Dynamique de réseaux et systèmes de communication des acteurs du commerce transfrontalier
LES RELATIONS SOCIALES
L’espace transfrontalier est majoritairement habité par des Wolofs avec 86% qui constituent la population autochtone et il s’en suit les Peulhs 10% et les autres ethnies minoritaires avec 4% notamment les Sérères, les Mandingues et Man jacks. Ces deux dernières originaire de la Casamance qui se sont toutes installées de part et d’autre de la frontière. Cela fait que nous avons pratiquement les mêmes familles témoignant l’importance de la cohésion sociale qui règne dans zone transfrontalière, renforcée par des mariages croisés entre les différentes communautés, familles et ethnies. En effet la cohabitation à la frontière se déroule bien sans heurt, sans conflit particulier. Elle est d’autant pacifique que les populations entretiennent 41 Plan Local de Développement de la C.R de Médina Sabakh, 49 d’excellentes relations avec des liens de parenté très solide (cousinage entre les familles fondatrices des villages de Yalal Ba en Gambie et de Keur Ndary42 du Sénégal). Les habitants de la frontière quelque soit le coté où ils se trouvent, s’identifient à des « citoyens de la Sénégambie » Les investigations faites sur le profil historique montrent que les habitants vivant dans cette zone appartenaient au même peuple avec un passé commun. A titre illustratif, nous retrouvons les familles Touré entre les villages de Keur NDongo en Gambie et Falifa au Sénégal, on a la famille Gueye entre Keur Aly (Gambie) et Keur Ayib (Sénégal) enfin de même que la famille BA entre Yalal Ba en Gambie et Keur Ndary (Médina Sabakh) au Sénégal. Par ailleurs, la proximité géographique et les forts liens familiaux expliquent l’extension des relations sociales dans beaucoup d’autres secteurs. En effet l’observation sur le terrain suffit juste pour voir l’intensité des flux de toute nature qui traversent quotidiennement la frontière en créant ainsi un véritable dynamisme dans l’espace transfrontalier. Il s’agit : – Sur le plan sanitaire : on remarque que les patients se déplacent de part et d’autre de la frontière pour recourir aux soins aussi bien dans les structures sanitaires sénégalaise que gambienne. Cependant la fréquentation de ces structures sont déterminés par plusieurs facteurs liés notamment à la proximité, la qualité, le coût des soins ou encore l’accessibilité de la structure. A ceux-ci peuvent s’ajouter d’autres facteurs que l’on peut qualifié de mentale ou psychologique. – Sur le plan éducatif : le dynamisme de la zone transfrontalier se voit aussi dans l’existence des flux scolaires de la Gambie vers le Sénégal et vis versa. Cette situation est sous tendue par divers facteurs liés notamment aux différences et de la qualité des systèmes éducatifs, à la langue, aux liens de parenté, à la proximité mais aussi à l’existence dans la zone de plusieurs équipements polarisants. – Sur le plan économique : malgré les disparités de politiques économique et monétaire l’espace transfrontalier est le lieu de nombreux flux commerciaux. En effet, des échanges de toutes sortes de produits s’effectuent entre les populations à travers les marchés hebdomadaires situés le long de la frontière des deux pays créant un dynamisme impressionnant. Ils peuvent aller des produits agricoles, manufacturés à l’élevage. D’autres aspects non négligeable qui méritent d’être mentionner car jouant aussi un rôle déterminant 42 Keur NDary est une autre appellation de la C.R de Médina Sabakh. 50 sur le dynamisme de l’espace transfrontalier sont les migrations. En effet, la zone est marquée par d’importants mouvements pendulaires quasi-quotidiens. En effet les populations traversent journaliérement la frontière à la recherche d’emploi ou simplement pour vaquer à leurs activités professionnelles quotidiennes sur l’autre coté de la frontière. De ce fait, il est fréquent de voir tous les jours des gens quittés Farafenné ou les villages environnants pour venir travailler à Médina ou à Keur Ayib et vis versa. Il peut s’agir des domaines de la maçonnerie, la menuiserie, du transport ou encore du commerce. – Sur le plan administratif : la zone est marquée par l’existence d’importantes relations avec une collaboration étroite entre services publiques (autorités administratifs comme services de sécurité) Sénégalais et Gambiens dans l’exercice du pouvoir. A titre d’exemple les autorités des deux pays s’invitent mutuellement à travers des visites de courtoisie ou lors des fêtes d’indépendance. Par ailleurs, il est fréquent d’assister à des campagnes collectives de sensibilisation pour la prévention et la lutte contre certaines maladies ou épidémies. Tout cela pour montrer que les relations entre les deux administrations sont exemplaires.
LES RELATIONS CULTURELLES
L’espace transfrontalier Medina Sabakh-Farafénné se caractérise par son homogénéité culturelle .De peut et d’autre de la frontière les pratiques culturelles sont identiques. En effet ce sont les mêmes cérémonies familiales (mariages intercommunautaires, baptêmes, funérailles) et religieuses qui y sont célébrées. Il faut dire que les liens historiques ont une grande influence sur les relations culturelles avec des liens familiaux très forts. En témoigne l’intensité des mouvements de personnes pour les besoins de cérémonies socio-culturelles d’un coté à un autre. Aussi il est fréquent de voir un habitant provenant des villages de la C.R de Médina Sabakh (Keur Ayib, Siwol, Saksla) se rendre à Farafénni Yalal Ba ou dans les autres villages Gambiens environnant pour assister à un mariage, un baptême ou présenter des condoléances et vis-versa. Un autre exemple beaucoup plus édifiant est que chaque année, les habitants de Falifa organisent un « Ziarra » à Keur N’dongo, village en Gambie, qu’ils considèrent comme la terre de leurs ancêtres. Un autre exemple beaucoup plus révélateur qui confirme l’existence des relations entre peuples Sénégalais et Gambien est celui des habitants des villages de Keur Ayib (Keur Ali) qui enterrent leurs morts en territoire Gambien et vont y prier lors des fêtes de Korité et de Tabaski. Sur ce plan linguistique, la frontière marque une rupture dans l’usage 51 des français et de l’anglais. Cependant les langues nationales ont un caractère transfrontalier du fait du peuplement par les trois principaux groupes ethniques (wolof, mandingues et peulhs) de part et d’autre de la frontière. Toutefois, le wolof est la langue la plus parlée dans la zone avec cependant des différences dans la prononciation selon que l’on soit Gambien ou Sénégalais.
LE CADRE PHYSIQUE ET ORGANISATION DE L’ESPACE TRANSFRONTALIER
L’étude des phénomènes physiques se fait à travers une analyse des données climatiques, pédologiques, hydrographiques, végétales. Du point de l’organisation de l’espace, la zone transfrontalière est constituée d’un milieu rural et d’un milieu urbain.
LES CARACTERISTIQUES PHYSIQUES
Les données physiques sont constituées par le climat, l’hydrographie, la végétation et les sols.
LES ASPECTS PHYSIQUES DE L’ESPACE TRANSFRONTALIER
Le climat
Le climat a comme caractéristique principale l’alternance de deux saisons : – La saison sèche plus longue qui s’étend de novembre à mai. Pendant ce temps, la zone est sous l’influence de deux vents : L’alizé maritime, qui souffle sur la zone de novembre à février. Il est à l’origine d’un adoucissement des températures qui tournent autour de 22° à l’ombre. L’harmattan qui est un vent chaud et sec, soufflant du nord au sud, de mars à mai. Il est à l’origine de la forte canicule enregistrée dans la zone durant cette période. Les températures peuvent atteindre 40° à l’ombre. -L’hivernage, qui s’étale de juin à octobre. Cette période coïncide avec la prédominance de la mousson venue du sud-ouest, et qui est à l’origine des précipitations enregistrées dans la zone. Ces dernières sont assez abondantes avec des moyennes annuelles variant entre 750 et 800mm.
L’hydrographie
Le réseau hydrographique de la zone est composé des affluents du fleuve Gambie et de plusieurs autres mares temporaires ou permanentes. -Le Grand Bao-Bolon, il se trouve sur la rive droite du fleuve Gambie. Il arrose une bonne partie de la C.R de Médina Sabakh et plusieurs autres localités du département de Nioro. Ses eaux ont un fort taux de salinité car provenant de l’océan. -Le Petit Bao-Bolon qui est composé de plusieurs mares alimentées par les eaux de ruissellement (eaux douces). C’est pourquoi il s’assèche généralement un à deux mois après l’hivernage. Cependant, l’eau douce qu’il regorge donne lieu à des activités agricoles comme le maraîchage et l’arboriculture fruitière. -La zone compte plusieurs mares permanentes qui se trouvent généralement dans la partie gambienne de la zone étudiée. Ces mares sont très prisées par les troupeaux sénégalais.
La végétation
Elle est composée d’une strate arbustive très florissante. On note également l’existence d’une strate herbacée, composée de graminées, mais qui disparaît à la fin de l’hivernage. Il convient de préciser que la végétation est plus abondante dans la partie gambienne ou on note l’existence de plusieurs forêts. Nous avons par exemple la forêt classée de Pakala.
Les sol
La zone se distingue par sa diversité pédologique. En effet, elle est constituée de plusieurs types de sols, parmi lesquels nous pouvons citer : les sols decks, sols decks-dior, sols des bas-fonds, sols diors (sols ferrugineux tropicaux).
SIGLES ET ACRONYMES |