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L’expérimentation psychocorporelle : les études en psychomotricité
Voir « en soi-même »
Actuellement, l’acquisition de compétences dans la construction de l’identité professionnelle du psychomotricien en devenir, passe par l’exploration de son propre fonctionnement psychocorporel. Cette identité se constitue progressivement au cours des études, mais elle n’est pas seulement un catalogue de compétences, une accumulation curriculaire de savoirs et de savoir-faire, mais relève de tout un processus dynamique qui passe par l’exploration de soi couplé à la subjectivité. Ce travail d’aller « voir en soi-même » donne l’opportunité à l’étudiant de prendre contact avec ses éprouvés psychocorporels. A terme, l’équipe pédagogique entend amener l’étudiant à comprendre les différents concepts et à se connaître soi-même par l’émergence de vécus individualisés pour ensuite comprendre ce qui peut se jouer chez l’autre, qui sera un jour un patient. Cela nous contraint à analyser, verbaliser, s’interroger, mais aussi à douter. En réalité, qui songe un jour à voir d’un œil nouveau sa propre construction physique, psychique voire identitaire ? Ces propositions d’apparences anodines, où le rapport direct entre théorie et pratique n’est pas explicitement exposé, peuvent renvoyer à l’histoire personnelle, interroger nos croyances et nos positionnements socio-culturels. Ainsi, les liens théorico-cliniques et clinico-théoriques s’établissent avec plus ou moins de spontanéité, d’aisance et de célérité. Les échanges que nous avons eus, en particulier toutes les deux à ce sujet font partie de ce qui a fondé les bases de notre réflexion clinique psychomotrice et posent les jalons de la constitution de notre binôme étudiant, dans un contexte de découverte et d’expérimentation.
Émergence de la pensée
Au cours de ces trois années en psychomotricité, nous avons eu l’opportunité d’entretenir cette complicité, même si cette période a été marquée par les restrictions sociales imposées par le contexte sanitaire. C’est un point qu’il nous est essentiel de développer, car le fait d’être deux au sein d’une relation de confiance permet un échange mais autorise aussi l’émergence d’une distance qui permet d’accepter la pensée de l’autre et les désaccords.
Ces discordances ont introduit de l’espace et du temps entre nous, un décalage qui nous a permis de penser. Il s’est révélé intéressant pour la construction de l’identité professionnelle car, couplé à notre sécurité et tranquillité affective, il a permis la confrontation des points de vue et fait naître un espace de pensées singulières. Si nous étions restées cantonnées à notre amitié et aux concepts psychomoteurs, l’espace de pensées n’aurait pas émergé. C’est pourquoi cette complicité a pris une place à part dans l’élaboration de ce mémoire.
Nous pouvons rapprocher ce processus de celui qui permet au jeune enfant d’enrichir sa pensée dans un espace de séparation-individuation, à la condition qu’il ait été bien « attaché » pour pouvoir se « détacher » du lien fusionnel premier.
Journées Annuelles de thérapies psychomotrices : octobre 2021
En octobre 2021 se déroulait la 49ème édition des Journées Annuelles de thérapie psychomotrice sur le thème de l’observation et de sa place en psychomotricité. Nous avons eu l’opportunité d’y assister, en parallèle de notre formation initiale, et d’y découvrir la dynamique psychomotrice à plus grande échelle, bien qu’également perceptible au sein de notre institut de formation. Ces journées nous ont davantage ouvertes à l’importance de l’observation et de la nécessité d’objectivation d’une certaine subjectivité dans notre future profession mais également sur l’échange et la transmission entre professionnels, toutes générations confondues.
À la suite de cette formation, nous sommes parvenues à plusieurs conclusions. Premièrement, nous étions en accord pour dire que ce congrès a été déterminant dans notre réflexion de projet de mémoire sans en saisir immédiatement tous les aspects, que nous avions plutôt pensés comme individuel à cette date. Deuxièmement, au regard de la richesse des travaux cliniques et de recherches exposées, l’intérêt et la nécessité de faire de la recherche en psychomotricité afin de comprendre et de tenter de répondre à nos interrogations constituaient notre seconde conclusion de ces trois jours.
Frise chronologique 2 – Journées Annuelles de thérapies psychomotrices
Protection Maternelle et Infantile : stage d’initiation et d’apprentissage thérapeutique en binôme
Définition et historique de la Protection Maternelle et Infantile
La Protection Maternelle et Infantile, P.M.I, est un service créé à la suite de l’ordonnance n° 45-2720 du 02 novembre 1945 parue dans le journal officiel de La République Française en date du 05 novembre 1945. Cette décision judiciaire fait suite à un souci d’essor démographique français dans un contexte post Seconde Guerre mondiale. A cette période, la France fait face à une véritable urgence en matière de mortalité infantile : soit quasiment ¼ des naissances dans certains secteurs. Ce service, destiné à accueillir les femmes enceintes en prénatal et postnatal ainsi que les enfants âgés de 0 à 6 ans, constitue une nouvelle politique de santé publique. Le service va s’orienter en faveur d’un suivi médical complet et continu jusqu’aux 6 ans de l’enfant, de l’éducation maternelle, de l’utilisation du carnet de santé et en particulier la généralisation de la vaccination. C’est le 19 juillet 1962 que la P.M.I s’inscrit comme service départemental géré par la Direction Départementale et l’Action Sanitaire et Sociale, D.D.A.S.S, par l’action du décret n°62-840. Progressivement, ces services publics territorialisés, accessibles sans aucune condition et gratuits, vont accueillir les familles et favoriser les politiques de dépistage, de prévention et faire la promotion de la santé maternelle et infantile.
Plus récemment, la réforme de 2007 réaffirme l’importance de la protection et de la promotion de la santé maternelle et infantile. Puis, la loi du 14 mars 2016, loi n°2016-297, insiste sur l’importance de la coexistence des dimensions nationales et locales en termes de protection de l’enfance. Cette nouvelle loi affirme qu’il est nécessaire de sécuriser le parcours de l’enfant placé sous l’égide de la protection de l’enfance et en particulier d’adapter le statut de l’enfant confié sur le long terme.
Enfin, les activités des services de P.M.I sont déterminées à la fois par les directives sanitaires et sociales nationales mais aussi selon les besoins sanitaires et sociaux spécifiques de la population du secteur dans lequel se situent les centres. Dans ce cadre, il faut pouvoir tenir compte des réalités sociodémographiques et des vulnérabilités particulières des populations au plan local.
Missions et enjeux du service de P.M.I
La P.M.I répond à de nombreuses missions et obligations légales, inscrites dans une dynamique pluridisciplinaire.
Premièrement, les acteurs sont chargés d’assurer le suivi sanitaire global des enfants jusqu’à 6 ans ainsi que des femmes enceintes. Les acteurs de la P.M.I répondent aux missions afférentes à trois volets. Le premier volet est la protection infantile avec le suivi global de la santé des enfants de moins de 6 ans, la protection infantile et en particulier l’enfant en danger ainsi que le suivi médical des enfants confiés jusqu’à l’âge de 18 ans. Le second volet est la protection maternelle. Les acteurs assurent le suivi des femmes enceintes en prénatal et postnatal. Le dernier volet comporte le planning familial avec l’accès à la contraception et à l’Interruption Volontaire de Grossesse médicamenteuse (I.V.G). Ce volet prend également en considération les violences faites aux femmes.
Deuxièmement, les centres de P.M.I sont agréés pour le contrôle des assistants maternels, tant pour l’accord d’agréments que pour leurs formations initiales et tout au long de la carrière ; pour le contrôle des établissements d’accueil des enfants de moins de 6 ans. Il est à noter que les professionnels peuvent intervenir au sein du centre comme au domicile.
Troisièmement, le centre peut recueillir des informations épidémiologiques en santé publique et participer au traitement de celles-ci.
Enfin, les centres de P.M.I sont un lieu privilégié pour la diffusion de campagnes de préventions médico-sociales. L’article L. 2112-2 du Code de la Santé Publique indique que la P.M.I se doit de « contribuer […] aux actions de prévention et de dépistage des troubles d’ordre physique, psychologique, sensoriel et de l’apprentissage. La P.M.I oriente au cas échéant, l’enfant vers les professionnels de santé et les structures spécialisées. » Ainsi, la P.M.I peut être perçue comme une « plaque tournante » en orientant les usagers dans le parcours de soin.
Actuellement, le centre de P.M.I offre un service de proximité où les parents sont accueillis, écoutés, accompagnés et soutenus dans leur rôle de parent. La P.M.I assure un soutien à la parentalité, y compris dans des situations particulières complexes ou particulièrement difficiles liées à la migration, la précarité, la situation linguistique, les dysfonctionnements conjugaux ou l’éloignement familial… Autant de facteurs susceptibles de conduire à un isolement social, familial et parental.
Acteurs des centres de P.M.I
Au sein d’un centre de P.M.I, une équipe pluridisciplinaire de professionnels qualifiés, issus du champ médical, paramédical, psychologique ou social, œuvrent ensemble auprès des familles. Chacun y tient son rôle propre et un réel échange entre ces différents professionnels s’établit. Certains professionnels sont obligatoirement présents, leur nombre étant même déterminé au regard du nombre de naissances sur un territoire défini (puériculteur-trice, sage-femme par exemple). D’autres s’ajoutent à cette équipe « de base » en fonction de projets ou de fonctionnements spécifiques à chaque département (psychomotriciens par exemple).
Le travail en équipe s’articule en interne mais également avec les partenaires extérieurs à la P.M.I comme les écoles, les structures de soins telles que le Centre Médico-Psycho-Pédagogique (C.M.P.P) ou encore le Centre d’Action Médico-Sociale Précoce (C.A.M.S.P), ainsi que les médecins et psychologues scolaires.
Cet échange est primordial pour la continuité de l’accompagnement. Il faut pouvoir informer et soutenir les familles dans chacun des milieux dans lesquels elles peuvent être amenées à se trouver et y rencontrer des difficultés.
Présentation de la P.M.I d’accueil
Contexte socio-culturel : populations rencontrées
Nous effectuons l’un de nos stages longs en binôme au sein d’un centre de P.M.I. Ce dernier dépend du conseil départemental de Seine Saint-Denis.
Le centre de P.M.I dans lequel nous effectuons notre stage se trouve au cœur de quartiers dits « sensibles » où résident des personnes aux nationalités, origines géographiques, cultures et religions diverses. Cela constitue un aspect essentiel à prendre en considération afin d’accompagner, le plus justement possible, les familles. En effet, selon les populations, les représentations du soin, de la parentalité, de l’éducation, du handicap ou de la maladie varient considérablement. Cette dimension culturelle renvoie à la fois aux origines ethniques, aux transmissions familiales et au parcours personnel de chaque individu. Ainsi, le champ de l’ethnopsychiatre étudie les « […] désordres psychiques en fonction des groupes ethniques et culturels auxquels appartiennent les malades » (Le petit Larousse, 2022) et constitue un support d’intérêt dans l’accompagnement des familles suivies au sein du centre de P.M.I.
De surcroît, les familles rencontrées peuvent être confrontées à des situations extrêmement difficiles, associant parfois des parcours migratoires qui peuvent être terrifiants, des conditions de logement et économiques précaires, un isolement social et familial majeur. Les professionnels médico-sociaux ont à prendre ces aspects en considération pour assurer un accompagnement de qualité.
Locaux et personnels
Le centre de P.M.I est agencé comme suit : la grande salle d’attente, centrale dans la structure, est également une salle de jeu et un lieu d’accueil. Ainsi, cet espace est le lieu de rencontre privilégié où se rencontrent les différents professionnels, les enfants et les parents. Le bureau médical donne directement sur cette salle d’attente. Autour de cette salle centrale s’articulent les différents espaces de consultation et de travail : cabinets médicaux de protection infantile (pédiatrie) et de protection maternelle (gynécologie médicale et suivi de grossesse), salle de pesée, bureaux des psychologues, de la conseillère conjugale et des puéricultrices. Aux deux extrémités du centre se trouve la salle du personnel (appelée cuisine par l’équipe) et un petit hall d’entrée qui dessert la salle de psychomotricité, légèrement en marge du reste du centre, puisqu’aménagée dans l’ancien garage à poussettes.
Colorée, cette salle de psychomotricité offre un espace accueillant, ce qui semble primordial pour établir les bases d’une alliance thérapeutique à construire. Cela constitue un point central pour les débuts de l’alliance thérapeutique. En se positionnant sur le pas de la porte, nous distinguons sur la gauche un canapé à disposition des parents. En face, le bureau de la psychomotricienne est positionné devant un grand tableau blanc. De part et d’autre de ce bureau, se trouvent deux tables, de tailles différentes pour s’adapter à la stature des enfants, pour les activités graphiques telles que le dessin ou l’écriture. De surcroît, il est possible de disposer des tapis au centre de la pièce. Enfin, un large lavabo à hauteur d’enfant et plusieurs espaces de rangements sont disposés en périphérie. Nous pouvons y retrouver des modules de motricité globale, un toboggan, des perles, des jeux d’encastrements, des hochets, des puzzles, des jeux symboliques et du matériels sensoriels.
Au sein de cette P.M.I, plusieurs professionnels évoluent ensemble. Il est possible d’y rencontrer d’une part, l’équipe permanente constituée de deux puéricultrices, l’une directrice du centre et la seconde puéricultrice de secteur, ainsi que trois auxiliaires de puériculture. D’autre part, nous retrouvons l’équipe non-permanente qui rassemble une psychomotricienne, deux éducatrices de jeunes enfants, un psychologue, deux médecins de protection infantile, un médecin généraliste, une conseillère conjugale et familiale, un médecin de protection maternelle chargé de la gynécologie médicale et une sage-femme.
Être psychomotricien en P.M.I
Le psychomotricien
Je suis psychomotricienne… « Psycho quoi ? »
Cette question, bon nombre des psychomotriciens et étudiants en psychomotricité ont dû y faire face. D’ailleurs, il nous semble que cette question soit centrale dans la construction de l’identité professionnelle des psychomotriciens et leur identification par les autres professionnels comme par les patients ou usagers en P.M.I. Effectivement, définir le terme de « psychomotricien » est complexe. Nous allons donc tenter d’être concises et complètes dans notre définition de cette profession en plein essor.
Professionnel du paramédical et de « la relation humaine » (Potel, 2019, p.16), le psychomotricien intervient sous prescription médicale. Au carrefour d’un grand nombre de disciplines et de courants, comme le biomédicale, les sciences humaines et la psychologie, il peut être amené à exercer auprès de l’enfant prématuré jusqu’à la personne âgée. Ainsi, quel que soit l’âge du patient, sa pathologie somatique et/ou psychique et son étiologie, ou encore ses troubles, le psychomotricien pense le patient dans une dialectique entre l’organisme, comme équipement neurobiologique, et la subjectivité du patient en lien avec son histoire.
Le psychomotricien peut exercer dans différentes structures : en libéral, en milieu hospitalier, en centre de rééducation et de réadaptation, dans les centres médico-sociaux mais également dans les écoles et les entreprises.
Dès lors, entre éducation thérapeutique, prévention, thérapie et rééducation, le psychomotricien intervient lorsque les acquisitions psychomotrices sont retardées, lorsque les fonctions psychomotrices sont perturbées ou encore en présence de facteurs de risque susceptibles de mener à des troubles du développement psychomoteur. Pour cela, il établit un projet thérapeutique raccord au bilan psychomoteur effectué et accompagne le patient dans sa prise en soin au travers de médiations. Jouer, danser, bouger, sauter, tracer, coordonner, imaginer, symboliser et inventer, sont autant de verbes qui définissent les outils thérapeutiques du psychomotricien. La finalité est de soutenir le patient dans sa capacité à percevoir, agir, symboliser, être et être au monde.
Psychomotricien et P.M.I
Après avoir défini succinctement le psychomotricien et les soins en psychomotricité, nous allons nous focaliser ici sur ses spécificités en P.M.I. Pour cela, nous prendrons appuis sur l’approche du psychomotricien du département de la Seine Saint-Denis.
A la suite des travaux de S. Lebovici à la fin du XXe siècle à Bobigny, le profil de poste de psychomotricien en P.M.I va être élaboré, se déclinant entre trois champs d’activité : un tiers du temps en P.M.I, un tiers formation des professionnels et un tiers intervention en crèche.
En d’autres termes, le premier but du psychomotricien en consultation est la dimension préventive. Or à cette mission première, cède de plus en plus souvent, la place aux activités de dépistage, d’aide au diagnostic et au suivi d’enfants présentant des difficultés de développement de toute nature. A cela s’ajoute l’accompagnement des familles et l’orientation du parcours de soins. En termes de formation des professionnels, le psychomotricien propose d’apporter ses connaissances spécifiques, susceptibles d’enrichir les pratiques des différents professionnels de P.M.I, de crèches ou encore de l’Aide Sociale à l’Enfance, dans des champs liés au développement psychomoteur en particulier, ses déterminants et ses troubles éventuels. Il s’adresse à des professionnels de la petite enfance, mais aussi médico-sociaux (médecins, psychologues… mais aussi assistants maternels ou éducateurs spécialisés par exemple) vis-à-vis du développement psychomoteur et psychoaffectif de l’enfant. Enfin, il intervient en crèche pour participer à la réflexion sur les pratiques d’accueil en général (du portage à l’aménagement des espaces, des propositions d’installation au choix des jouets…), pour réaliser des observations d’enfants qui interrogent les équipes ou encore pour soutenir les équipes dans l’accueil des enfants en situation de handicap.
Sur notre lieu de stage, tout comme dans de nombreuses P.M.I, les consultations sont effectuées en présence du (des) parent(s). Plus encore, ils sont acteurs essentiels et déterminants de la prise en soin : ils sont à la fois des destinataires de ce soin en psychomotricité et des partenaires de ce dispositif de soin. Ce type de consultation permet également de proposer un accompagnement adapté aux besoins et aux attentes du (des) parent(s) ; après l’annonce d’un handicap par exemple.
En amont de la prise en soin à proprement parler, le temps de la rencontre est essentiel. En plus d’initier la relation thérapeutique dans une perspective d’alliance, ce premier temps de la prise en soin permet de comprendre la demande, de récolter des informations précieuses quant à l’histoire de vie de l’enfant et de sa famille, leurs conditions de vie, les éventuels antécédents médicaux et familiaux. Il est aussi l’occasion première d’observer les qualités relationnelles et interactionnelles entre le(s) parent(s) et l’enfant.
Le binôme en stage : regards croisés
Évoluant en binôme au sein de la P.M.I, ce stage a été le noyau de nos interrogations et de notre réflexion, constitutives de notre sujet expérimental.
*Nous avions chacune à cœur de réaliser un stage en P.M.I et au sein des quartiers défavorisés depuis la première année de formation. Après l’envoi de nos candidatures respectives, nous avons eu la chance de pouvoir intégrer la structure en binôme. Entretenant une relation amicale en dehors, nous avions des appréhensions quant à la réalisation de ce stage. Parviendrions-nous à travailler ensemble ? Allions-nous parvenir à distinguer milieu professionnel et personnel ? Parviendrions-nous à nous accorder dans l’accueil des familles ? Et dans la prise en charge ? Autant de questions qui, finalement, nous ont permis de nous découvrir dans nos postures de futures psychomotriciennes. Puis, notre maître de stage nous a offert un espace dans lequel nous avons pu expérimenter et prendre de nombreuses initiatives.
La situation de binôme apporte de nombreux avantages. En effet, cela nous permet d’échanger instantanément, puis à distance, sur les familles reçues en consultation. Nous pouvons partager aisément nos observations, nos ressentis, nos hypothèses mais aussi nos inquiétudes et nos interrogations. Cette double possibilité d’échange nous semble essentielle, d’autant que les situations rencontrées comportent parfois une charge émotionnelle majeure. Comme psychomotricien nous travaillons avec, comme matériel, notre corps propre, nos émotions, et un certain nombre de situations peuvent avoir un écho intime qu’il est d’autant plus nécessaire de travailler à distance et à plusieurs. Ainsi, ce binôme a-t-il, permis, nous semble-t-il, de faire émerger un espace d’échange et d’élaboration complémentaire à ceux existants avec le maître de stage, les professionnels du centre et dans le cadre de la formation. D’autre part, nous nous sommes confrontées à la question de la légitimité que nous pouvions avoir à accompagner ces familles, et cela à plusieurs titres : d’abord la légitimité en tant que stagiaire mais aussi en tant que non-parent, à accompagner la parentalité. Puis, où sont les frontières de la légitimité quand les représentations culturelles de la parentalité et les modalités éducatives diffèrent tellement d’une famille accueillie à une autre, très souvent d’origine étrangère ou étrangère ? Rapidement, nous avons pu déterminer un premier élément de réponse, qui est garant d’une culture et d’un fonctionnement social commun : celui de la limite exprimée par la loi.
Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I – GENESE DU PROJET – CONTEXTUALISATION ET PROBLEMATISATION
1. RENCONTRE SUR LES BANCS DE LA FAC
1.1 L’expérimentation psychocorporelle : les études en psychomotricité
1.1.1 Voir « en soi-même »
1.1.2 Émergence de la pensée
1.2 Journées Annuelles de thérapies psychomotrices : octobre 2021
2. PROTECTION MATERNELLE ET INFANTILE : STAGE D’INITIATION ET D’APPRENTISSAGE THERAPEUTIQUE EN BINOME
2.1 Définition et historique de la Protection Maternelle et Infantile
2.2 Missions et enjeux du service de P.M.I
2.3 Acteurs des centres de P.M.I
2.4 Présentation de la P.M.I d’accueil
2.4.1 Contexte socio-culturel : populations rencontrées
2.4.2 Locaux et personnels
2.4.3 Être psychomotricien en P.M.I
2.4.3.1 Le psychomotricien
2.4.3.2 Psychomotricien et P.M.I
2.5 Le binôme en stage : regards croisés
3. LA PREVENTION : CONCRETEMENT, DE QUOI PARLONS-NOUS ?
4. LA MALTRAITANCE INFANTILE
4.1 Définitions
4.1.1 Distinction entre violence et maltraitance
4.1.2 Définition de maltraitance infantile
4.2 La maltraitance infantile : états des lieux
4.2.1 En France
4.2.2 A l’international
4.3 Les types de maltraitances infantiles
4.4 Psychomotricien et maltraitance
5. DYSFONCTIONNEMENTS INTERACTIONNELS PARENT(S)-ENFANT
6. ÉLABORATION DES PROBLEMATIQUES ET DE LA QUESTION CENTRALE
6.1 Parent et parentalité
6.1.1. Généralités
6.1.2 Droits et devoirs du parent
6.1.2.1 Le droit français
6.1.2.2 Le parent : les obligations légales
6.2 Repérage des dysfonctionnements interactionnels significatifs et de la maltraitance : la question de l’intuition.
6.3 La singularité transdisciplinaire du psychomotricien
6.3.1 Être psychomotricien
6.3.1.1 Formation initiale
6.3.1.2 Le champ de compétence
6.3.1.3 En pratique
6.3.2 Psychomotricien et transdisciplinarité
CONCLUSION PARTIE 1 : QUESTION CENTRALE DE LA RECHERCHE
PARTIE II – ÉTAT DU CHAMP CONCEPTUEL
7. INTERACTION EFFICIENTE PARENT(S)-ENFANT
7.1 Développement psychomoteur de l’enfant
7.2 Interactions : à deux, à trois ?
7.2.1 Subjectivation et intersubjectivation : les processus engagés dans la construction d’un Moi
psychocorporel
7.2.1.1 Différenciation soi / non-soi : la constitution du soi écologique
7.2.1.2 Processus de subjectivation et d’intersubjectivation
7.2.2 Construction psychocorporelle : interactions précoces et processus d’attachement
7.2.2.1 Les interactions précoces
7.2.2.2 Les processus d’attachement
8. DYSFONCTIONNEMENTS INTERACTIONNELS PARENT(S)-ENFANT
8.1 Quel point de départ pour ces dysfonctionnements interactionnels ?
8.1.1 A point de départ du parent
8.1.2 A point de départ de l’enfant
8.2 Les comportements parentaux et infantiles observables dans les difficultés interactionnelles
8.2.1 Les perturbations quantitatives
8.2.2 Les perturbations qualitatives
8.3 Lien entre dysfonctionnements interactionnels et maltraitance
8.3.1 Les dysfonctionnements interactionnels comme manifestation clinique d’une situation de maltraitance
8.3.2 Les dysfonctionnements interactionnels comme facteur de risque d’une situation de maltraitance
8.4 Les enjeux du repérage : les conséquences directes et indirectes de la maltraitance
8.4.1 Enjeux socio-affectifs et comportementaux
8.4.2 Enjeux physiques
8.4.3 Enjeux neurobiologiques et cognitifs
PARTIE III – LA CONDUITE DE LA RECHERCHE : UNE APPROCHE PAR L’ENQUETE
9. LE CHOIX D’UN MEMOIRE EN BINOME
10. REVUE DE LA LITTERATURE SCIENTIFIQUE
10.1 Méta-analyse des outils disponibles
10.1.1 Grille d’observation Recherche Action Formation – S. Lebovici
10.1.2 Autres outils
10.2 Comment la psychomotricité aborde ce domaine ? Et quelle place dans une approche
multidisciplinaire ?
11. LE QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX PROFESSIONNELS DE SANTE
11.1 Choix du format
11.2 Choix des destinataires
11.3 Élaboration du questionnaire et attendus
11.3.1 Connaître le répondant
11.3.2 Intuition et exercice professionnel face aux dysfonctionnements interactionnels parent(s) enfant
11.3.3 La sensibilisation au repérage des dysfonctionnements interactionnels
11.3.4 Les signes cliniques marqueurs de dysfonctionnements interactionnels
11.3.5 La connaissance des outils existants
11.3.6 La suggestion d’un outil transdisciplinaire de « culture psychomotrice »
PARTIE IV – RESULTATS DE LA RECHERCHE
12. DETAIL DES RESULTATS ET PREMIER NIVEAU D’ANALYSE
12.1 Connaitre le répondant
12.2 L’établissement d’un lien entre dysfonctionnements interactionnels et maltraitance : comparaison entre psychomotriciens et autres professionnels
12.3 Genèse des ressentis intuitifs quant aux dysfonctionnements interactionnels
12.4 Analyse du lien entre l’intuition et l’expérience professionnelle
12.5 Comment les professionnels parviennent-ils à utiliser leur intuition ?
12.6 L’origine de l’intuition
12.7 Niveau de sensibilisation au repérage des dysfonctionnements interactionnels
12.8 Par quel(s) moyen(s) les professionnels sont-ils sensibilisés aux dysfonctionnements interactionnels ?
12.9 Les répondants se sentent-ils en capacité d’agir face à une situation de dysfonctionnement
interactionnel ?
12.10 Un bon niveau de sensibilisation permet-il d’agir plus souvent ?
12.11 Qu’en est-il des professionnels qui déclarent exploiter leur intuition de toutes manières proposées dans le questionnaire ? Est-ce en lien avec leur capacité à agir ?
12.12 Analyse des signes cliniques par profession
12.12.1 Les médecins généralistes
12.12.2 Les infirmiers
12.12.3 Les kinésithérapeutes
12.12.4 Les orthophonistes
12.12.5 Les puériculteurs-trices
12.12.6 Les psychomotriciens
12.12.7 Les psychologues
12.12.8 Les éducateurs de jeunes enfants (EJE)
12.12.9 Les éducateurs spécialisés
12.12.10 Les assistants sociaux
12.12.11 Les auxiliaires de puériculture
12.13 Les professionnels connaissent-ils les outils existants ?
12.14 Les professionnels seraient-ils intéressés par un outil de « culture psychomotrice » pour les guider ?
13. SYNTHESE ET ANALYSE GENERALE
PARTIE V – DISCUSSION
14. DIFFICULTES DES PROFESSIONNELS FACE A LA MALTRAITANCE ET AUX SITUATIONS A RISQUE DE MALTRAITANCE
15. PLUS-VALUE PSYCHOMOTRICE ET TRANSDISCIPLINARITE
16. L’OUTIL DE CULTURE PSYCHOMOTRICE
16.1 Objectifs
16.2 Contenu et forme de l’outil
16.3 Les grilles
16.4 Exploitation des grilles
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES ILLUSTRATIONS
ANNEXES
ANNEXE 1 : LE DECRET DE COMPETENCE DU PSYCHOMOTRICIEN
ANNEXE 2 – QUESTIONNAIRE
ANNEXE 3 : DONNEES DU QUESTIONNAIRE
ANNEXE 4 : HAS : SCHEMA DE PROTECTION DE L’ENFANCE : OUTIL D’AIDE AU SIGNALEMENT DE LA MALTRAITANCE CHEZ LES ENFANTS – ARBRE DECISIONNEL
RESUME
SUMMARY