Utilisation des antibiotiques dans les élevages de
poules pondeuses
Résidus des médicaments vétérinaires
Selon le règlement 2377/90/CEE, on entend par résidus de médicaments vétérinaires, toutes les substances pharmacologiquement actives, qu’il s’agisse de principes actifs, d’excipients ou de produits de dégradation, ainsi que leurs métabolites restant dans les denrées alimentaires obtenues à partir d’animaux auxquels le médicament vétérinaire en question a été administré (CEE, 1990).
Pharmacocinétique et résidus
Après administration d’une substance, elle subit successivement les étapes d’absorption, de distribution, de biotransformation et éventuellement de stockage sous forme de résidus, et enfin l’élimination par différentes voies (DIOP, 2003).
Elimination des médicaments vétérinaires
La vitesse d’élimination des substances antibiotiques varie selon les propriétés physicochimiques des composés et leur temps de demi-vie. L’élimination des antibiotiques se fait principalement par voie rénale et faiblement par voie digestive. Dans le cas des poules pondeuses, les œufs constituent une voie d’élimination importante des antibiotiques. Ce qui explique la limitation voire l’interdiction de certaines substances antibiotiques chez les poules pondeuses. Dans la Communauté Européenne (CE), les antibiotiques interdits chez les poules pondeuses sont les Bétalactamines, les Tétracyclines, les Sulfamides, les Diaminopyrimidines, les fluoroquinolones, les aminosides, les Phénicols, les Macrolides (BEN AZZEDDINE, 2009).
Risques sanitaires liés aux résidus contenus dans les denrées d’origine animale
La contamination des denrées alimentaires d’origine animale par les résidus présente des problèmes tant sanitaires qu’hygiéniques pouvant affecter la santé du consommateur. Cela peut être dû comme nous l’avons vu, au non respect des délais d’attente de ces médicaments vétérinaires. Le danger des résidus se manifeste dans les effets cumulatifs ou chroniques qui résultent de l’ingestion régulière des faibles quantités de substances toxiques. Les risques potentiels liés à la présence des résidus dans les denrées alimentaires d’origine animale sont de plusieurs ordres : 7 – Risque cancérigène – Risque allergique – Antibiorésistance – Foetotoxicité
Risque cancérigène
Les résidus d’antibiotiques utilisés en thérapeutique ou prophylaxie peuvent avoir un effet carcinogène sur le long terme, suite à une consommation régulière d’aliments contenant ces résidus (furannes) (VAN VUUREN, 2001).
Risque allergique
Les résidus des médicaments vétérinaires sont incriminés en allergologie humaine et peuvent être mis en cause dans certains accidents d’hypersensibilité chez les personnes allergiques en entrainant soit un effet sensibilisant soit un effet déclenchant (effet des pénicillines) (DIOP, 1991). Sur propositions de COOMBS et GELL, le comité mixte FAO/OMS (1990) reconnaît qu’en général la sensibilisation initiale d’un sujet réceptif a lieu après administration d’une dose assez importante de substance ayant un pouvoir allergique et qu’un contact ultérieur, souvent avec une dose beaucoup plus faible, peut provoquer une réponse allergique.
Antibiorésistance
La plupart des bactéries résistantes ont émergé suite à des modifications génétiques acquises par mutation ou par transfert de matériel génétique d’une bactérie résistante à une bactérie sensible. Il est généralement reconnu que les bactéries peuvent développer une résistance à pratiquement n’importe quel antibiotique en réponse à son utilisation. L’exposition à des antimicrobiens conduit à une multiplication sélective de bactéries résistantes qui peuvent persister et remplacer les bactéries sensibles (VAN VUUREN, 2001).
Foetotoxicité Les nitrofuranes sont soupçonnés de foetotoxicité. Certains sulfamides sont foetotoxiques à forte dose. Ces molécules passent dans le lait maternel, et sont toxiques pour les nourrissons de moins d’un mois (CHATAIGNER et STEVENS, 2003).
Paramètres fixés pour la protection du consommateur
La présence des résidus d’antibiotiques dans les denrées pose donc un véritable problème de santé. C’est pourquoi, certains paramètres sont mis en place pour protéger le consommateur.
1 Dose sans effet (DSE) C’est la dose de substance qui, administrée régulièrement pendant un temps suffisamment long n’entraîne chez l’animal d’expérience aucune anomalie (DIOP, 2003). Elle s’exprime en milligramme (mg) de substance par kilogramme (kg) de poids vif et par jour. Elle est déterminée par un ensemble d’expérimentations réalisées sur des animaux de laboratoire (BEN AZZEDDINE, 2009).
2 Dose journalière admissible (DJA) La Dose Journalière Admissible, que l’on appelle également dose journalière acceptable a été définie en 1973 par le comité mixte F.A.O /O.M.S. d’experts : c’est la dose qui, ingérée quotidiennement par l’homme, même pendant toute une vie, dans son régime alimentaire, ne doit produire aucun effet nocif quel qu’il soit» (BEN AZZEDDINE, 2009).
3 Limite maximale de résidus (LMR) La limite maximale de résidus est la teneur maximale en résidus légalement autorisée ou reconnue acceptable dans la denrée alimentaire. Elle s’exprime en mg/kg ou en μg/kg sur la base du poids frais (CODEX ALIMENTARIUS, 2010). Le tableau I montre la LMR de quelques médicaments vétérinaires dans les œufs.
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