EVALUATION DES REPONSES ANTICORPS DIRIGEES CONTRE LES SCHIZONTES DE PLASMODIUM FALCIPARUM
GENERALITES SUR LE PALUDISME
Le paludisme est une maladie très ancienne, en 3000 ans avant Jésus Christ, les Egyptiens en souffraient et en mourraient déjà. Cette certitude est issue de la découverte de Plasmodiums dans des momies (2). A peu prés à la même époque, soit à partir de 2700 ans av J-C, des cas d’accès palustres sont décrits en Chine. En 1630 le premier traitement à base d’écorce de Quinquina a été découvert par Don Francisco Lopez. En 1880, l’agent pathogène fut découvert par Laveran (3). En 1897, les moustiques Anopheles sont reconnus comme étant les vecteurs de la maladie et en 1922, les quatre espèces de Plasmodium infectant l’homme ont été alors décrites.Il faudra alors prés de 60 ans pour comprendre entièrement le cycle parasitaire et ses caractéristiques. En 1944, la chloroquine et l’amodiaquine, deux antipaludiques de synthèse très utilisés, font leur apparition. Malheureusement, dès 1960, des souches de P. falciparum résistantes à la chloroquine sont découvertes en Asie et en Amérique latine. En 1976, Trager et Jensen qui mettent au point la culture in vitro de P. falciparum (4). Cette importante avancée ouvre la voie aux approches moléculaires et immunologiques. Elle facilite aussi l’étude de nouvelles molécules antipaludiques. L’apparition sur le marché d’antipaludiques dérivés de l’artémisinine issu de la pharmacopée chinoise apporte un regain d’espoir dans le cadre de la chimiothérapie antipaludique. Il existe cependant une pression de sélection qui tend à l’apparition de chimiorésistance (5). C’est pour cette raison que l’OMS a recommandé en 2005 que ces dérivés d’artémisinine soient utilisés en bithérapie dans le but de limiter l’apparition du phénomène (6).
Epidémiologie
Les vecteurs
Les vecteurs du paludisme humain appartiennent au phylum des Arthropoda à la classe des Exapoda à l’odre des Diptera à la famille des Culicidae et au genre : Anopheles. Il existe plusieurs espèces. En Afrique tropicale, on retrouve 14 espèces d’anophèles vecteurs, dont 5 vecteurs principaux : An. gambiae s.s., An. arabiensis, An. funestus, An. nili s.l., An. mouchet (7). La durée de vie d’un anophèle adulte se situe autour d’une semaine à 10 jours pour un mâle et de 2 à 4 semaines pour une femelle en région tropicale. Outre l’absorption de jus sucré, la femelle fécondée a besoin d’un repas sanguin tous les 2 à 3 jours chez un l’homme. Elle trouve dans ce repas les éléments protéiques nécessaires au développement des ovocytes.
L’agent pathogène
Les agents du paludisme sont des protozoaires de la classe des Sporozoaires appartenant au genre Plasmodium. Cinq espèces de Plasmodium peuvent parasiter l’homme : P falciparum, P. vivax, P. malariae, P. Ovale et P knowlesi. P falciparum est l’espèce la plus pathogène. P knowlesi a été reconnue en 2008 par l’OMS comme la cinquième espèce plasmodiale pouvant conduire à une issue fatale chez l’homme (8).
Cycle de vie de P. falciparum
La phase asexuée chez l’homme
A l’occasion d’une piqûre infestante, l’anophèle femelle inocule à l’homme des sporozoïtes de Plasmodium. Ces derniers restent pendant une trentaine de minute dans la peau, la lymphe et le sang. Beaucoup sont détruits par les macrophages mais certains parviennent à gagner le foie. Ils pénètrent dans les hépatocytes pour y effectuer une multiplication asexuée et se transformer en schizontes pré-érythrocytaires ou «corps bleus». Au bout de 14 jours de maturation, l’éclatement de l’hépatocyte conduit à la libération de milliers de mérozoïtes. Les mérozoïtes gagnent alors le sang pour infecter les globules rouges et former des schizontes érythrocytaires. Avec l’éclatement du globule rouge il y a une libération de 16 mérozoïtes. Cette phase érythrocytaire dure 48 heures. Elle est responsable de fièvres rythmiques caractéristiques dues à la libération d’antigènes et à une hémolyse. Après quelques cycles érythrocytaires, certains mérozoïtes subissent pendant une dizaine de jours, une maturation avec différenciation sexuée en gamétocytes mâles et femelles.
La phase sexuée
Lors d’un repas sanguin sur un individu infecté, l’anophèle femelle ingère les différents stades du parasite. Les gamétocytes mâles et femelles parvenus dans l’estomac du moustique se transforment en gamètes. Le gamète mâle subit un processus d’exflagellation à la suite duquel les gamètes femelles sont fécondés. Il en résulte un zygote mobile appelé ookinète. L’ookinète mature traverse d’abord la matrice péritrophique, puis l’épithélium intestinal avant de se différencier en oocystes végétatives à la membrane basale de l’épithélium. Figure 1: Cycle de vie Plasmodium falciparum. Adaptée de (9). 5 Une division méiotique suivie de plusieurs mitoses aboutit au développement de sporoblastes, puis de sporozoїtes après 10 à 14 jours. L’éclatement de l’oocyste libère des sporozoїtes qui gagnent les glandes salivaires du moustique où ils pourront être à nouveau injectés chez l’homme avec la salive lors d’une nouvelle piqûre.(10). 3. Manifestations cliniques
Les accès palustres simples
Accès de primo-invasion: sujets non immuns. Le délai après la piqûre infectante varie entre 7 et 14 jours. On note une fièvre avec une température corporelle supérieure à 39°C, des frissons, sueurs, céphalées, myalgies, …. Des tableaux trompeurs : fièvre modérée (syndrome grippal), cytopénie isolée chez des sujets suivant une chimio prophylaxie incorrecte. Accès chez les sujets immuns Le portage d’infections plasmodiales asymptomatiques est fréquent dans les zones où la transmission est pérenne. Accès intermittents Ils se manifestent par des frissons, chaleur, sueurs, accès se répétant tous les 2 jours: fièvre tierce maligne à P. falciparum. Ces accès s’accompagnent d’une splénomégalie qui est le témoin de la prémunition, sa présence et son degré chez les enfants de moins de 10 ans constituent un des marqueurs du niveau
Paludisme grave
C’est l’ensemble des manifestations cliniques et biologiques du paludisme susceptibles d’engager le pronostic vital à brève échéance. Paludisme sévère de l’enfant Trois formes cliniques graves prédominent: le neuropaludisme, l’anémie grave, la détresse respiratoire. Les critères de gravité sont élaborés par l’OMS et pour le paludisme cérébral, on retrouve la profondeur du coma, les convulsions répétées, les parasitémies > 20% et l’hypoglycémie. Le neuropaludisme serait essentiellement la conséquence de la séquestration des hématies parasitées dans les capillaires de différents organes, en particulier du cerveau. Mais d’autres phénomènes interviennent comme la production de cytokines comme le TNF et l’IL-1 considérés comme des marqueurs de gravité de l’infection palustre .
INTRODUCTION |