Chimiothérapie par sels de platine dans les cancers du sein métastatiques HER2-négatif
Epidémiologie
Le cancer du sein est un enjeu de santé publique puisqu’il représente le cancer le plus fréquent chez les femmes dans le monde devant le cancer colorectal et le cancer du poumon (1). Bien que l’incidence et la mortalité par cancer du sein tendent à diminuer ces dernières années, grâce à une détection précoce et des traitements de plus en plus adaptés, le cancer du sein reste la première cause de décès par cancer chez la femme dans le monde, chez la femme (1). En France, selon les données de l’Institut National du Cancer (INCa), en 30 ans, le nombre annuel de nouveaux cas de cancer du sein chez la femme a presque doublé. Il est passé de 30 000 cas annuels en 1990 à 58 459 en 2018, soit +1,1 % par an en moyenne. Près de 12 000 décès ont été recensés la même année (14% des décès féminins par cancer)(2). Néanmoins, le taux de mortalité diminue d’année en année (Figure 1). La survie nette standardisée sur l’âge est de 87% à 5 ans et de 76% à 10 ans. L’âge médian au diagnostic est de 63 ans et au décès de 74 ans. 7 Figure 2. Estimations nationales de l’incidence et de la mortalité par cancer du sein en France métropolitaine entre 1990 et 2018 (Volume 1‐ Tumeurs solides INCa). Chez les patientes présentant un cancer du sein initialement localisé, 20 à 50% développeront une rechute à distance. Au diagnostic, dans 5 à 10% des cas, le cancer est d’emblée localement avancé non résécable ou métastatique (3) (4). Une fois métastatique, le cancer du sein est généralement considéré comme une maladie incurable. Les principaux objectifs thérapeutiques sont donc le contrôle des symptômes et l’amélioration de la survie, et ce, avec le minimum de toxicités afin d’assurer la meilleure qualité de vie possible pour chaque patiente. Avant les années 1970, la médiane de survie globale pour les patientes présentant un cancer du sein métastatique était de 12 mois. Progressivement, celle‐ci augmente jusqu’à atteindre 20 mois dans les années 1990. Aujourd’hui le cancer du sein avancé a une médiane de survie globale d’environ 40 mois avec une grande différence selon le sous type : environ 42 mois pour les cancers hormonodépendants et près de 60 mois pour les cancers HER2‐positifs versus 14 mois pour les cancers triple négatifs. (5)
Le sein
Le sein est composé de différentes structures : la peau, comprenant le mamelon et l’aréole la glande mammaire la graisse le tissu conjonctif de soutien : contenant les vaisseaux sanguins, les vaisseaux lymphatiques, et les nerfs. La glande mammaire est divisée en quinze à vingt lobes, chacun composé de lobules, eux‐ mêmes composés d’acini et de canaux intralobulaires. Ces derniers se drainent dans les canaux galactophores au niveau du mamelon. Figure 3. Structure du sein (Source INCa). Ces canaux excréteurs comprennent deux couches cellulaires : ‐ la couche externe composée de cellules myoépithéliales ‐ la couche interne composée de cellules mucosécrétantes 9 Ces canaux sont limités en‐dehors par la membrane basale. Figure 4. Schéma d’une coupe transversale d’une alvéole mammaire. Le tissu mammaire est influencé par des hormones : l’œstrogène et la progestérone. Elles sont produites en quantité variable tout au long de la vie (puberté, grossesse, allaitement). Le cancer du sein est une maladie multifactorielle. Outre le sexe (plus de 99% des cancers du sein touchent les femmes), les facteurs de risque les plus importants sont : l’âge : l’incidence augmente après 30 ans avec un pic entre 50 et 74 ans les antécédents personnels de certaines maladies cancéreuses (sein, ovaire, endomètre) les antécédents familiaux de cancers liés (sein, ovaire) la prédisposition génétique (en particulier les gènes BRCA1 et 2) l’exposition aux œstrogènes endogènes ou exogènes les antécédents d’hyperplasie atypique les radiations ionisantes l’obésité, l’activité physique limitée et la consommation d’alcool (6).
Classification
Classification histologique
Le cancer du sein est une tumeur maligne de la glande mammaire. La classification histologique divise les tumeurs en deux catégories : Les cancers in situ (non infiltrant) : lorsque les cellules cancéreuses se trouvent à l’intérieur des canaux ou lobules sans franchissement de la membrane basale. Les cancers infiltrants : lorsque la prolifération tumorale dépasse la membrane basale et infiltre le tissu environnant, permettant l’invasion des vaisseaux sanguins et des canaux lymphatiques adjacents. Figure 5. Représentation du cancer du sein canalaire In situ et Infiltrant (d’après INCa, 2016). 11 D’après la classification de l’OMS 2017 : ‐ 75 % des carcinomes infiltrants sont de type non spécifique (NST) : anciennement appelés carcinomes canalaires infiltrants ‐ 5 à 15% sont des carcinomes lobulaires infiltrants ‐ 1 à 5% sont des carcinomes médullaires ‐ On retrouve plus rarement des carcinomes tubuleux, mucineux, cylindromes. Figure 6. Les différents sous‐types d’adénocarcinome mammaire (Malhotra et al., 2010 (7)). Lorsque le diagnostic de cancer est confirmé, la stratégie thérapeutique est guidée par le stade de la maladie et par les facteurs pronostiques : Le stade de la tumeur est défini par la classification TNM 8ème édition (Tumor, Nodes, Metastasis), établie par l’Union Internationale Contre le Cancer (UICC) et l’American Joint Committee on Cancer (AJCC). Elle est basée sur trois critères : ‐ T : Taille et infiltration de la tumeur : de Tx (tumeur non évaluable) à T4 ‐ N : Ganglions lymphatiques envahis ou non : de Nx (non évaluable) à N3 ‐ M : Métastases ou non de M0 (absence) à M1 (présence)
LISTE DES ABREVIATIONS |