Les nouveaux défis des fonds souverains pétroliers
L’Ifri est, en France, le principal centre indépendant de recherche, d’information et de débat sur les grandes questions internationales. Créé en 1979 par Thierry de Montbrial, l’Ifri est une association reconnue d’utilité publique (loi de 1901). Il n’est soumis à aucune tutelle administrative, définit librement ses activités et publie régulièrement ses travaux. L’Ifri associe, au travers de ses études et de ses débats, dans une démarche interdisciplinaire, décideurs politiques et experts à l’échelle internationale. Avec son antenne de Bruxelles (Ifri-Bruxelles), l’Ifri s’impose comme un des rares think tanks français à se positionner au cœur même du débat européen. OCP Policy Center est un think tank « policy oriented » qui a pour objectif, à travers des productions analytiques indépendantes, un réseau de partenaires et de chercheurs associés de premier plan et l’organisation de débats, de contribuer à fonder la connaissance et à éclairer la réflexion sur des questions économiques et de relations internationales centrales pour le futur du Maroc et plus largement pour le continent Africain. OCP Policy Center se veut être une plateforme ouverte de discussion et d’échange, un incubateur d’idées et une source proactive de propositions d’actions pour les décideurs politiques et économiques, et plus largement pour l’ensemble des parties prenantes au processus de croissance et de développement.
Marie-Claire Aoun est titulaire d’un Doctorat en Sciences économiques de l’Université Paris Dauphine (2008), auteure d’une thèse portant sur la rente pétrolière et le développement économique des pays exportateurs de pétrole. Elle débute sa carrière, dans le cadre de ses recherches doctorales, en 2004, au Centre de Géopolitique de l’Énergie et des Matières premières (CGEMP) de cette même université. Quentin Boulanger est chercheur et gestionnaire de programmes au sein de l’Institut pour l’efficacité énergétique d’Ukraine. Son travail porte sur la gouvernance énergétique multi-niveaux en Ukraine, et notamment sur la décentralisation. Il mène également des recherches sur la gouvernance d’entreprise et l’optimisation du cadre d’investissement afin de réduire les pertes dans le secteur énergétique ukrainien. Les fonds souverains sont souvent présentés comme un instrument efficace pour la gestion de la rente des hydrocarbures, permettant de réduire l’impact de la volatilité des revenus pétroliers ou gaziers sur l’économie, de dissocier les dépenses des revenus et de favoriser une gestion plus transparente de la rente. Avec l’envolée des cours du pétrole entre 2007 et 2014 et les réserves financières considérables accumulées par les pays producteurs d’hydrocarbures, la stratégie d’allocation des actifs est devenue plus complexe, basculant d’une logique de gestion de la richesse vers une logique d’investissement et d’optimisation financière. Ces fonds sont ainsi devenus des acteurs majeurs sur la scène financière et industrielle internationale. De plus, avec la découverte de nouvelles ressources d’hydrocarbures ces dernières années, notamment en Afrique, les stratégies des nouveaux fonds semblent s’orienter vers un nouvel objectif de développement économique local. Or l’effondrement imprévu des cours du brut ces derniers mois fait peser un nouveau risque sur certains fonds souverains alimentés par les recettes d’hydrocarbures, qui doivent venir au secours de leurs économies et se recentrer sur leur mission principale de stabilisation macroéconomique.
Alors que la création des premiers fonds souverains remonte aux années 1950, ces fonds d’investissement publics sont devenus des acteurs majeurs sur la scène financière internationale depuis les années 2000. Lors de la crise financière, l’implication de certains fonds souverains sur les marchés financiers internationaux fut sans précédent. Grâce à un horizon d’investissement à long terme, ces fonds ont fourni des liquidités aux marchés et ont permis de prévenir l’effondrement des places boursières, tout en soutenant plusieurs banques en difficulté telles que CITI Bank par l’Abu Dhabi Investment Authority ou Morgan Stanley par la China Investment Corporation1. En 2007 et 2008, les montants des actifs dans le secteur financier représentaient 42 % des investissements des fonds souverains (Kern, 2009). Cette montée en puissance a suscité de vives inquiétudes sur la scène financière internationale, en raison des effets de ces investissements, parfois dans des domaines stratégiques, sur les entreprises et sur les marchés étrangers. Le lien entre les décisions d’investissement de ces nouveaux acteurs et leur volonté potentielle d’exercer une influence politique était au cœur des préoccupations de plusieurs pays du G7, d’autant plus que de nombreux fonds souverains se caractérisent par une forte opacité Sur les 75 fonds répertoriés par le Sovereign Wealth Fund Institute en décembre 2014, 48 ont été créés après 2000, avec des recettes issues pour la plupart des exportations pétrolières, gazières ou minières. Cet essor est étroitement associé à l’envolée des cours du pétrole entre 2007 et 2014 ainsi qu’aux prix élevés des minéraux, se traduisant par des réserves de change considérables pour les pays producteurs. Un fonds souverain pétrolier est d’abord conçu comme un outil de gestion de la rente des hydrocarbures, permettant de réduire l’impact de la volatilité des revenus pétroliers ou gaziers sur l’économie, de dissocier ces revenus des dépenses et de favoriser une gestion plus transparente de la rente.