Economie du développement durable
Après avoir souligné que le développement et le bien-être ne se résument pas à la croissance économique, on montrera, en illustrant par des exemples, que le bien-être des populations résulte de l’interaction de quatre types de capital (naturel, physique produit, humain, social et institutionnel). On expliquera pourquoi l’analyse économique du développement durable, qui se fonde sur la préservation des possibilités de développement pour les générations futures, s’intéresse au niveau et à l’évolution des stocks de chaque type de capital (accumulation et destruction) ainsi qu’à la question décisive du degré de substitution entre ces différents capitaux. On évoquera, à l’aide d’exemples, les limites écologiques auxquelles se heurte la croissance économique (épuisement des ressources énergétiques et des réserves halieutiques, déforestation, augmentation de la concentration des gaz à effet de serre, etc.). On soulignera à ce propos que le PIB n’a pas été conçu pour évaluer la soutenabilité de la croissance. Acquis de première : externalités, biens collectifs, capital social.L’analyse économique permet d’expliquer comment on fait des arbitrages. La vraie question est la question du choix du mode d’augmentation du bien être, sous contrainte de substituabilité du capital naturel aux autres types de capitaux. On est dans une logique d’arbitrage intertemporel : tout prélèvement sur l’environnement a un avantage présent en termes de bien-être mais aussi un coût futur en termes de dégradation, inversement la lutte contre le réchauffement climatique a un coût présent mais augmentera l’utilité des générations futures. Exemple : on découvre seulement aujourd’hui que le coût des centrales nucléaire doit intégrer le coût de leur démantèlement, ce qui va augmenter le prix de l’électricité. Mais entre temps, le bas prix de l’électricité permis par le nucléaire a créé des irréversibilités et il va falloir du temps pour changer nos modes de chauffage. Le rapport Stern sur le changement climatique donne une illustration de l’application du calcul coût-avantage à l’environnement. Il a été critiqué (notamment par William Nordhaus) en raison du poids trop important qu’il donnait aux coûts futurs de l’émission de gaz à effet de serre, traduit dans le choix d’un taux d’actualisation extrêmement bas. Pour N. Stern, c’est un choix qui résulte de l’application du principe de précaution. Plus l’incertitude est grande, plus la valeur actuelle des dommages climatiques futurs doit être élevée.
Le marché a une fonction d’allocation qui fonctionne assez bien mais qui produit de l’instabilité, des inégalités et qui a tendance à être myope. Par exemple, on n’obtient pas les mêmes résultats si on prend en compte le coût social, en plus des coûts privés, dans les calculs de délocalisation. L’Etat doit donc intervenir pour que l’objectif de durabilité soit atteint et la réponse doit être de type démocratique (Etat pas toujours bienveillant, rôle de groupes de pression…). Le choix à opérer a un caractère éthique et politique. Certains écologistes défendent une approche plus radicale (la décroissance…), mais cette problématique ne fait pas partie du débat des économistes qui pensent que l’amélioration du bien être des générations actuelles et futures est possible si on fait les bons choix. Le développement durable est l’un des enjeux majeurs des économies contemporaines. La préoccupation n’est plus seulement éthique (L’homme peut-il détruire la nature ?) mais aussi économique (peut-on continuer à avoir une activité économique sans ressource naturelle ?) et sociale (quelle société voulons-nous et quelle société laisserons-nous aux générations futures?).En effet, la croissance n’est pas tant un objectif en soi qu’un moyen pour permettre à chacun d’être heureux. L’introduction du bonheur ou du bien-être en économie nécessite d’élargir la notion de richesse ou de capital et de ne pas en rester au seul capital matériel. Nous verrons donc que certains éléments sont primordiaux pour notre bien-être, tel que l’harmonie sociale, la santé, l’éducation, la liberté politique, mais aussi l’environnement. Il est donc temps de ne plus raisonner seulement en terme de croissance, qui est un objectif quantitatif, mais en terme de développement, voire de développement durable qui sont des objectifs qualitatifs.Quels sont donc les principaux facteurs à prendre en compte pour mesurer le bien-être ?La croissance est-elle compatible avec la protection de l’environnement ? Autrement dit, peut-on concilier croissance et écologie ?Quelles sont les limites écologiques de la croissance ?Quels sont les aspects du développement durable ?
Quel lien entre croissance économique et bien-être ?
En bonne logique économique, une augmentation du revenu devrait se traduire par une augmentation de la satisfaction des individus.Paradoxe d’Easterlin : pourtant sur une longue période, Richard Easterlin montre que le niveau moyen de satisfaction déclaré par les individus reste à peu près constant, malgré l’augmentation spectaculaire des niveaux de vie et des dépenses de consommation.En effet, il ne faut pas seulement parler de croissance mais de développement.Pour définir le développement, citons François PERROUX, un grand économiste français du 20ème siècle : » le développement est la combinaison des changements sociaux et mentaux d’une population qui la rendent apte à faire croître cumulativement et durablement, son produit réel global » (in L’économie du XXè siècle, PUG, 1991). Autrement dit, le développement, c’est l’ensemble des changements sociaux et culturels qui rendent possible l’accroissement des quantités produites sur le long terme (c’est-à -dire la croissance économique).Le développement est donc une notion moins quantifiable que la croissance économique. Parler de développement, c’est se poser des questions sur ce que l’on fait des richesses produites grâce à la croissance : la santé de la population s’accroît-elle, par exemple (ce qui permettra à long terme d’avoir une main d’œuvre plus productive, ce qui contribuera à renforcer la croissance) ?Les deux termes ne sont évidemment pas équivalents. Avec » croissance économique « , nous sommes dans le quantitatif, on mesure ce que les hommes ont réussi à produire au cours d’une année et on observe l’augmentation de ces quantités produites. Le » développement » inclut la réflexion sur ce que l’on fait de ce qui est produit et sur les transformations des structures économiques et sociales que la poursuite de la croissance entraîne et implique.