URBANISATION ET DEVELOPPEMENT
GENERALITE SUR L’URBANISATION
Le phénomène d’urbanisation est très complexe du fait de sa globalité. De ce fait, une approche théorique s’avère nécessaire en premier lieu pour pouvoir comprendre et analyser les impacts de l’urbanisation dans un pays donné. Dans cette partie, l’objectif est de maitriser les différentes théories afférentes à l’urbanisation ainsi que les raisons qui engendrent cette urbanisation progressive. Mais le plus important c’est de connaitre réellement ce qu’est l’urbanisation.
Définitions de l’urbanisation
Il y a plusieurs définitions de l’urbanisation mais nous allons en retenir les suivantes : L’urbanisation est un processus de concentration d’une population dans un espace urbain qui est généralement une ville ou une agglomération de villes, une région de villes dite région urbaine. L’urbanisation peut se traduire aussi par la création de villes nouvelles. Elle peut résulter soit de l’exode rural, soit de mobilité inter-urbaine. Elle peut être anarchique et donner lieu à des bidonvilles périphériques, dans les pays qui connaissent des pénuries et une faiblesse de revenus, ou contrôlée et programmée.La deuxième définition est la suivante : L’urbanisation est un mouvement historique de transformation des formes que l’on peut définir comme l’augmentation de la population urbaine par rapport à l’ensemble de la population (exode rural). L’urbanisation est faite de préférence autour des villes existantes, généralement dans des territoires jugés attrayants ou pour des raisons culturelles et historiques (capitales) ou religieuse (La Mecque, Lourdes…), ou sur les zones commercialement, industriellement ou militairement stratégiques (ex : bases militaires). Certaines villes champignons sont nées autour de ports et d’industries positionnées autour de ressources minérales, énergétiques ou humaines (main d’œuvre bien formée, et/ou bon marché). L’urbanisation présente un caractère exponentiel (nettement avéré depuis les 3 Lexique économique, éditions Dalloz, 5e édition, 1995 3 années 1800) qui semble être vécu comme une fatalité par la plupart des gouvernements et aménageurs. Plusieurs indicateurs sont utilisés pour mesurer la concentration urbaine. Les informations les plus communément disponibles sont les statistiques de population et de population urbaine. Dans ce cadre, il convient tout le moins d’examiner distinctement : – Le taux d’urbanisation, qui représente le pourcentage de la population urbaine dans la population totale, il se calcule comme suit : (population urbaine/population totale) * 100 – Pour apprécier le degré de concentration et la hiérarchie urbaine, des « indices de primatie » peuvent être calculés. Le plus courant est l’indice de Jefferson (1939), qui est le rapport de l’effectif de population de la plus grande ville (P1) à celui de la deuxième (P2) soit : Ij = P1/P2. On peut aussi calculer l’indice de Stewart qui prend en compte les autres villes de rang inférieur, 3, 4, 5, …. n soit : Is = P1/(P2+P3+P4 … + Pn). Outre ces indicateurs, nous pouvons citer également : – L’indice de Herfindahl-Hirschmann, en abrégé IHH ou HHI est un indice mesurant la concentration du marché. Il est établi en additionnant le carré des parts de marché de toutes les entreprises du secteur considéré. Plus l’IHH d’un secteur est fort, plus la production est concentrée. On distingue habituellement trois zones : IHH inférieur à 1000 : secteur peu concentré, présentant peu de risques de problèmes ; IHH compris entre 1000 et 2000, avec un delta inférieur à 150 : zone intermédiaire, pouvant présenter des risques en présence de certains facteurs ; IHH supérieur à 2000, avec un delta supérieur à 150 : zone de risques importants – Coefficient de Pareto, L’indice de Pareto est défini formellement pour une distribution des revenus suivant une loi de Pareto. Dans ce cas, en notant Xmin le revenu minimal de la population observée, la probabilité qu’un individu ait un revenu supérieur à X est: (X/Xmin) –k où k est l’indice de Pareto 4 – Le coefficient de Gini est une mesure du degré d’inégalité de la distribution des revenus dans une société donnée, développée par le statisticien italien Corrado Gini. Le coefficient de Gini est un nombre variant de 0 à 1, où 0 signifie l’égalité parfaite (tout le monde a le même revenu) et 1 signifie l’inégalité totale (une personne a tout le revenu, les autres n’ont rien, cas extrême du maître et de ses esclaves).
Les raisons d’urbanisation
De nombreux facteurs historiques, politiques et socioculturels peuvent expliquer l’urbanisation croissante :
Les villes sont plus prospères
L’exode rural et le développement d’une société tournée vers l’industrie et les services ont fait des centres urbains la source principale d’emploi salarié. L’attrait culturel et politique des villes, en particulier des capitales, encourage l’arrivée de nouveaux habitants, malgré des hausses chroniques de loyers et du prix foncier. Ce prix encourage une densification des constructions et l’exploitation du sous-sol (stationnement, garages et commerces parfois)
L’attrait politique
Les décisions politiques relatives à l’aménagement du territoire encadrent le développement des villes existantes ou créent des villes nouvelles. Le plan d’occupation des sols (POS) ou plus récemment, le plan local d’urbanisme (PLU) assorti du projet d’aménagement et de développement durables (PADD) sont les principaux outils permettant aux collectivités d’appliquer ces politiques. Les techniques d’urbanisme orientent durablement l’occupation de l’espace dans les villes, les élus et techniciens étant par ailleurs confrontés à de nombreuses pressions contradictoires des habitants, commerçants, industriels, aménageurs…
L’attrait touristique
L’attrait touristique de certaines régions très ensoleillées, enneigées en hivers ou proche de la mer a conduit au développement d’un habitat dense. On parle de mitage ou 5 d’étalement urbain voire de bétonnage du littoral pour décrire une occupation progressive et inéluctable de certaines vallées et littoraux. Le terme de baléarisation désigne par exemple la construction d’immeubles fonctionnels sur l’inégalité de front de mer pour accueillir de façon massive les touristes. L’urbanisation détruit alors le paysage même qui l’a fait naître.
Les villes comme lieux d’opportunités
Et même si comparées aux campagnes les villes sont des lieux de risques plus élevés (densité, population, autosuffisance difficile, insécurité, inégalité…), ce sont aussi, dialectiquement, des lieux d’opportunités plus importantes en terme d’éducation, santé, emploi surtout, solidarité, droits… Cela explique les migrations inexorables vers les villes, qu’aucun gouvernement n’a jamais pu enrayer et qu’il faut au contraire favoriser et organiser. Par ailleurs, les villes peuvent se développer de façon horizontale ou verticale, voire les deux à la fois. Le développement horizontal est tantôt concentrique, dendritique, ou linéaire (fréquent dans les vallées, ou sur le bord d’axes importants), ceci en fonction du contexte biogéographique, politique ou historique (incluant des conditions historiques de propriété). L’urbanisme s’appuie généralement sur l’existant, sur le réseau de transport et sur un ou plusieurs centres de pôles (développement multipolaire).
– PARTIE I : APPROCHE THEORIQUE DE L’URBANISATION |