Les oligoéléments : rôle et conseils du pharmacien
d’officine
MECANISMES D’ACTION
Ils participent à une multitude de réactions chimiques en se comportant comme des catalyseurs. Ils interviennent dans les réactions enzymatiques, ils intègrent les structures moléculaires des hormones et ils ont une action sur les canaux ioniques. (5)
Activité enzymatique
Certains oligoéléments sont nécessaires à l’activité des enzymes en se fixant à elles selon deux schémas possibles : – Ils sont intégrés dans la structure moléculaire de l’enzyme et elle devient alors une métallo-enzyme. Leur liaison est forte et stable. L’hémoglobine qui intègre le fer à la protopophyrine, la vitamine B12 qui intègre le cobalt à la protoporphyrine ou encore le cuivre qui a la particularité de se fixer à plusieurs enzymes et qui entre dans la fabrication de l’élastine et du collagène via la lysyl-oxydase ou la synthèse des catécholamines via la dopamine beta-hydroxylase. Figure 1. Structure moléculaire du facteur de croissance du tripeptide-1 montrant des liaisons de cuivre centralement situées (Cu ++). IS University 2017 22 – Ils sont des cofacteurs et activent l’enzyme. Dans ce cas la liaison est faible puisque l’oligoélément est facilement dissociable de la structure protéique.
Activité des hormones
A l’instar des enzymes, l’oligoélément peut agir sur les hormones de trois façons distinctes : En tant que cofacteur et dans ce cas il est nécessaire à la synthèse de l’hormone. Le zinc avec la delta- 5 réductase intervenant dans le métabolisme de la testostérone. Il peut intégrer la structure moléculaire de l’hormone et lui donner une forme spatiale optimum pour être reconnue par son récepteur : l’iode et les hormones thyroïdiennes, le zinc et la thymine, le chrome dans la composition du facteur de tolérance au glucose en synergie avec la vitamine PP. Son action concerne le récepteur lui-même, soit il facilite la fixation de l’hormone. soit il l’inhibe. Le zinc maintient la structure tertiaire des protéines dites « en doigt de zinc » indispensable à la transcription en permettant la liaison du récepteur à son HRE (hormon response element).
Activité des canaux ioniques
Les canaux ioniques membranaires (Na+ , K+ , Cl- , Ca2+, Mg2+) sont à l’origine du passage de l’information dans la cellule. Les canaux potassiques et calciques sont antagonistes. La stimulation du canal potassique ou l’inhibition du canal calcique entraine une action hypotensive. Le manganèse inhibe l’entrée du calcium et donc la sortie du potassium. Le lithium inhibe le canal sodique s’opposant ainsi à l’activité excitatrice du sodium.
METABOLISME
Les OE ont un métabolisme mettant en jeu les transporteurs protéiques spécifiques pour franchir les membranes intestinales. Ils existent sous différentes formes : – Libres, ionisés ou non – Liés à des petites molécules plus ou moins solubles – Liés à des protéines spécifiques ou non spécifiques. Le transport peut être passif et se fait par diffusion simple ou active par liaison à une protéine. Toutefois il est rare de trouver des oligoéléments sous forme d’ions libres, ils sont 24 le plus souvent liés à divers transporteurs (le cobalt et la vitamine B12 sous forme de cyanocobalamine ou le chrome qui forme le facteur de tolérance au glucose avec l’acide nicotinique, le glycocolle, la cystéine et l’acide glutamique). (3) Leur stockage se fait le plus souvent dans le foie, mais aussi les reins, le tissu osseux et l’intestin. Leur élimination peut se faire par voie biliaire ou pancréatique (cuivre, fer, manganèse ou encore zinc) ou par voie urinaire (sélénium, chrome, iode et fluor). La sueur est également une voie d’élimination notamment pour le zinc, le sélénium, le cuivre.
INTRODUCTION |