ZONA OPHTALMIQUE
Le zona ophtalmique est défini comme une éruption vésiculeuse douloureuse dans le dermatome de la branche ophtalmique du Vème nerf crânien. Il est dû à la réactivation du virus varicelle-zona resté latent dans le ganglion de Gasser et touche la première branche du nerf trijumeau ou nerf ophtalmique de Willis (V1). Plusieurs enquêtes épidémiologiques ont montré que le principal facteur de risque du zona et des douleurs post-zostériennes (DPZ) est l’âge. Pour certains auteurs, le sexe féminin est aussi un facteur de risque du zona, en particulier chez les plus jeunes . L’incidence du zona est augmentée chez les personnes immunodéprimées (syndromes lymphoprolifératifs, traitements immunosuppresseurs et immunomodulateurs, infection par le VIH) . La morbidité du zona ophtalmique est liée aux douleurs post-zostériennes souvent prolongées et invalidantes, ainsi qu’aux complications oculaires, parfois responsables d’une altération définitive de la fonction visuelle [46]. La prise en charge du zona ophtalmique pose le problème de la reconnaissance à un stade précoce des facteurs de risque des formes compliquées, et celui de la mise en route d’un traitement adapté à la sévérité de l’atteinte [46]. Le zona ophtalmique est presque toujours douloureux en période aigue mais aussi fréquemment, à distance, sous la forme d’une douleur chronique chez un sujet particulièrement âgé mais non immunodéprimé. Ces douleurs post zostériennes font la gravité de la maladie par leur caractère persistant malgré les progrès des traitements antiviraux. En revanche, le risque de complications est plus important chez l’immunodéprimé [27]. Dans notre service, nous avions remarqué la survenue de cette pathologie chez des sujets de plus en plus jeunes, ce qui a motivé ce travail afin de rechercher d’autres facteurs de risque. 2 Notre travail a porté sur l’étude de dossiers des sujets diagnostiqués porteurs du zona ophtalmique au service d’ophtalmologie du CHAN. Le but de notre étude était de rechercher la présence d’autres facteurs en dehors de l’immunodépression qui pourraient intervenir dans l’apparition du zona et d’apprécier les complications oculaires chez ces malades.
RAPPEL ANATOMIQUE DU NERF TRIJUMEAU
Généralités
Le nerf trijumeau est la cinquième paire des nerfs crâniens et le plus volumineux avec un vaste territoire d’innervation. C’est un nerf mixte qui émerge du tronc cérébral, au niveau de la protubérance, sa racine se situe dans la citerne de l’angle ponto-cérébelleux. Il quitte donc le tronc cérébral par deux racines distinctes : une racine sensitive large et une racine motrice beaucoup plus fine, peu après son émergence du tronc cérébral, il s’élargit pour former le ganglion de Gasser. A ce niveau, on observe la réunion des trois branches périphériques du nerf trijumeau : le nerf ophtalmique (V1), le nerf maxillaire (V2) et le nerf mandibulaire (V3). Le nerf mandibulaire est un nerf mixte et les deux autres sont sensitifs. Le territoire sensitif de ce nerf sensitivomoteur est considérable, il est responsable de la sensibilité cutanéo-muqueuse de la face, et la composante motrice est destinée aux muscles masticateurs. Il a également un rôle neurovégétatif, sécrétoire, vasomoteur et trophique pour les téguments de la face. 5 Figure 1 : Ramifications du ganglion de Gasser [64].a A : ganglion de Gasser, B : nerf mandibulaire, C : nerf maxillaire, D : nerf ophtalmique et ses trois branches se dirigeant vers la fente sphénoïdale. Figure 2 : Les trois branches du nerf ophtalmique (V1) (vue ¾) .
Noyaux du nerf trijumeau
L’origine réelle du nerf trijumeau est constituée de plusieurs noyaux qui se situent dans le tronc cérébral : – un noyau moteur (ou noyau masticateur) : ce noyau est situé dans la calotte pontique, il est enfoui en profondeur en avant du 4ème ventricule au sein de la réticulée protubérantielle. Sa position est médiale par rapport au noyau sensitif principal du V. Les axones moteurs du trijumeau sont issus des cellules de ce noyau moteur, et traversent la protubérance d’arrière en avant et de dedans en dehors pour émerger à la face antérieure du pont en formant la racine motrice du trijumeau. – un noyau sensitif : il s’agit d’une grande structure qui s’étend sur toute la longueur du tronc cérébral et dans la moelle cervicale supérieure. Il est composé de trois sous noyaux distincts : le noyau spinal, le noyau principal et le noyau mésencéphalique.
Systématisation du nerf trijumeau
On distingue quatre segments du nerf trijumeau situés, respectivement, dans la fosse cérébrale moyenne, dans le cavum trigéminal, au bord supérieur du rocher et dans la fosse cérébrale postérieure.
Dans la fosse cérébrale moyenne Les trois branches terminales constituent le nerf trijumeau
Le nerf ophtalmique (V1)
Chemine dans la paroi latérale de la loge caverneuse et immédiatement, avant de pénétrer l’orbite par la fissure orbitaire supérieure, il se divise en trois rameaux : le nerf lacrymal, le nerf frontal et le nerf nasociliaire. Le nerf ophtalmique entre en rapport avec les nerfs moteurs de l’œil, notamment le nerf oculomoteur (IIIème paire), le nerf trochléaire (IVème paire) et le nerf abducen.
Le nerf maxillaire (nerf maxillaire supérieur) (V2)
Se dirige en avant en direction du foramen rond, par lequel il passera pour arriver dans la fosse ptérygo-palatine. Avant de quitter la fosse crânienne moyenne, il donne un rameau méningé qui innerve la dure mère.
Le nerf mandibulaire (nerf maxillaire inférieur) (V3)
Est la plus grosse des trois branches du trijumeau, il est composé d’une grosse racine sensitive et d’une petite racine motrice qui se dirigent immédiatement en bas et en dehors vers le foramen ovale. Après le passage de ce foramen, ces deux racines se réuniront dans la fosse infra-temporale.
Dans le cavum trigéminal (ou cavum de Meckel)
La loge trigéminale contient le plexus triangulaire, le ganglion de Gasser et les racines du nerf trijumeau. Elle repose sur une dépression osseuse de la face antéro-supérieure du Rocher.
Au bord supérieur du rocher
Au niveau du bord supérieur du rocher, le nerf trijumeau passe en regard de l’incisure trigéminale (ou incisure de Grüber). L’orifice postérieur du cavum est délimité en bas par l’incisure de Grüber et en haut par la grande circonférence de la tente du cervelet, laquelle contient le sinus pétreux supérieur.
Segment cisternal dans la fosse cérébrale postérieure
La portion du nerf trijumeau, entre son émergence du ganglion trigéminal et sa pénétration pontique, est appelée segment cisternal. Ce segment est aussi nommé portion rétro-gassérienne. La racine postérieure sensitive du trijumeau passe par la partie supérieure de la citerne de l’angle ponto cérébelleux.
INTRODUCTION |