Ensemble mais différents : le soutien de la socialisation grâce au groupe psychomoteur

Ensemble mais différents : le soutien de la socialisation grâce au groupe psychomoteur

La relation dans le développement globale de l’enfant

 Pour Winnicott « le potentiel inné d’un enfant ne peut devenir enfant que s’il est couplé à des soins maternels. » (Cité par I.Funck-Bertrando, 2011, p.76). L’enfant lorsqu’il vient au monde doit s’adapter à de nombreux changements environnementaux et physiologiques. Son organisme encore immature ne peut répondre seul à ses changements et ses besoins. Il est dépendant de son environnement. C’est grâce à la mère par ses soins et la relation qu’elle va créer avec son enfant qu’il va pouvoir développer ses potentiels innés. A) Les interactions précoces « Une interaction est l’influence réciproque de deux phénomènes, de deux personnes avec les notions de réciprocité et d’interdépendance. »(S.Bekier et M. Guinot, 2011, p.95) Le bébé est actuellement soumis à l’influence de son entourage et sa relation avec celui-ci est envisagée encore aujourd’hui comme un ensemble de processus bidirectionnels. L’environnement influence alors le nourrisson et réciproquement dans un processus qui se veut continu et en constant changement. Il existe trois niveaux d’interactions précoces, elles peuvent être de natures comportementales, affectives ou fantasmatiques. 

Les interactions comportementales

 Les interactions comportementales représentent la manière dont le comportement de l’enfant et celui de la mère s’engagent et s’harmonisent l’un par rapport à l’autre. Elles peuvent 10 s’observer sous différents registres dont trois principaux : le registre corporel, visuel et vocal. Les interactions corporelles : Les interactions corporelles peuvent être rapportées aux notions de « holding » et « handling » de Winnicott (1970), pédiatre et psychanalyste britannique. Le holding traduit en français par « maintien » représente la façon dont le bébé est porté, tenu, ou encore touché sur le plan corporel et psychique. Mais aussi l’adaptation de la mère à son enfant dans les soins qu’elle lui apporte, la qualité du portage et sa dimension contenante apportant à l’enfant un sentiment de sécurité. Le handling quant à lui décrit la manière dont l’enfant est traité, manipulé, soigné. Il traduit la manière dont la mère s’occupe de son bébé dans les moindres détails des soins quotidiens qu’elle lui prodigue. Ajuriaguerra (1970) décrit de son côté le dialogue tonique qu’il met en lien avec les travaux de Winnicott puisque ce dialogue se déroule lors du holding et du handling. Le dialogue tonique permette les ajustements interactifs corporels entre la mère et son enfant. De réelles interactions vont alors se créer entre les deux partenaires au niveau de leurs postures et de leur tonus musculaire. Lorsque l’un ou l’autre des deux partenaires est tendu ou détendu l’autre va alors le ressentir. Il s’agit d’un véritable outil de communication pour Ajuriaguerra. Les interactions visuelles : Les interactions visuelles concernent les dialogues œil à œil, appelées aussi la rencontre des regards ou encore regard mutuel, et sont un mode de communication privilégiés entre la mère et son enfant. Winnicot (1970) introduit la notion de « miroir » permettant au bébé la construction de l’image de soi différente de celle de sa mère. L’enfant se perçoit à travers le regard de sa mère c’est un des premiers organisateurs dans la relation. Les interactions vocales : Les interactions vocales sont un mode de communication privilégié chez l’enfant lui permettant de traduire ses besoins, ses affects et d’exprimer ses désirs. Le premier mode de langage du nourrisson sont ses cris et ses pleurs. La voix de la mère possède une modification naturelle quand elle parle à son bébé aussi appelé « le mamanais » (R.Cassel, 2013, p.115). Ce timbre de voix revient régulièrement lors des jeux et des interactions au quotidien entre la mère et son bébé. Pour Bowlby, pédopsychiatre et psychanalyste, les interactions vocales jouent un rôle très important dans l’attachement entre la mère et son bébé. Au cours des premiers mois la mère et son enfant sont dans un bain d’affects. Le bébé reçoit les émotions et la tendresse de la mère. Il vit une expérience émotionnelle qu’il partage avec elle et c’est ce qui va constituer les bases de l’accordage affectif. 

Les interactions affectives

 Les interactions affectives expriment le climat affectif ou émotionnel des interactions, ce qui peut être vécu comme agréable ou désagréable dans la communication. Elles représentent les influences réciproques de la vie émotionnelle qui se joue entre la mère et son enfant. Stern (1989) pédopsychiatre et psychologue, décrit ces interactions comme « accordage affectif » ou « harmonisation affectives » (D’après S.Bekier et M. Guinot, 2011, p.95). Les affects sont à l’origine même de la communication dans le jeu entre la mère et son enfant, principalement pendant les premières semaines et les premiers mois. La tonalité de ces affects dans leur échange permet de dégager des sentiments de plaisir, de bien être, de tristesse, d’ennui, d’excitation, voire de haine … Pour Stern, ces conduites d’accordage peuvent s’observer dès les premières interactions entre la mère et son enfant. Mais c’est environ vers le neuvième mois que cet accordage se développe pleinement car c’est vers cet âge que l’enfant prend conscience qu’il est différent de l’autre. 

Les interactions fantasmatiques

 Les interactions fantasmatiques ont été étudiées par Kreisler et Cramer dans un premier temps puis par Lebovici dans un second temps. Ils considèrent qu’il existe une réciprocité du déroulement de la vie psychique de la mère et de son bébé aussi bien dans leurs aspects imaginaire et conscient qu’inconscient et fantasmatique. Il y a une confrontation à la naissance entre l’enfant réel et l’enfant fantasmé et imaginé parfois très éloigné de la réalité. Les fantasmes expriment des modalités d’investissement des objets par les pulsions et les désirs. Ils sous-tendent toutes les relations. Durant ces premiers mois de vie l’enfant, longtemps considéré comme un être passif qui subit son environnement, est le partenaire dans un processus bidirectionnel où non seulement il n’est pas entièrement soumis à l’influence de son environnement mais peut agir dessus au moyen d’interactions qu’il vit avec sa mère. Ces interactions comportementales, affectives ou fantasmatiques permettent à l’enfant de créer un lien entre lui et sa mère et c’est dans un attachement réciproque qu’ils vont les vivre

Table des matières

Remerciements
Sommaire
Introduction
Théorie :
I. La relation dans le développement globale de l’enfant
A) Les interactions précoces
a. Les interactions comportementales
b. Les interactions affectives
c. Les interactions fantasmatiques
B) La théorie de L’attachement selon Bowlby
C) Le concept de séparation-individuation de M.Mahler
D) Le développement global de l’enfant et ses troubles
II. Les domaines spécifiques du développement et leurs troubles
A) Le développement psychomoteur et ses troubles
a. Le développement dynamique de S. Robert-Ouvray
b. Les principales étapes du développement psychomoteur
c. Les troubles psychomoteurs chez l’enfant
B) Le développement social
a. Les stades du développement de l’enfant selon Wallon
b. Les troubles psychopathologiques du développement
C) Le développement cognitif
a. Les stades du développement de l’enfant selon Piaget
b. Les troubles des apprentissages
D) Le développement du langage
a. Le langage son développement chez l’enfant
b. Les troubles du langage
III. La place du groupe
A) L’histoire des groupes
a. Etiologie et étymologies
b. Les différents groupes sociaux selon Anzieu
c. Les cinq types de groupes dans le développement de l’individu
B) La dynamique des groupes
C) Les groupes thérapeutiques en psychomotricité
Clinique :
I. Contexte de la prise en charge
A) La structure d’accueil
a. Le centre médico-psychologique
b. La place de la psychomotricité au sein de l’établissement
B) Les enfants
a. Arthur
b. Diane
c. Sophie
C) Le groupe
a. Sa création
b. Les objectifs et les axes thérapeutiques du groupe
c. Présentation du « groupe extérieur »
d. Le déroulé type d’une séance
II. L’évolution des individus dans le groupe et sa dynamique
A) L’évolution des enfants dans le groupe au cours de l’année
a. Arthur
b. Diane
c. Sophie
B) La dynamique du « groupe extérieur »
a. Une dynamique fluctuante
b. Compétition et complicité entre Diane et Sophie
c. Une alliance entre Arthur et Sophie
d. Peut-on prendre la place d’un autre
e. Une séance en intérieur qui rassemble
Discussion :.
I. La psychomotricité soutient au développement global de l’enfant
A) La psychomotricité et la relation
a. La régulation tonique et émotionnelle
b. Le dialogue tonique
B) La psychomotricité et le psychomotricien en relation
a. Le contre transfert du psychomotricien
b. L’implication corporelle du psychomotricien
c. La valorisation de l’enfant par le psychomotricien
C) La psychomotricité et les interactions sociales
a. Le langage en psychomotricité
b. Le jeu en psychomotricité
D) La psychomotricité et l’identité corporelle
a. Les représentations corporelles
b. Vivre son corps en psychomotricité
II. Le groupe, un lieu de socialisation
A) Un groupe en psychomotricité
a. Qu’est-ce qu’un groupe en psychomotricité
b. Le cadre thérapeutique du groupe
c. Les rôles du groupe
d. Le psychomotricien dans le groupe
B) Ensemble mais différent
a. Le groupe rassemble
b. La différenciation dans le groupe
c. La place de chacun au sein du groupe
d. La socialisation
Conclusion
Bibliographie

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