Prise en charge médicamenteuse des ostéoradionécroses
L’OSTEORADIONECROSE
Facteurs de risques de survenue de l’ostéoradionécrose
La littérature montre que le développement de l’ostéoradionécrose dépend de nombreux facteurs. Ces facteurs de risques sont regroupés en 3 grands types : patient‐dépendant, tumeur‐dépendant et traitement‐dépendant.
Facteurs de risques patient‐dépendant
Parodontopathie et hygiène bucco‐dentaire
Une hygiène dentaire précaire entraîne des problèmes dentaires carieux et parodontaux pendant et après la radiothérapie ce qui constitue une porte d’entrée infectieuse, de plus la conservabilité des dents est souvent compromise amenant souvent à leur extraction. Murray suggère qu’il existe une relation entre la présence de pathologie dentaire avant la radiothérapie et le risque de développer une nécrose mandibulaire. L’élimination des pathologies dentaires permet de réduire l’incidence de l’ostéoradionécrose, en particulier chez les patients dont la tumeur est adjacente aux dents. L’hygiène orale peut affecter la guérison des patients qui développent une ostéoradionécrose. Oh et al4 ont démontré que les patients qui possèdent une hygiène dentaire défectueuse ont 3 fois plus de risque de ne pas guérir d’une ostéoradionécrose. Des recommandations ont été établi pour l’hygiène dentaire avant, pendant et après la radiothérapie afin de minimiser le risque d’ostéoradionécrose.
Extraction dentaire
L’avulsion dentaire, qu’elle soit faite avant ou après la radiothérapie peut induire une ostéoradionécrose des mâchoirec . Cependant plusieurs auteurs considèrent que l’avulsion de dents non conservables, surtout en post irradiation, est le facteur de risque principale de développer une ostéoradionécrose recommandent un délai d’au moins 3 semaines pour réaliser les extractions avant la radiothérapie, de plus la réalisation d’extractions atraumatiques est fortement conseillée .
Intoxication alcoolo tabagique
L’abus d’alcool et de tabac est clairement identifié comme facteur de risque d’ostéoradionécrose par plusieurs études. Le tabac et l’alcool sont de puissants irritants tissulaires, ils peuvent augmenter considérablement le risque de dégradation de la muqueuse conduisant à l’ostéoradionécrose16. En effet la consommation de tabac augmente de risque de développer une ostéoradionécrose de 32 %17 et augmente le risque de subir une extraction dentaire avant la radiothérapie par 2 comparé aux non‐fumeurs et anciens fumeurs. La consommation d’alcool après la radiothérapie augmente le risque d’ostéoradionécrose de 3 par rapport au non buveurs19. Chronopoulos et al.20 ont montré que les patients qui continuent de fumer ou qui consomment de l’alcool sont plus susceptibles de développer un grade sévère d’ostéoradionécrose. L’alcool et le tabac potentialisent probablement les effets négatifs des autres facteurs, tels que la contribution à une mauvaise hygiène buccale. Cependant, il a également été observé que l’arrêt du tabac était un facteur de protection contre l’ostéoradionécrose, les patients qui arrêtent de fumer ont significativement moins de risque de développer une ostéoradionécrose Malgré ces informations la majorité des patients conservent leurs habitudes alcoolo tabagique, il est donc capital de bien insister sur la prévention pour accompagner au mieux ces patients. Dénutrition et IMC La prise orale de nourriture au cours de la radiothérapie peut être perturbée en raison de la perte de goût, des changements dans la quantité et dans la viscosité de la salive, et de la douleur provoquée par les mucites orales. La perte de poids qui en résulte conduit à une faiblesse, une inactivité, un découragement et une susceptibilité accrue à l’infection. Dans l’étude de Goldwaser et al23, pour chaque point augmenter au niveau de l’IMC, le risque d’ostéoradionécrose diminue de 27 %, sachant que les effets de la chirurgie, de la radiothérapie et de la chimiothérapie compromettent souvent l’état nutritionnel de ces patients.
Facteurs de risques tumeur‐dépendant Localisation tumeur initiale
La localisation primaire de la tumeur semble être un facteur primordial dans l’incidence de l’ostéoradionécrose. En effet, la fréquence de l’ostéoradionécrose varie selon la localisation de la tumeur par ordre décroissant : plancher buccal, trigone rétro molaire, langue, région amygdalienne et voile du palais. Ceci s’explique par le champ d’irradiation impliquant la mandibule qui est un os dense et compact le rendant radiosensible, et par les chirurgies agressives de type ostéotomie et/ou mandibulectomie pour la résection tumorale. Envahissement osseux L’envahissement osseux tumoral est un facteur de risque important, ce dernier agit façon directe du fait de la nécrose osseuse induite par la tumeur, de l’atteinte possible du pédicule alvéolaire inférieur, ou bien de manière indirecte du fait des thérapeutique chirurgicale nécessaire. Stade tumoral Selon plusieurs auteurs, le stade tumoral n’influence pas l’incidence sur le développement de l’ostéoradionécrose, excepté pour les tumeurs de stade T4 qui présentent un envahissement osseux ce qui augmente de façon notable le risque d’ostéoradionécrose.
I. INTRODUCTION |