UTILISATION DES ANTIBIOTIQUES PAR LES ELEVEURS DE BOVINS
Origine et modalités de transfert génétique de la résistance
La résistance bactérienne à un antibiotique est d’origine génétique. Les gènes de résistance se trouvent soit dans le chromosome (résistance chromosomique), soit dans un élément mobile, comme les plasmides, les éléments transposables ou les intégrons (résistance extrachromosomique). La résistance peut être soit naturelle, soit acquise [2]. La résistance naturelle ou intrinsèque : Elle est caractéristique de toutes les souches d’une espèce bactérienne, et est liée à l’absence de la cible sur laquelle agit l’antibiotique, ou à l’inaccessibilité de cette cible [19]. Elle délimite le spectre d’action des antibiotiques. Par exemple, la présence d’une membrane externe chez les bacilles à Gram négatif entraîne la résistance à diverses classes de molécules par imperméabilité (glycopeptides, macrolides, lincosamides, streptogramines, etc.) [20]. La résistance acquise : Elle est liée à la sélection, sous la pression exercée par les antibiotiques sur les bactéries, de micro-organismes ayant acquis des mécanismes de résistance [19]. Elle n’est présente que chez certaines souches de la même espèce ou du même genre ; dans certains cas, elle peut concerner la grande majorité de ces souches comme la production de pénicillinase chez le staphylocoque qui intéresse plus de 90 % des souches [20]. Les moyens d’acquisition reconnus sont soit une mutation spontanée, soit l’acquisition de gènes par un autre micro-organisme. La mutation chromosomique spontanée constitue un mécanisme de résistance aux antibiotiques chez environ 10 à 20 % des bactéries. Les gènes de résistance se situent dans le chromosome de la bactérie. Une mutation n’affecte qu’un caractère, et la résistance ne concerne généralement qu’un antibiotique ou qu’une famille d’antibiotiques ayant le même mécanisme d’action. La résistance bactérienne par acquisition d’information génétique exogène représente la majorité des cas isolés en clinique et s’observe aussi bien chez les bactéries à gram positif qu’à gram négatif. L’acquisition de nouveau matériel génétique peut se faire soit par échange direct de matériel chromosomique, soit par échange d’éléments 13 mobiles. Dans ce dernier cas, les gènes de résistance se trouvent dans un fragment d’ADN bactérien situé à l’extérieur et sur certains éléments mobiles du chromosome, tels les plasmides. Cette forme de résistance est transférable d’une bactérie à l’autre et même à des bactéries d’espèces différentes. Le transfert d’un seul plasmide augmente aussi le risque d’une résistance à plusieurs médicaments. Les gènes ou les groupes de gènes de résistance peuvent s’acquérir par transformation, transduction ou conjugaison.
Mécanismes de la résistance acquise
D’une manière générale, une bactérie peut échapper à un antibiotique de trois façons différentes : L’inhibition enzymatique : Le micro-organisme produit une enzyme qui détruit ou inactive l’antibiotique. La production enzymatique peut être induite par un facteur externe (un autre antibiotique) ou constante (non affectée par stimuli externes) [2]. La modification ou remplacement de la cible de l’antibiotique : La cible de l’antibiotique peut être modifiée suite à : – une mutation du gène codant pour la cible, – la synthèse d’une enzyme bactérienne qui modifie la cible, – la synthèse d’une protéine bactérienne qui se fixe sur la cible et la protège de l’action de l’antibiotique, – la synthèse d’une nouvelle cible, additionnelle, résistante à l’antibiotique, – une augmentation de la production de la cible pour les sulfamides ou le triméthoprime. La diminution de la concentration intracellulaire en antibiotique : L’absence de concentration intracellulaire, et l’inaccessibilité de la cible, est due : – Augmentation de l’activité des pompes à efflux : l’antibiotique ne peut atteindre son site d’action par pompage actif de l’antibiotique à l’extérieur de la bactérie (efflux). Les transporteurs d’efflux de plusieurs médicaments sont des composants normaux des cellules bactériennes et contribuent pour une large part à la résistance intrinsèque des bactéries à de nombreux agents antibactériens. L’exposition aux antibiotiques favorise une surexpression par mutation des transporteurs, entraînant une hausse de la résistance bactérienne
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