ASPECTS EPIDEMIOLOGIQUES, DIAGNOSTIQUES ET THERAPEUTIQUES DES TUMEURS
INTRODUCTION
La neurofibromatose de type 1 (NF1) ou maladie de Von Recklinghausen est une maladie génétique autosomique à transmission dominante sans prédominance de sexe, de race ou d’origine. Elle est due à une mutation du gène suppresseur de tumeur NF1, identifiée sur le chromosome 17 (17q11.2) [1, 2, 3]. C’est l’une des maladies génétiques les plus fréquentes avec une incidence d’environ un pour 3000 à 3500 naissances.La prévalence de la neurofibromatose de type 1 cliniquement diagnostiquée en occident varie de 1/2000 à 1/5000 dans la plupart des études en population [7]. En Afrique, très peu d’études ont été réalisées sur la neurofibromatose de type 1 et la revue de littérature fait surtout état de cas rapportés [8, 9, 10, 11]. L’expression phénotypique de la NF1 englobe plusieurs manifestations cliniques tumorales (bénignes, malignes) et non tumorales (peau, tissus nerveux, os et tissus mous) caractérisées par leur variabilité au sein d’une même famille [3, 12, 13, 14, 15]. Il s’agit d’une maladie progressive exposant tout au long de la vie à des complications très variées et parfois graves telles que le risque de dégénérescence maligne et les compressions tumorales d’organes internes [3, 6, 15, 16]. Cela implique une prise en charge multidisciplinaire avec des projets thérapeutiques à long terme, et un suivi adapté à chaque malade. Cette surveillance permet d’apporter au patient une meilleure information, un dépistage précoce des complications et une prise en charge globale de la maladie [3, 5, 11, 12]. Depuis la réunion de consensus du NIH en 1987 [17], des progrès importants ont été faits, sur la compréhension des caractéristiques moléculaires et cellulaires de la maladie mais aussi sur le suivi et la prise en charge thérapeutique. Malgré l’avènement de nouvelles méthodes thérapeutiques (laser, cryothérapie chimiothérapie, thérapies ciblées, radiothérapie) [18, 19, 20], 2 la chirurgie reste le traitement essentiel des manifestations tumorales dans la neurofibromatose de type 1 [21]. Elle fut longtemps refusée et critiquée sur l’idée qu’elle accentuait le risque de dégénérescence maligne des lésions et la croissance des autres neurofibromes. Cependant, elle permet d’améliorer la qualité de vie des patients grâce aux résultats fonctionnels et esthétiques. La prise en charge chirurgicale constitue l’une des méthodes thérapeutiques les plus accessibles dans nos contrées. Par ailleurs, aucune corrélation entre la chirurgie et la dégénérescence maligne des neurofibromes n’a été démontrée à ce jour [21]. Au Sénégal tout comme dans la plupart des pays africains, la neurofibromatose de type 1 est une pathologie peu connue au sein de la population [8, 22]. Les patients consultent le plus souvent devant l’apparition de complications telles que les manifestations tumorales malignes, un retentissement fonctionnel et/ou esthétique majeur à l’origine d’un véritable handicap social [8, 9, 10, 14, 21 23]. La surveillance des patients atteints reste problématique dans un contexte où les avancées thérapeutiques ne sont pas toujours accessibles à toutes les bourses [9, 10]. La prise en charge chirurgicale, est rendue difficile par la localisation de certaines manifestations tumorales (orbito-faciales, cou, rachis), et par le retard de consultation. Dans notre travail multicentrique, nous nous sommes intéressés aux aspects épidémiologiques, diagnostiques, et thérapeutiques, des tumeurs liées la Neurofibromatose de type 1 observés à l’institut Joliot-Curie de Dakar, au service de dermatologie de l’HALD et dans le service de neurochirurgie du centre hospitalo- universitaire de Fann. Notre étude comportera une première partie consacrée à la revue de la littérature et une deuxième partie rapportant notre travail.
La cellule de Schwann
Qu’ils soient ou non myélinisés, les axones des nerfs périphériques sont toujours entourés par des cellules de Schwann. L’ensemble « axone(s) et succession de cellules de Schwann » constituent le nerf périphérique. Selon les rapports entre les axones et les cellules de Schwann, on reconnaît deux types fondamentaux de fibres nerveuses périphériques : 5 • Les fibres nerveuses amyéliniques : dépourvues de myéline, constituées de plusieurs axones logés dans une invagination de la cellule de Schwann. • Les fibres nerveuses myélinisées : constituées par un seul axone autour duquel s’enroule la cellule de Schwann qui forme la gaine de myéline. Une cellule de Schwann myélinise un seul internode d’une seule fibre nerveuse périphérique. Les nœuds de Ranvier sont le siège d’un enchevêtrement cytoplasmique des deux cellules de Schwann adjacentes (figure 1). Dans les troncs nerveux, les fibres nerveuses se groupent en faisceaux. Chaque faisceau est limité par un périnèvre. À l’intérieur de chaque faisceau se trouve l’endonévre qui est un tissu conjonctif lâche comportant des fibroblastes dispersés, quelques mastocytes et de nombreuses micro-fibrilles de collagène orientées longitudinalement [28]. La modification génétique de la cellule de Schwann est la condition sine qua non à la formation de tumeurs. Les cellules de Shawnn présentent les mutations somatiques qui affectent l’allèle sauvage du gène NF1 [29]. C’est le type cellulaire prédominant dans les neurofibromes et les neurofibrosarcomes (jusqu’à 80% du contingent cellulaire). La perte d’hétérozygotie et une altération de l’activité Ras ont été détectées dans les cellules de Schwann des neurofibromes, mais pas dans les autres cellules des tissus tumoraux. Les cellules de Schwann isolées à partir de neurofibromes sont capables de promouvoir l’angiogenèse et sont invasives contrairement aux autres cellules des mêmes tumeurs et aux cellules de Schwann normales
LISTE DES ABREVIATIONS |