Création d’un matériel orthophonique
Les Troubles du Langage Oral
Le DSM : un outil de travail
Présentation de l’outil Le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (en anglais : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) est un ouvrage édité par l’Association Américaine de Psychiatrie (en anglais : American Psychiatric Association). Sa cinquième version, appelée le DSM-5, a été publiée en mai 2013 aux Etats-Unis et proposée dans sa traduction française en juin 2015 (Crocq et al., 2016). Comme l’équipe de traduction le rappelle dans son avant-propos, le DSM-5 est un outil de travail à l’usage des professionnels, permettant l’usage d’un langage commun de base et guidant la pose de diagnostics. Il est destiné par nature à être périodiquement révisé et sa classification nosographique reste soumise au principe de précaution, ne devant pas être considérée comme l’ultime vérité en psychopathologie. Les codes de la CIM-9-MC et CIM 10- MC (Classification Internationale des Maladies, 9ème et 10ème révisions – Modifications cliniques) figurent avant le nom de chaque trouble. Des changements importants ont été apportés par rapport au DSM IV-TR, la version précédente éditée en 2000 et en 2004 pour la traduction française (Crocq & Guelfi, 2004), particulièrement dans le champ des troubles du langage oral. Ils portent sur la catégorisation, la dénomination et la description des troubles, ainsi que sur les critères diagnostiques (Avenet et al., 2016b).
Classification des troubles
Le chapitre des troubles neurodéveloppementaux ouvre la classification car ils sont considérés comme des processus se manifestant tôt dans la vie. Il se compose des troubles mentaux suivants : – Handicaps intellectuels – Troubles de la communication – Trouble du spectre de l’autisme – Déficit de l’attention/hyperactivité – Trouble spécifique des apprentissages – Troubles moteurs – Autres troubles neurodéveloppementaux Au sein des troubles de la communication, cinq catégories de trouble sont proposées : – Trouble du langage – Trouble de la phonation – Trouble de la fluidité verbale apparaissant durant l’enfance (bégaiement) – Trouble de la communication sociale (pragmatique) – Trouble de la communication non spécifié
Critères diagnostiques
Les critères diagnostiques des troubles ont une architecture régulière. – Critère A : notion de persistance du trouble – Critère B : notion de sévérité diagnostique (décalage entre l’âge attendu et l’âge réel, retentissement fonctionnel sur le quotidien) – Critère C : notion d’âge de début précoce du trouble – Critère D : liste des critères d’exclusion. Chaque trouble est notamment explicité par ses caractéristiques cliniques, un parcours développemental, les diagnostics différentiels et les comorbidités. Ainsi, pour les deux premiers troubles de la communication, le DSM-5 propose les critères permettant de guider le diagnostic de trouble du langage ou de trouble de la phonation (Figure 1). Le terme de « trouble phonético-phonologique » sera cependant préféré au « trouble de la phonation », car plus récent (Avenet et al., 2016a). Il intègre également mieux la complexité des intrications des deux dimensions articulatoire/sensorimotrice et phonologique/cognitivo-linguistique (Shriberg et al., 2019)
Les classifications et modèles neurolinguistiques
Approche princeps
La classification princeps est celle d’Isabelle Rapin, pédiatre et neurologue, et Doris Allen, psycholinguiste du développement. Elles proposent, dans une approche nosologique, d’apporter « un certain ordre conceptuel » au problème de développement du langage des enfants dysphasiques et autistes (Rapin & Allen, 1983). Suite à ces premiers regroupements, six profils symptomatologiques sont définis (Allen, 1989 ; Tuchman et al., 1991). Troubles expressifs : – Dyspraxie verbale – Trouble du déficit de la programmation phonologique Troubles affectant à la fois la compréhension et l’expression : – Déficit mixte réceptif-expressif ou phono-syntaxique – Agnosie auditivo-verbale Troubles du processus du traitement central et de la formulation : – Trouble du déficit sémantico-pragmatique – Trouble du déficit lexico-syntaxique L’étude statistique de Conti-Ramsden et Botting en 1997 combine les résultats d’une analyse de clusters (formés par le résultat de tests psychométriques verbaux et non-verbaux de 242 enfants de 7 ans ayant des difficultés de langage) aux données cliniques rapportées par leurs enseignants et orthophonistes (Conti-Ramsden & Botting, 2004). Cinq des six groupes dégagés recouvrent la classification de Rapin et Allen, leur « Cluster 2 » étant composé d’enfants qui obtiennent finalement des scores de tests dans la moyenne ; l’entité diagnostique « agnosie auditivo-verbale » n’est pas identifié dans l’étude (aucun enfant atteint de ce trouble n’étant présent dans la cohorte). Cette étude montre aussi que même si les profils de difficultés présentés par les clusters sont stables dans le temps, les individus peuvent s’améliorer sur un ou deux domaines langagiers et donc passer d’un groupe à un autre. Le trouble du langage n’est pas un état unitaire et statique, mais une difficulté dynamique qui évolue dans le temps du développement de l’enfant
Résumé |