Caractérisation structurale et fonctionnelle du tissu adipeux périprostatique : implication dans le cancer de la prostate
Le cancer de la Prostate
Épidémiologie du Cancer de la Prostate
En France, le nombre de nouveaux cas de cancer de la prostate (CaP) diagnostiqués en 2018 est estimé à 50 430. Le CaP est le plus fréquent des cancers solides chez l’homme (25%). L’incidence du CaP a augmenté entre 1990 et 2005 suite à l’utilisation du dosage sanguin du PSA (Prostatic Specific Antigen) comme marqueur tumoral de détection. Par la suite le taux d’incidence a diminué jusqu’en 2015 et s’est stabilisée jusqu’à nos jours (figure 1). L’incidence du CaP varie avec l’âge des hommes. Avant 50 ans, l’incidence est faible avec un nombre de 46 CaP pour 100 000 hommes par an. Elle augmente progressivement pour atteindre son maximum dans la tranche d’âge 65-69 ans avec un nombre de 12083 (figure 2) (1). L’âge médian au diagnostic en 2018 est de 68 ans et le CaP survient dans environ 66% des cas après 65 ans (2) Figure 1 : Évolution de l’incidence du cancer de la prostate de 1990 à 2020 (figure personnelle produite à partir des chiffres de l’INCA, https://www.e-cancer.fr) 1990 2000 2010 2020 0 20000 40000 60000 80000 Année incidence (nbre nouveaux cas/ an) 6 Figure 2 : Taux d’incidence et de mortalité du Cancer de la Prostate selon la classe d’âge en France en 2015 (d’après l’INCA, https://www.e-cancer.fr) Dans le monde, le CaP est la 2ème tumeur solide la plus fréquente avec une incidence estimée standardisée par l’âge (IESA) de 23,6/100000 hommes, derrière le cancer du poumon (IESA 25.1). Il existe des grandes disparités entre les pays avec globalement une incidence très élevée dans les pays occidentaux. L’incidence la plus élevée est retrouvée en France dans le département de la Guadeloupe (183,6/100000) alors que la république de Bhutan a l’incidence la plus faible avec (0,9/100000) (IESA) (3) (figure 3). Figure 3 : Représentation de l’incidence mondiale estimée standardisée par l’âge du Cancer de la Prostate en 2020. En France, le nombre de patients décédés d’un CaP était de 8512 en 2015. Le CaP est la 3ème cause de décès par cancer. L’âge de médian de décès par CaP est de 83 ans, et près de 79% des décès concernent des hommes de 75 ans et plus. Dans le monde, le nombre de décès rapportés au CaP était de 359000 en 2018. Responsable d’environ 7% des décès par cancer, le CaP est classé 4eme cause de décès par cancer en 2018 derrière les cancers du poumon, du foie et de l’estomac chez l’homme (3). La mortalité du CaP est en baisse constante depuis les années 1990 et concerne désormais toutes les tranches d’âge en France. La variation annuelle entre 2010 et 2015 est estimée à – 3,7 (1). Cette baisse peut être attribué à plusieurs évolutions : tout d’abord l’utilisation du PSA a permis de diagnostiquer des tumeurs au stade localisé et donc accessible à un traitement curatif(4). De plus, l’émergence de nouvelles classes thérapeutiques a permis d’augmenter les possibilités de traitements et de prolonger la vie des patients métastatiques. Cela laisse une place importante, à un décès non spécifique chez ces patients qui ont une morbi-mortalité compétitive notamment cardiovasculaire très importante (5, 6).
Les facteurs de risque du Cancer de la Prostate
Les facteurs de risque de survenue d’un CaP reconnus sont (7, 8) : • L’âge : Comme détaillé dans la partie épidémiologie, l’âge est un des facteurs de risque les plus important dans la survenue d’un CaP (3). D’ailleurs, il est acquis que la plupart des hommes présentent un CaP au moment de leur décès. En effet, des données issues d’autopsies d’hommes décédés de causes diverses ont révélé la présence de lésions cancéreuses chez 70 à 90% des hommes à l’âge de 80-90 ans (9). • L’origine ethnique : Les populations de descendance Africaine ont un risque plus élevé de CaP. De nombreux mécanismes moléculaires sont étudiés pour tenter d’expliquer cette association (10). Par exemple, le taux sanguin de testostérone, le taux de mutations constitutionnelles et tumorales du récepteur aux androgènes ou les altérations du locus q24 répresseur de tumeur sur le chromosome 8 sont plus importants chez les hommes d’origine Afro Antillaise ayant un CaP (11-13). L’analyse génomique de tumeurs de patients d’origine Afro Américaine en comparaison avec une population de patient d’origine européenne, montre que les tumeurs sont 8 enrichies en cytokines pro-inflammatoires alors que l’activité du récepteur aux androgènes est diminuée (14). • Les pesticides tel que la Chlordecone (Képone) utilisée en Guadeloupe et en Martinique dans les bananeraies est un facteur de risque environnemental du CaP. Il semblerait que la substance toxique altère les métabolites actifs du gène Glutathione S-Transferase genes T1 (GSTT1) et favorise le développement du CaP (15). De plus la Chlordecone est un perturbateur endocrinien qui interfère avec les récepteurs nucléaires alpha et ß aux œstrogènes (ER) (16, 17) . Les récepteurs ER ⍺ favorise les effets néfastes des œstrogènes tels que la prolifération cellulaire, l’inflammation alors que les ER ß sont plus protecteurs contre le cancer avec des effets antiprolifératif et pro-apoptotique (18). L’interaction de la Chlordecone avec les ER entraine une activation des récepteurs ⍺ et un effet antagoniste sur les récepteurs B qui facilite la prolifération tumorale. • Les antécédents familiaux et la transmission d’anomalie génétiques concernant les gènes de réparation de l’ADN sont aussi reconnus comme des facteurs de risque du CaP. Un homme présentant une mutation germinale du gène BRCA2 présente un risque multiplié par 2,64 de CaP, associé à une diminution de la survie sans récidive et spécifique(19, 20). D’autres facteurs semblent être associés au CaP sans qu’ils soient encore clairement considérés comme des facteurs de risques mais plutôt des facteurs d’agressivité. • L’obésité : l’association entre obésité et CaP n’est pas clairement démontrée. Une méta analyse rapporte que l’obésité est associée d’une part à une diminution du risque de présenter un CaP localisé et d’autre part à une augmentation du risque de CaP de stade avancé (21). A l’inverse d’autres études infirment cette hypothèse du rôle de l’obésité dans le CaP (22, 23). Ce que l’on sait, c’est que l’obésité entraine une diminution du taux sanguin total du PSA. Ce marqueur tumoral est utilisé pour le diagnostic précoce du CaP avec d’ailleurs un seuil qui peut être adapté à l’âge, ou volume de la prostate (la densité du PSA) mais rarement à l’IMC (Indice de Masse Corporelle). Ainsi on peut supposer que les patients obèses ayant un taux de PSA plus faible ont des CaP diagnostiqués plus tardivement et donc à des stades plus agressifs (24). De façon similaire au cancer du sein, il est suggéré par des équipes que les variations de poids au cours de la vie pourraient être associé au CaP. En effet, l’obésité 9 d’un jeune adulte pourrait entrainer une diminution du risque de CaP alors qu’une prise de poids chez un adulte non obèse pourrait avoir l’effet inverse (25, 26).
I. LISTE DES ABREVIATIONS |