L’ostéopathie : thérapie complémentaire dans Ia prise en charge des lombalgies aiguës
Introduction
La lombalgie aiguë commune représente le 4ème motif de consultation en médecine générale libérale selon la SFMG (1). Elle se définit par : une douleur ou inconfort localisé sous la 12e vertèbre dorsale et au-dessus du pli inter-fessier, avec irradiation possible au membre inférieur, mais ne dépassant pas le genou (2). C’est un problème de santé publique rencontré très fréquemment chez le médecin généraliste (3), soit plus de 2/3 de la population toutes catégories confondues ont eu, ou auront une lombalgie dans leur vie (4). Un article publié dans la revue de médecine libérale EXERCER en Mars 2018 indique que l’ostéopathie fait partie des prises en charge non médicamenteuses de première intention dans la lombalgie aiguë, même si son efficacité n’a pas été prouvée, son innocuité est mise en avant (5)(6). C’est alors sur la base de cette information qu’un travail de mémoire a été fait récemment, évaluant les connaissances et l’intérêt porté à l’ostéopathie dans les lombalgies aiguës, par les internes de médecine générale (IMG) des Bouches-du-Rhône. Ce thème nous paraissant intéressant à approfondir, nous nous sommes lancé dans un travail de thèse qui évaluerait cette fois les médecins thésés, sur la question: « L’ostéopathie: thérapie complémentaire dans la prise en charge des lombalgies aiguës. Connaissances et intérêt des médecins généralistes». La douleur est définie par l’OMS comme étant « une sensation et une expérience émotionnelle désagréable en réponse à une atteinte tissulaire réelle ou potentielle ou décrite en ces termes »(7). Cette sensation complexe est subjective et dépend du ressenti du patient, de sa tolérance personnelle, des facteurs environnementaux (conditionnement à un instant T), et psychologiques. Le but premier du médecin étant de la soulager, il a à sa disposition une liste de médicaments composée d’antalgiques, d’anti-inflammatoires et de myorelaxants. Ces traitements font partie des recommandations (8) mais ne sont pas adaptés à toutes situations (9) ni dénués d’effets secondaires. Le ressenti du patient grâce aux échelles officielles (EVA) reste le meilleur témoin de l’effet de ces traitements. Actuellement, nous nous voyons confrontés de plus en plus au contexte de méfiance des 3 patients face aux thérapeutiques médicamenteuses, qui les poussent à la recherche d’alternatives quand le résultat attendu n’est pas celui recherché (10). La « médecine allopathique » selon la définition littéraire du Larousse, est le mode habituel de traitement médical qui combat la maladie en utilisant des médicaments qui ont un effet opposé aux phénomènes pathologiques. La médecine « basée sur les preuves » ou « EBM » (processus systématique de recherche, d’évaluation et d’utilisation des résultats contemporains de la recherche pour prendre des décisions cliniques) côtoie aujourd’hui les techniques dites « alternatives » via les traitements médicamenteux cités dans les recommandations par l’HAS. En France, l’Académie Nationale de Médecine (ANM) classe l’ostéopathie au rang de « thérapie complémentaire » selon son rapport écrit en 2013 par son secrétaire et médecin, le Pr Daniel Couturier (11). C’est ce terme qui sera alors utilisé dans cette étude pour la définir. Selon la WONCA (12) le médecin généraliste doit fonder ses choix sur l’intérêt du patient mais aussi sur la gestion pertinente des ressources de soins en respectant la marguerite des compétences et la déontologie médicale (13)(14). Son objectif premier est de se placer au centre des souhaits du patient, de la science médicale et de ses connaissances, tout en restant en accord avec son éthique pour une consultation réussie. L’accès facile aux informations grâce à internet, rend notre travail d’autant plus pointu aujourd’hui car les patients se disent au courant. En effet, le « patient informé » est celui qui se présente chez son médecin en ayant déjà une idée du diagnostic, de l’étiologie, et du traitement nécessaire grâce à ses recherches. Le médecin semble perdre sa place de conseillé unique, et la communication médecin-patient peut être affectée et ainsi déboucher sur des difficultés (15). Cette évolution est compréhensible dans un contexte culturel marqué par le souci du corps et la responsabilité individuelle à l’égard de la santé (16)
Motifs personnels de consultations des médecins
Un codage des réponses a permis de définir différents thèmes pour les motifs personnels justifiant le fait que les médecins consultent chez un ostéopathe (tout confondus) et sont présentés sous forme d’un tableau (ci-dessous). Nous pouvons séparer les réponses en deux catégories: les douleurs et leurs convictions/point de vue quant à la pratique (28%). 36,5% des médecins rapportent consulter principalement pour rachialgies; et 14,6% pour douleurs articulaires non précisées. 15,8% consultent pour l’efficacité de la pratique. 12,1% sont intéressés par l’approche complémentaire de l’ostéopathie. Presque 5% des médecins ne soutenant pas l’ostéopathie ont tout de même répondu à cette question
Les médecins envoient leurs patients vers des ostéopathes
Parmi ces médecins qui consultent, 74,6% d’entre eux envoient leur propres patients consulter un ostéopathe, 13,43% ne les envoient pas, 11,9% le font rarement. Ils les envoient pour 68,9% chez des kinés ostéopathes, 52,7% chez des médecins ostéopathes et 41,9% vers des ostéopathes ni/ni.
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