Anaphore associative méronymique et ellipse

Anaphore associative méronymique et ellipse

Etymologiquement le terme ellipse (gr. elleipsis) désigne « manque ». Cette acception du terme nous conduit à considérer comme ellipses toutes sortes de phénomènes linguistiques allant des énoncés fragmentaires (Oui. Quelle catastrophe !, etc) à la présupposition, en passant par les formes dites lacunaires (synecdotes, métonymies, effacements, etc.). Avec la grammaire générative pour arrière-plan théorique, T. Shopen 1 propose une définition générale de l’ellipse fondée sur une notion de complétude. Ainsi, sera considéré elliptique tout énoncé incomplet du point de vue de sa forme interne. Selon ce linguiste, la complétude peut avoir deux aspects : un aspect structural, et un aspect sémantique :  La complétude structurale est la satisfaction d’un schéma phrastique acceptable pour la langue considérée, tandis que la complétude sémantique est la réalisation de tous les arguments associés dans le lexique à un prédicat quelconque.  Par ailleurs, Shopen évoque la notion de « complétude » comme étant une propriété interne des énoncés, par exemple, le prédicat manger suppose la présence de deux arguments. L’absence de l’un des deux arguments dans un discours engendre dès lors, selon l’auteur, une « incomplétude » et donc un cas d’ellipse. Chomsky1 établit un rapprochement entre la grammaire générative et les théories traditionnelles de l’ellipse. En effet, la distinction qu’établit Dumarsais entre « construction » et « syntaxe » sera mise en opposition avec « structure profonde » et « structure de surface » et c’est à cette structure profonde que revient le rôle de la restitution de la structure canonique.

L’approche interprétative de l’ellipse

Bilbiie G. définit l’ellipse comme étant « une relation entre une séquence de constituants dont l’interprétation requiert plus que ce qui est donné par les mots qui la composent et une expression inférée à partir du contexte extra-linguistique, qui fournit à cette séquence le (ii) Les éléments réalisés dans la structure elliptique doivent pouvoir être analysés comme argument, ajout ou prédicat du matériel manquant et l’interprétation d’une structure dite elliptique est toujours obtenue contextuellement, grâce à la présence d’un antécédent linguistique ou non linguistique, explicite ou implicite.  Dans le cadre de ce travail, nous nous intéresserons aux cas d’ellipse dans le cadre des énoncés comportant une anaphore associative méronymique où l’on assiste dans tous les cas à une structure lacunaire nécessitant pour son interprétation une restitution des éléments manquants . La récupération de ces éléments est susceptible de permettre l’inférence des liens méronymiques qui existent entre les éléments figurant en surface dans l’anaphore associative de type méronymique, tel est le cas de l’ellipse du complément du nom dans la structure N DE N, structure profonde qui caractérise la quasi-totalité des relations méronymiques.

Denis Le Pesant 1postule que pour l’interprétation des anaphores associatives la reconstruction de la suite elliptique est essentielle. Il précise qu’il existe des termes non prédicatifs qui sélectionnent un complément effaçable notamment les noms qui sont en première position d’un SN de forme un N de N [0], tels que : L’auteur propose une analyse de l’anaphore associative en général et l’anaphore associative méronymique de façon particulière en tenant compte des cas d’ellipse. Ainsi, la notion d’ellipse récupérable a permis au linguiste de distinguer deux grandes catégories d’anaphores associatives : Celles qui résultent d’un effacement d’anaphore fidèle et celles qui résultent d’un effacement d’antécédent d’anaphore fidèle. En d’autres termes, une opération de rétablissement de la suite la plus longue peut révéler qu’une anaphore dite associative est soit le reliquat d’un syntagme elliptique dans lequel une anaphore fidèle a été effacée, soit une anaphore fidèle dont l’antécédent a été effacé. Denis Le Pesant précise, dans ce cadre, que les effacements de l’un ou l’autre des deux éléments d’une relation d’anaphore fidèle sont soumis à de rigoureuses conditions. En effet, pour qu’une expression soit interprétée comme étant une anaphore fidèle à antécédent effacé, il faut que ce dernier puisse être reconnu dans le contexte proche. Le Pesant affirme à ce sujet que dans le dictionnaire de la langue française, le nom vitraux doit être considéré comme un nom de partie approprié de l’église, mais aucun dictionnaire d’architecture ne prétend que le nom vitraux signifie une des propriétés spécifiques du lieu de culte catholique à cause de l’effacement de nom du tout qu’il autorise, à condition que ce soit une anaphore fidèle dont l’antécédent est présent dans le contexte : Pour l’ellipse de l’antécédent de l’anaphore fidèle, elle intervient régulièrement dans le cas des verbes transitifs qui acceptent un emploi absolu et qui sélectionnent des noms appartenant à une classe d’objets sémantiquement très homogène, tel est le cas des verbes manger et boire qui sélectionnent respectivement la classe des <aliments> et celle des <boissons>.

 

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