ETUDE PRELIMINAIRE SUR L’UTILISATION DES ANTIBIOTIQUES DANS LES ELEVAGES DE POULES PONDEUSES
Taille des Elevages
Notre enquête nous a permis de constater que l’effectif des pondeuses de la moitié des élevages visités (45 sur 80 soit 56,25%) est compris entre 1000 et 5000. Nos résultats sont supérieurs de 5% par rapport à ceux de NIYIBIZI en 2012 qui avait 51% des effectifs des élevages à Dakar compris entre 1000 et 5000. Cette différence peut s’expliquer par le fait que notre étude à été menée à l’approche des fêtes de fin d’année, période de forte vente des poules réformées et des œufs.
Existence d’un vétérinaire chargé de suivi
Nos résultats montrent que 82,5% bénéficient de l’assistance vétérinaire et 17,5% ne sont pas encadrés. BIAGUI en 2002 avait 22,95% d’élevages de poulets de chair ayant un suivi vétérinaire contre 77,05% n’en disposant pas. Cette différence de résultats peut s’expliquer par le fait que la durée d’élevage des poules pondeuses est très longue (74 semaines) comparativement à celle des poulets de chair (7 semaines) ce qui pousse les éleveurs à solliciter les prestations des docteurs vétérinaires. Cependant, malgré l’existence d’un suivi vétérinaire la notion de délais d’attente reste toujours inconnue par l’ensemble des éleveurs enquêtés.
Pathologies rencontrées
Les résultats obtenus montrent que la grande partie des fermes visitées (95%) a connu des problèmes sanitaires. Cela est dû au fait que notre enquête s’est déroulée pendant la période post-hivernale durant laquelle on observe beaucoup de cas de maladies. C’est le même constat que celui de CARDINALE en 2000 qui ajoute que les conditions climatiques de température (28°C) et d’hygrométrie (80 %) sont, en effet, des facteurs favorables au développement des pathologies. Les maladies rencontrées (Gumboro, Colibacillose, Salmonellose, Coccidiose) sont importantes et exigent l’utilisation des antibiotiques.
Relation entre problèmes sanitaires et respect du plan de prophylaxie
Il ressort de notre étude que 88,16% des éleveurs respectent le programme de prophylaxie (sanitaire et médicale). Ce résultat peut s’expliquer par le fait que la 18 quasi-totalité des fermes enquêtées disposent d’un vétérinaire chargé du suivi sanitaire, et par le fait que les oiseaux de races exotiques à haute productivité sont très peu adaptées aux conditions climatiques et très sensibles aux pathologies, et d’autre part, à la prise de conscience des éleveurs de l’utilité de cette prophylaxie dans la protection des oiseaux. Ces résultats sont similaires à ceux de PARE (2012) qui a trouvé que 89% des fermes de poules pondeuses de la zone périurbaine de Dakar respectent le programme de prophylaxie. Malgré la présence et le respect des programmes de prophylaxie dans la majorité des élevages, ils restent confrontés à des problèmes pathologiques. En effet, plus de la moitié des fermes enquêtées (63 élevages sur 80) sont confrontées à des pathologies parmi lesquelles la coccidiose occupe la première place, liée certainement aux mauvaises conduites d’élevage. Notre enquête a révélé malgré le respect du plan de prophylaxie médicale l’existence dans les élevages visités, de certaines maladies telle que la maladie de Gumboro, (maladie virale). La prévalence trouvée de cette maladie dans notre étude (14%) peut s’expliquer par le fait que, nous avons effectué une étude qualitative susceptible d’être affectée par des biais de réponses ; et d’autre part, aux erreurs de diagnostic. En effet, notre enquête a révélé que le type de diagnostic utilisé était majoritairement le diagnostic clinique qui peut s’avérer faux.
Principaux médicaments distribués et motifs de leur utilisation
Nos résultats montrent que les anti-stress sont les plus utilisés avec un pourcentage de 100%, suivis par les anti-infectieux avec un pourcentage de 95% et enfin les anticoccidiens avec un pourcentage de 87,5%. Nos résultats sont conformes à ceux de NIYIBIZI (2012) qui a obtenu 100% d’utilisation des antistress, mais sont supérieurs de 12% (83%) pour les anti-infectieux, et de 33,5% (54%) en ce qui concerne l’utilisation des anti-coccidiens. Toutefois, les résultats de ces deux études montrent que les anti-stress restent les plus utilisés dans les élevages avicoles. Compte tenu du fait qu’ils sont utilisés après chaque vaccination, chaque déparasitage ou pour le changement de local. Les différences de 12% et de 33,5% relèvent du fait que 95% de nos éleveurs contre 63,93% de ceux de NIYIBIZI (2012) sont le plus souvent confrontés à des pathologies d’où l’utilisation fréquente de ces groupes de molécules.
Dose administrée (posologie)
Nos résultats montrent que le taux des éleveurs qui disent respecter la dose prescrite est de 32,5%, ce qui reste faible malgré le suivi vétérinaire des fermes. Ce pourcentage laisse présager que plus de la moitié de nos élevages enquêtés pratique l’automédication ce qui peut entraîner de ce fait une inefficacité du traitement des oiseaux ou des résistances.
Voie d’administration des médicaments
De notre étude il ressort que la voie orale reste la seule voie d’administration des traitements aux oiseaux en masse. Cette voie est plus facile d’utilisation et offre la possibilité de distribuer de volumes importants à plusieurs oiseaux la fois, mais son utilisation requiert une bonne maîtrise du dosage.
Résultats de la recherche des résidus d’antibiotiques au laboratoire
Sans remettre en cause notre méthode de détection de résidus qui est une méthode simple et à la fois facile à réaliser, et économique car réalisable avec des réactifs peu couteux, il serait bon de souligner qu’elle n’est pas spécifique car elle ne permet pas de révéler la famille d’antibiotique en présence encore moins leur quantité et suppose une hygiène et une conservation adéquate des prélèvements, hors il est difficile de garantir l’absence des micro-organismes contaminants dans nos échantillons. L’utilisation des disques de tétracyclines nous laisse présager la présence de résidus de tétracycline. Au Burkina Faso, quelques investigations sur la présence des résidus d’antibiotiques dans la viande de bovins ont été menées. C’est ainsi que SAMANDOULGOU en 2013 a obtenu 31% d’échantillons positifs à la présence de résidus d’antibiotique par la même méthode que la notre dans les viandes bovines consommées à Ouagadougou. Cette différence peut être rapportée au fait que les poules pondeuses sont plus sensibles donc plus sujettes à des maladies, mais surtout due au fait que les antibiotiques sont plus utilisés dans les élevages avicole que bovins. Nos résultats sont également supérieurs à ceux de NIYIBIZI (2012) (77% contre 33%), cette différence pourrait être d’une part due à l’origine inconnue des œufs dans notre étude compte tenu du fait que le Burkina Faso importe beaucoup d’œufs en provenance du Ghana, et de la côte d’ivoire alors que les œufs analysés par NIYIBIZI (2012), provenaient directement des fermes enquêtées. D’autre part cet auteur a utilisé une autre méthode qualitative, le 20 Premi®Test ; méthode de détection rapide basée sur le changement colorimétrique. CORNEJO et al. (2010) ont rapporté que les résidus d’enrofloxacine sont détectables par la méthode HPLC jusqu’à huit jours dans le blanc d’œuf, et à 10 jours dans le jaune. DIOP (1991) a trouvé avec le test sur gélose Muller-Hinton que les résidus d’ampicilline persistent dans l’œuf entier jusqu’à 5 jours après traitement par voie orale. Lors de l’étude de MARCINCAK et al. en 2006, la présence des résidus de sulfadimidine a été détectée par le Premi®Test 8 jours après la fin du traitement. Cela nous permet de dire que les délais d’attente doivent être absolument respectés dans les élevages de poules pondeuses pour limiter les dangers que peuvent faire courir les résidus d’antibiotiques aux consommateurs d’œufs dans la ville de Ouagadougou. C’est pourquoi au terme de cette étude, une série de recommandations a été formulée.
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