IMPACT DU PSORIASIS SUR LA QUALITE DE VIE
ET LE VECU A PARTIR D’UNE COHORTE DE
PATIENTS
Généralités
Définition
Le psoriasis est une dermatose érythémato-squameuse de cause inconnue. C’est une affection à composante génétique, entretenue par une réaction inflammatoire chronique et dont la révélation et les poussées sont provoquées par des facteurs environnementaux.
Epidémiologie
Le Psoriasis est une dermatose chronique touchant 1 à 3% de la population mondiale avec de grosses disparités géographiques. Sa prévalence varie selon des facteurs ethniques et environnementaux [15]. Au sein de la population européenne, on note des variations importantes avec une prévalence de 1,5% en Europe occidentale, tandis qu’en Europe centrale, comme en Norvège elle est de 5%. La prévalence est de 2,8% dans les Iles Faroe et 1,9% en Suède [17]. En France, cette prévalence varie de 1,6% à 2,3%, mais elle pourrait être sous-estimée car les études ne prennent pas souvent en compte les psoriasis apparaissant après l’âge de 60 ans [6]. Aux Etats unis, la prévalence globale est estimée à 3,15% ; des disparités sont observées entre les différentes communautés constituant la population. Ainsi, une prévalence plus faible est retrouvée chez le noir américain et l’asiatique [17]. En Afrique de l’Est, on observe des taux élevés au Kenya 2,8% tandis qu’en Afrique de l’Ouest les taux sont plus bas soit 0,08% au Nigéria et 0,4% au Ghana [41] Au Sénégal, une étude récente réalisée en 2009 fait état d’une prévalence de 3% chez les patients hospitalisés contre 0,3% chez ceux suivis en ambulatoire Le psoriasis atteint avec la même fréquence les deux sexes. Le sex-ratio est sensiblement égal à 1; L’âge moyen de survenue est variable, de l’ordre de 25 à 27 ans en général dans les études portant sur des échantillons importants comportant 5600 patients [6,15] et un peu plus précoce chez les femmes. Beaucoup d’auteurs ont par ailleurs remarqué une distribution bi, voire tri modale de l’âge de survenue du psoriasis avec un premier pic entre 12 et 27 ans, un deuxième pic entre 50 et 60 ans, le premier pic pouvant parfois se décomposer en deux extrêmes, l’un à la puberté et l’autre vers l’âge vers 30 ans [6]. L’âge de début de la maladie se situe autour de 2 pics qui ont servi à définir une distribution bimodale élaborée par les auteurs allemands : – le type I ou forme familiale à début précoce avant 40 ans qui représente 75% des patients. – le type II ou forme à début tardif après 40 ans qui se développe rarement en contexte familial.
Facteurs étiologiques
Facteurs génétiques Les facteurs génétiques sont clairement établis pour le psoriasis ceci grâce à l’existence de psoriasis familiaux (30%) et à la survenue concordante de la maladie chez les jumeaux homozygotes (70%) [8]. La maladie lorsqu’elle débute dans l’enfance est fréquemment liée aux antigènes d’histocompatibilité, en particulier HLA Cw6 et DR. Les gènes de susceptibilité au psoriasis seraient portés par plus de 20 régions chromosomiques. Neuf d’entre elles correspondent à des locus de susceptibilité .
Facteurs psychologiques
Le stress sous toutes ses formes et dans tous les domaines est très souvent mis en cause [21]. De nombreuses études ont été effectuées concernant l’éventualité de traits de personnalités spécifiques aux patients psoriasiques et ont conclu que le psoriasis n’était pas lié à des traits de personnalité spécifique. La plupart des états psychologiques observés chez les patients psoriasiques seraient réactifs à la maladie et s’améliorent sous traitement [16,24]. 1.3.1.3 Mode de vie Alcool : La consommation d’alcool influence l’expression du psoriasis [45]. Une étude menée par Barrucand D et al en 1997 portant sur une population hospitalisée pour alcoolisme (360 sujets) avait retrouvé parmi eux 23 cas de psoriasis soit 6,2% de la population d’étude. La prévalence du psoriasis apparait plus élevée chez les alcooliques que la population témoin. Tabac : un lien assez précis a été établi entre la survenue d’un psoriasis et le tabagisme au cours d’études cas contrôle, notamment par des consommations importantes au-delà de 15 cigarettes par jour. Le risque s’accroit avec la durée et l’intensité du tabagisme et diminue avec le sevrage [6]. Climat : il est possible que ce facteur joue un rôle sur la date d’apparition de la maladie, plus précoce dans les contrées peu ensoleillées, ce qui expliquerait l’apparition particulièrement rapide de la maladie aux îles Faroe.
Infections
Environ 50% des formes en gouttes de l’enfant seraient associées à des infections streptococciques en particulier les angines et les anites. Toutefois, il faut remarquer que les lésions, même aigues en gouttes ne sont en général pas blanchies par une cure d’antibiotique seul. L’infection par le VIH intervient également parmi les facteurs déclenchants les poussées de psoriasis. La prévalence du psoriasis serait deux fois supérieure à la prévalence générale chez les patients infectés par le VIH, avec notamment des formes cliniques particulières, plus sévères mais ceci est actuellement discuté [41,42]. 1.3.1.5 Les médicaments Certaines classes médicamenteuses induisent indiscutablement des poussées ou même l’apparition de la maladie, notamment les bétabloquants, le lithium, l’interféron α, les sartans et les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine, les AINS .
Physiopathologie
Les travaux récents sur la physiopathologie du psoriasis ont permis de définir la maladie comme le résultat d’un ménage à trois impliquant cellules dendritiques, lymphocytes T (LT) et kératinocytes ou le TNFα joue un rôle initiateur primordial. Le développement des lésions chez un individu sensibilisé fait suite à l’interaction de lymphocytes T spécifiques sur les cellules présentatrices d’antigènes cutanées (CPA). [30] Des taux élevés de TNFα sont retrouvés dans le sang et dans la peau du patient souffrant de psoriasis. Le TNFα produit au sein de la peau psoriasique agit à plusieurs niveaux pour constituer la plaque érythémato-squameuse. L’activation de la voie NF-kappaB est responsable de la production de très nombreuses molécules inflammatoires aboutissant à une cascade d’activation cellulaire impliquant des dizaines de cytokines et chimiokines. Ainsi l’image finale du psoriasis est due à un ensemble complexe d’événements dont la production de TNFα n’est qu’un élément déclenchant. [36, 60] De nouvelles données ont mis en exergue l’importance du locus LCE (Late Cornifed Envelope) situé en 1q21 et contenant plusieurs gènes LCE, identifiée par deux gros consortiums de recherche en Europe et en Chine sous la forme d’un lien génétique avec des polymorphismes mono nucléotidiques situés au sein de ce locus ou même avec des délétions emportant LC3B et LCE3C et pouvant entrainer des altérations de la barrière épidermique.
Psoriasis vulgaire
La lésion élémentaire permet le plus souvent de porter le diagnostic : il s’agit d’une macule érythémateuse et squameuse, arrondie, ovalaire ou polycyclique. Les éléments sont le plus souvent multiples, parfois diffus. Les macules sont de taille variable (quelques cm de diamètre) pouvant occuper de larges surfaces. La topographie a un grand intérêt pour le diagnostic marquée par une atteinte symétrique des surfaces exposées aux contacts extérieurs (zones bastion) : coude et bord cubital de l’avant-bras, genou et région prétibiale, région lombosacrée et cuir chevelu. Très souvent, le diagnostic est facilité par la présence d’une hypochromie liée à l’accélération d’un turn over épidermique, et qui constitue un signe de bonne valeur. Cette hypochromie peut intéresser l’ensemble de la lésion, ou une partie seulement, notamment sa périphérie (anneau de Woronoff).
Psoriasis des plis (ou inversé)
Les lésions siègent dans les plis : inter fessier, sous-mammaires, l’ombilic (très caractéristique) et plus rarement dans les plis inguinaux et la région génitale, les creux poplités ou les creux axillaires, voire les espaces interdigitaux. Lorsqu’il existe à distance des éléments psoriasiques caractéristiques, le diagnostic est aisé. Il est en revanche délicat lorsque l’atteinte des plis constitue à elle seule la totalité de la maladie. Cette forme doit être évoquée devant tout intertrigo chronique.
Psoriasis du cuir chevelu
Il réalise classiquement des plaques circonscrites d’une taille variable, prurigineuses, arrondies, bien limitées, couvertes de larges squames traversées par des cheveux sains. Dans la région antérieure, les lésions sont souvent plus humides, bordées à la lisière du cuir chevelu par une bande érythémateuse. Dans certains cas, le psoriasis réalise une véritable carapace recouvrant la totalité du cuir chevelu.
Psoriasis du visage
Il est rare et prend souvent l’aspect d’une dermite séborrhéique avec atteinte des plis nasogéniens. Les localisations à la conque et au conduit auditif externe sont classiques.
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