4-1- Prolongement de la Voie de Dégagement Nord III (VDN III)
IV-4-2- Cimetières de Guédiawaye
IV-4-3- Université verte à Guédiawaye
IV-4- Conflits et contraintes de gestion de la bande de filao
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

 

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