EFFET DE LA LIBERALISATION DE LAPROFESSION VETERINAIRE SUR LA COUVERTURE VACCINALE DU BETAIL
Évolution de l’élevage dans le temps
Période coloniale – première république
Dès la période coloniale, l’importance de l’élevage pour le Soudan français a été démontrée avec la mise en place d’actions de préservation du capital cheptel par des activités de contrôle des principales maladies meurtrières du bétail. Pendant la première république, l’amélioration de la santé animale a continué à être la stratégie principale poursuivie pour le développement de l’élevage. Elle a consisté en l’organisation de campagne de lutte contre la peste bovine.
Elevage dans les années 80
La sécheresse de 1973 a fortement marqué l’élevage avec une perte de 80 % du cheptel des zones concernées, déstructurant ainsi les sociétés pastorales et incitant à une urbanisation contrainte accélérée. Dans ce contexte, la priorité a été donnée à la reconstitution du cheptel, la sécurisation de la production animale par des aménagements hydro agricoles en vue de satisfaire les besoins intérieurs en viande et produits animaux et d’exporter le bétail. La stratégie prévoyait une stratification de l’élevage en zone de naissance (zone sahélienne) et zone de ré-élevage (zones agricoles du sud). Cependant la stratification est restée à un niveau purement théorique et s’est heurtée à plusieurs contraintes : • la transformation rapide du milieu paysan avec le transfert de la propriété du bétail et l’occupation de l’espace, ce qui a contrarié considérablement les possibilités de complémentarités entre zones écologiques. • la rationalité économique des éleveurs qui n’avaient pas intérêt à se débarrasser de leurs jeunes animaux (MEP, 2004 b). Après la sécheresse de 1984, les objectifs ont été de protéger l’environnement et de préserver les ressources naturelles pour un développement durable, d’augmenter les exportations de bétail, de couvrir les besoins du pays en produits d’origine animale, d’améliorer et de sécuriser les revenus des éleveurs. Pour accompagner cette politique, l’état a créé en 1987 la première chambre d’agriculture, qui devait servir à représenter les paysans et à porter leurs doléances auprès des instances de prise de décisions. La loi portant création des chambres d’agricultures les définissent comme des établissements à caractère professionnel dotés de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Elles sont chargées d’assister et d’encadrer les paysans. Elles ont une mission d’information, de formation et d’appui/conseil. Les états généraux du monde rural organisés en décembre 1991, à la suite des changements politiques intervenus au Mali en mars 1991, ont été l’occasion pour les paysans de revendiquer l’adaptation de leur institution consulaire aux exigences et stratégies nationales de développement du secteur agricole. C’est dans cette perspective qu’il a été décidé par les autorités de restructurer la chambre d’Agriculture du Mali afin de la redynamiser et de l’adapter au nouveau contexte socio- politique, marqué par la démocratisation, la décentralisation, le désengagement de l’Etat et la responsabilisation de la société civile (MA, 2004).
Elevage de nos jours
Les systèmes d’élevage sédentaires tendent à remplacer les systèmes transhumants. A l’exception de quelques exploitations périurbaines « modernes » qui peinent à se développer, l’élevage au Mali est presque toujours pratiqué de façon extensive. L’alimentation des animaux repose sur l’exploitation des ressources naturelles et des résidus de récolte. Les troupeaux sont toujours très mobiles et la productivité ne s’est pas améliorée. Le Ministère Délégué Chargé du Plan annonce en avril 2002 une évolution des cheptels suivant un taux de croît de 3 % pour les bovins, 5 % pour les ovins et caprins. A contrario, PRADERE et al. (2008) trouvent une augmentation de 1,9 % du cheptel total au cours des dernières décennies.
EVOLUTION DES SERVICES CHARGES DE LA SANTE ANIMALE DANS LE TEMPS
Période coloniale
Le service de l’Elevage et des industries animales étaient directement rattachés au gouverneur du Soudan français et avait pour mission de combattre les grandes épizooties, de développer l’hydraulique pastorale et d’apprendre aux pasteurs les techniques d’exploitations du troupeau. Une station de recherche zootechnique fut crée dans les années 30 à Niafunké. 13 En 1939, une petite unité de recherche fut créée et placée sous la direction du service de l’élevage, elle fut incorporée en 1952 au laboratoire Georges Curasson de Dakar d’où provenait la majorité des vaccins vétérinaires. Lors de l’éclatement de la Fédération du Mali, le premier gouvernement en place entreprit la création du laboratoire vétérinaire de Bamako devenu le laboratoire central vétérinaire.
Première république
La première république a mis en place des structures dans le cadre de l’exploitation des ressources animales, notamment la société nationale d’exploitation des abattoirs et annexes (SONEA), la tannerie du Mali (TAMALI), l’union laitière de Bamako (ULB), l’abattoir frigorifique de Bamako et l’abattoir de Gao (mais jamais mis en exploitation). Il est important de noter que pendant ces deux périodes à savoir la période coloniale et la première république, tous les frais concernant la santé animale étaient totalement à la charge de l’état. III.3 Deuxième république Les années 1980-1992 marquent un tournant dans la gestion de la santé animale. Pressé par les plans d’ajustement structurels imposés par la Banque Mondiale et le FMI, l’Etat se retrouve à genoux et dans l’incapacité de s’engager dans des dépenses. Il cesse dès lors de financer la santé animale qui se retrouve à la charge des éleveurs. III.4. Troisième république Cette période a vu de nombreuses restructurations du Ministère en Charge de la Santé Animale. En 1997, il a été crée le Ministère du Développement Rural et de l’Environnement dont les activités d’appui au monde rural incluaient la vaccination. Cela, sous la responsabilité d’un vétérinaire, d’un agronome ou d’un forestier. C’était le temps de la globalisation. Il est apparu un conflit de compétences dans lequel les cadres favorisaient le développement des domaines où ils étaient spécialisés. Cela, le plus souvent à la défaveur de l’élevage, ce qui a laissé les éleveurs livrés à eux même. Le Ministère a été restructuré en Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, puis scindé en Ministère de l’Elevage et de la Pêche et Ministère de l’Agriculture et Protection des Végétaux. Le premier se partage en deux Directions nationales que sont la Direction Nationale des services Vétérinaires et celle des Productions et Industries Animales. Ces restructurations se sont faites sans appel de personnels et souffrent aujourd’hui de déficit en ressources humaines. La libéralisation de la profession de vétérinaire s’est faite sans mesure d’accompagnement, l’état n’ayant pas les moyens d’assurer l’installation des vétérinaires en prestataires privés, et le financement de la santé animale se retrouvant à la charge de l’éleveur. Actuellement, 95 % des dépenses de 14 protections animales et de santé publique vétérinaire sont à la charge de ces derniers (PRADERE et al., 2008). La politique de privatisation de la profession vétérinaire n’a pas atteint ses objectifs malgré l’instauration du système de mandat sanitaire par des arrêtés interministériel en 1996 et 1997 (arrêtés n°96-1367/MDRE-MFC-MATS-MJ et n°97-1559/MDRE-MFC-MATS-MJ). L’absence de rentabilité de l’acte vétérinaire est sans doute à l’origine du manque d’intérêt pour la clinique vétérinaire. Le dispositif actuel des unités vétérinaires et des mandataires ne couvre pas l’ensemble du pays, il en résulte une régression des niveaux de soins (actes vétérinaires et approvisionnement en médicaments) au risque de mettre en péril les acquis ((MEP, 2004a). Pour y pallier des ONG et des projets ont formés des auxiliaires de santé animale non reconnus juridiquement et travaillant sans statut. Actuellement, les services vétérinaires n’interviennent ni dans la formation ni dans le suivi des auxiliaires. Les vétérinaires et ingénieurs d’élevage installés en clientèle privée et titulaires du mandat sanitaire ont recours à l’aide des auxiliaires pendant les campagnes de vaccination contre la PPCB (DIOP et BESSIN, 2004). La privatisation de la profession vétérinaire a été suivit de la décentralisation. Celle-ci s’est faite sans transfert de compétences, conférant aux communes des attributions encore inconnues d’elles et cela dans tous les secteurs d’activités, notamment celui de la santé animale.
INTRODUCTION |