ETUDE HYDROGEOLOGIQUE ET GEOCHIMIQUE
DE LA BORDURE SUD-EST DU BASSIN SEDIMENTAIRE
Les ressources en eau
Les ressources en eau ont fait l’objet de nombreuses études. Malgré cela, leur état n’est pas encore connu avec la précision qui est souhaitable, surtout dans le domaine des eaux souterraines, et des questions subsistent à l’échelle locale.
La répartition spatiale des ressources en eau n’est pas homogène
L’eau de surface est assez bien répartie dans la région, en raison de la bonne pluviométrie (entre 800 et 1200 mm) et de l’existence de sources nombreuses, surtout dans la zone sédimentaire. Les lacs et barrages sont également bien répartis. L’eau souterraine par contre présente de fortes disparités en terme de potentiel exploitable. La zone géologique sédimentaire dispose de loin des ressources les plus abondantes. Les roches aquifères y sont épaisses (plusieurs centaines de mètres) et productives : de nombreuses sources pérennes à gros débit sont alimentées par ces aquifères, dont la célèbre Guinguette qui débite 6000 m 3 /h, et certains forages produisent plus de 500 m3 /h. Une région particulièrement intéressante de ce bassin sédimentaire est la zone artésienne, où les forages naturellement jaillissants permettent des coûts d’exploitation et un entretien quasi nuls. Dans la zone sédimentaire, il existe aussi quelques régions restreintes moins favorisées où les débits sont plus faibles ou le niveau d’eau très profond ; dans quelques cas, les forages d’hydraulique villageoise ne sont pas exploitables ; il est probable que des forages plus profonds (plusieurs centaines de mètres), donc plus coûteux, capteraient un aquifère plus productif et en charge, mais cela n’a encore jamais été testé. 20 La zone du socle cristallin à dominante granitique, comme l’essentiel du Burkina Faso, recèle des ressources souterraines moins abondantes, très variables et plus difficiles à localiser, d’où un taux d’échec des forages qui atteint 20%. Dans cette région, les gros besoins ponctuels en eau (centres urbains, industries) sont plus difficiles à couvrir, et il est en particulier illusoire d’envisager l’irrigation à grande échelle à partir des eaux souterraines, du simple fait de la limitation de la ressource. Les débits moyens des forages dans le socle du Sud-Ouest sont de 5 m3 /h et les forages dépassant les 30 m3 /h sont exceptionnels. L’emploi intensif de la prospection géophysique n’a pas apporté les résultats espérés pour l’implantation de forages à gros débits et il n’existe pas encore vraiment d’autre technique de prospection et d’implantation franchement satisfaisante.
Les ressources environnementales
L’environnement lié aux ressources en eau est riche dans le Sud-Ouest. De nombreux sites présentent un intérêt réel sur le plan environnemental et touristique : la mare aux hippopotames, la forêt aux chauves-souris de Loumana, le lac de Tengréla, les barrages de Moussobadougou, Lobi, Toussiana, les chutes de Karfiguéla, de la Comoé, de Tourni, de Niofila, les forêts-galeries de la Comoé, les plaines inondables du Banifing, la Guinguette. Ces ressources environnementales subissent cependant la pression croissante des activités humaines. Les dégradations se situent à plusieurs niveaux : – La dégradation liée à l’accroissement démographique implique surtout la déforestation pour les cultures et le bois de chauffe, la disparition progressive des forêts-galeries. – La dégradation liée aux centres urbains et industriels met en péril la qualité des cours d’eau et des lacs, leur richesse biologique, et la qualité des eaux souterraines. – La déforestation réduit aussi l’infiltration et la recharge des aquifères. – La dégradation liée aux grandes zones agricoles, en particulier la zone cotonnière et les grands périmètres irrigués, est susceptible de mettre en péril la qualité des eaux de surface et souterraine par les divers intrants utilisés par ces activités. – La modification profonde des conditions environnementales sur les sites des grands barrages réalisés (Moussodougou, Lobi, Toussiana, Tourni, Douna, Navrinkpé) ou en projet (Diébougou, Samendéni, Folonzo, Noumbiel) a des impacts positifs et négatifs qu’il faut évaluer dans tous les secteurs environnementaux et socio-économiques.
La stratégie d’aménagement et de gestion des ressources en eau
Le Schéma Directeur doit s’attacher à proposer des actions concrètes pour améliorer les connaissances sur le fonctionnement naturel de cet environnement, sur les menaces qui pèsent sur 21 lui, sur les mesures de protection et de restauration économiquement réalistes, sur les acteurs qui doivent s’impliquer dans ces actions, et sur leurs modes de financements. Dans la stratégie globale d’élaboration du Schéma Directeur, un des principaux objectifs retenu est l’amélioration des connaissances, la gestion et la protection des ressources en eau. Les zones prioritaires d’action pour cet objectif sont : les foyers urbains, les zones d’action des grands aménagements hydroagricoles et hydroélectriques et de grande exploitation minière, les zones industrielles.Les nombreuses études menées jusqu’à présent, si elles permettent de localiser certains aquifères, n’indiquent pas par contre leur extension, ni leur fonctionnement, ni leur vulnérabilité. Globalement, deux conceptions hydrogéologiques sont confrontées (SALVAYRE, 1996); (DRAY, 1998) : – l’existence d’un seul et même aquifère circulant depuis la bordure sud-est du bassin de Taoudéni vers le centre de ce bassin en direction nord-ouest. Cette unicité résulterait de la fracturation existant dans la zone à tous les niveaux d’échelle ce qui favoriserait le mélange entre les différents niveaux producteurs de sorte qu’il ne reste plus qu’un seul aquifère. – l’individualisation d’un système multicouche avec des nappes individualisées dans les zones poreuses des différentes unités géologiques. 22 Outre cette interrogation, une autre question se pose au sujet des conditions d’existence d’un artésianisme localisé dans une zone (Kolokaka – Fon) à l’est et Banankoro à l’ouest, se prolongeant en territoire malien jusqu’à Sikasso.
Objectifs du travail de recherche
Le but de notre travail est d’apporter une contribution à ces efforts d’approfondissement de la connaissance des problèmes qui se posent aujourd’hui dans cette région, sous le rapport commun de la gestion des ressources en eau et le développement socio-économique. Mais il est surtout pratique, avant d’être théorique : « il s’agit de pouvoir anticiper l’avenir, en sachant prévenir les difficultés, les supprimer ou en réduire les effets dans cette région en forte croissance qui se prépare à y être confrontée ». Les objectifs poursuivis peuvent se résumer comme suit : – Faire le point sur l’état de l’art en matière de collecte des données dites hydrogéologiques. – Apporter une analyse critique et une interprétation des diverses données existantes (chimie, données de forages, hydrométrie, piézométries). – Intégrer les techniques isotopiques dans les schémas classiques d’investigations hydrogéologiques. – Intégrer les résultats chimiques et isotopiques dans le schéma de compréhension du fonctionnement des aquifères. – Donner des orientations pour l’élaboration de modèle de gestion des nappes.
REMERCIEMMENTS |