LES CANCERS BRONCHOPULMONAIRES ET PLEURAUX
CANCERS BRONCHO-PULMONAIRES PRIMITIFS
Les cancers broncho-pulmonaires primitifs (CBPP) représentent l’essentiel des tumeurs primitives du poumon. Du fait d’un taux de mortalité proche de 85 %, ils arrivent de loin au 1er rang en termes de mortalité par cancer et sont responsables de 29 % des décès par cancer chez l’homme en Europe. Le facteur de risque essentiel de ces cancers, est la fumée de tabac, mais des autres facteurs, en particulier l’exposition à des carcinogènes d’origine professionnelle sont impliqués dans 20 % des cas. Il s’agit ainsi à la fois d’un cancer évitable, et le plus meurtrier des cancers de l’homme dans les pays industrialisés [2].
EPIDEMIOLOGIE
Le cancer bronchique est le cancer le plus fréquent chez l’homme. Sa fréquence est double jusqu’en 1986. L’augmentation de la fréquence est une caractéristique très marquante de ces tumeurs. Son incidence augmente plus rapidement chez la plupart des pays en France. En Amérique la diminution de la consommation tabagique a permis la stagnation de son incidence depuis quelques années. Le taux annuel de décès par cancer bronchique est estimé en France à 27000, avec une surmortalité dans les régions nord (plus de 40 %), nord-est et les grands bassins industriels, ainsi qu’en Corse [2]. L’Afrique dont Madagascar semble moins touchée. Nous pensons que le cancer broncho-pulmonaire y est sous-diagnostiqué en l’absence de l’accès généralisé à l’endoscopie bronchique. Le plus inquiétant encore est l’augmentation drastique du nombre de cancer broncho-pulmonaire dans les pays en voie de développement au cours des 20 dernières années. En 2002, ils représentaient 49,9 % des cancers broncho-pulmonaires dans le Cancer broncho-pulmonaire Université de Mahajanga 2 monde alors qu’en 1980 ils ne représentaient que 31 %. C’est la conséquence directe de l’exposition à la consommation tabagique dans les pays en voie de développement [2]. Selon l’OMS, en 2020 le nombre de décès dû au tabagisme dans les pays en voie de développement sera plus élevé que ceux provoqués par le VIH/SIDA, le paludisme, la tuberculose, la mortalité maternelle et la mortalité infantile réunie [3]. L’âge moyen de survenue du cancer broncho-pulmonaire est de 60 ans et 70 pour cent des patients sont compris entre 50 à 70 ans au moment du diagnostic. Le « sex-ratio » est de 6 hommes pour 1 femme, mais la proportion de femme atteinte augmente régulièrement en France. Il est de 2 à 3 hommes pour une femme aux Etats-Unis.
FACTEURS DE RISQUE
Les facteurs de risque de survenue d’un cancer bronchique primitif sont partagés par toutes les formes histologiques [2].
Le tabac
Le tabac est le facteur de risque majeur, particulièrement pour les histologies épidermoides et les cancers à petites cellules. Le risque augmente avec la durée du tabagisme, la précocité de l’intoxication et la qualité du tabac quotidienne. Les fumeurs du tabac brun, fumant des cigarettes sans filtres ont le risque le plus élevé de cancer proximal. Le tabac blond avec filtre entraine plus d’adénocarcinomes périphériques. Un quart des adénocarcinomes broncho-pulmonaires primitifs (particulièrement les carcinomes bronchiolo-alvéolaires) survient chez des non fumeurs. Leur pathogénie est vraisemblablement différente des formes usuelles de cancers bronchiques. Le risque diminue progressivement avec la durée de sevrage tabagique, sans jamais s’annuler dès que le tabagisme a dépassé 15 cigarettes quotidiennes. Le bénéfice du sevrage tabagique, bien que significatif quel que soit l’âge auquel survient l’arrêt, est plus important si celui-ci survient avant 40 ans. Au cours de l’année 2000, 50 % des cancers bronchiques ont été diagnostiqués chez des fumeurs actifs et 40 % chez des anciens fumeurs, sevrés en moyenne depuis 5 ans. A tabagisme égal, le risque de développer un cancer bronchique est supérieur chez Cancer broncho-pulmonaire Université de Mahajanga 3 la femme. Le tabagisme passif augmente le risque de cancer bronchique (+30%) [2, 4,5]. Plusieurs carcinogènes potentiels sont présents dans la fumée de cigarette : le benzopyrène et autre hydrocarbure aromatique polycyclique, les nitrosamines, les phénols, le polonium 210 et l’arsenic.
Les expositions professionnelles
Leur rôle est parfois sous estimé en raison du facteur confondant que représente le tabagisme qui agit d’ailleurs parfois comme un facteur multiplicatif du risque relatif lié à ces expositions professionnelles [2,5,4]. • L’amiante Le risque relatif associé à l’exposition à l’amiante est de 4 à 5 fois par rapport à un non fumeur non exposé. Chez un fumeur à l’amiante le risque relatif est de 53 fois celui du non fumeur. La distribution des types histologiques est la même que chez les non exposés mais le cancer siège volontiers dans les lobes inferieurs et il peut exister par ailleurs d’autres signes d’asbestose (plaques pleurales, fibrose interstitielle…). De nombreux métiers ont été à l’origine d’une exposition asbestosique : charpentiers des chantiers navals, couvreurs, mécaniciens autos, électriciens, agent d’entretien dans les imprimeries, ouvriers du textile…et il importe donc de faire un interrogatoire professionnel soigneux [2, 5, 4]. • – Le nickel Les cancers de bronches (et de la muqueuse nasale) sont plus fréquents chez les ouvriers travaillant à l’affinage, au frittage, et à l’extraction [2, 5, 4]. • Le chrome Les ouvriers travaillant au chromage, au tannage, à la production de piment ou les soudeurs à l’arc utilisant une électrode enrobée sont exposés au risque de cancer bronchique [2, 5, 4]. Cancer broncho-pulmonaire Université de Mahajanga 4 • – L’arsenic L’exposition professionnelle concerne les mineurs, les fondeurs de minéral et les ouvriers travaillant dans la production et l’utilisation de pesticide. L’excès de cancer bronchique porte essentiellement sur le type adénocarcinome et le risque relatif serait proche de 7 [2, 5, 4]. • Les chlorométhyl éthers Ces substances sont largement employées comme intermédiaires dans les synthèses organiques et dans la préparation de résine échangeuse d’ion. L’augmentation de risque porte sur la variété à petites cellules [2, 5, 4]. • Le gaz moutarde La production de gaz toxique pendant la première guerre mondiale a été à l’origine d’augmentation de l’incidence du cancer Bronchique spécialement dans la trachée et la bronche souche. Les types histologiques concernés sont l’épidermoide et l’indifférencié à grandes cellules. • Les hydrocarbures provenant du charbon et du pétrole : Ont été impliqué dans le développement du cancer bronchique chez les ouvriers d’usine chimique, les imprimeurs, les couvreurs, les travailleurs du goudron, les travailleurs du four à coke [2, 5, 4]. • Les radiations – L’irradiation externe Chez les survivants des bombes atomiques, le risque de cancer bronchique a été légèrement augmenté. De même, il est connu que l’irradiation en mantelet réalisée dans les maladies de Hodgkin a été suivie du développement d’un nombre non négligeable de cancers bronchiques.
INTRODUCTION |