L’EXODE URBAIN L’INITIATEUR D’UN PHENOMENE DE NEO‐RURALITE A INTEGRER DANS LES POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT TERRITORIAL
Cette étude est réalisée dans la continuité d’un projet de fin d’études de 2010, qui visait à montrer l’émergence d’éco-hameaux sur le territoire français et voir en quoi ceux-ci pouvaient être des modèles possibles de développement durable en milieu rural (« Le phénomène éco-hameau : quelle influence sur le territoire ? », Maëva RODIER). Lui-même découlait d’un premier projet de fin d’étude, réalisé par Flore BONNY, concernant « Le phénomène néo-rural et son influence dans les stratégies territoriales ». C’est pourquoi ce mémoire ne décrit pas en détails le phénomène néo-rural, ainsi que l’influence des éco- hameaux sur le territoire, mais s’appuie sur les études précédentes.
Ceci dans le but de voir si oui ou non, et si oui comment, les éco-hameaux pourraient être considérés comme des outils opérationnels de développement durable des territoires. Néanmoins, les éco-hameaux étant l’objet même de cette étude, et la naissance de ceux-ci étant une conséquence directe du phénomène néo-rural, il apparaît alors nécessaire d’expliciter le contexte et les notions liés à l’exode urbain. On s’aperçoit de nos jours qu’il est de plus en plus difficile de donner une définition arrêtée de l’espace rural.
Ceci en raison d’un effacement des frontières entre la ville et la campagne, notamment dû à des phénomènes nouveaux tels que la périurbanisation et la rurbanisation. Selon l’INSEE « l’espace à dominante rurale, ou espace rural, regroupe l’ensemble des petites unités urbaines et communes rurales n’appartenant pas à l’espace à dominante urbaine (pôles urbains, couronnes périurbaines et communes multi-polarisées). Cet espace est très vaste, il représente 70% de la superficie totale et les deux tiers des communes de la France métropolitaine. »
Concernant la présente étude, et donc l’intégration de l’éco- hameau dans les stratégies de développement rural, la catégorie de l’espace à dominante rurale à considérer est avant tout le rural isolé. Lequel fait l’objet de l’essentiel des installations des éco-hameaux. Cependant, il semble important de prendre en compte, tout au moins dans un premier temps, l’ensemble de l’espace à dominante rurale. Ceci pour mettre en parallèle et montrer quelles sont les capacités d’intégration des néo- ruraux dont doivent faire preuve les différents sous-espaces du rural. Depuis les années 70, on observe un phénomène inverse à l’exode rural qui pendant plusieurs décennies a vidé les campagnes : l’exode urbain. Ce phénomène illustre la migration de populations d’un milieu urbain à un milieu rural (c’est pourquoi on appelle ces individus les néo-ruraux).
Si celui-ci a lieu depuis les années 70, il s’accélère significativement à partir des années 2000. Ainsi, on constate une augmentation de la population dans les espaces à dominante rurale de « près de 1% par an entre 1975 et 1982 (soit trois fois les campagnes françaises perdaient des habitants en raison des soldes migratoires déficitaires non compensés par l’excédent naturel; depuis, ces territoires profitent d’une croissance démographique grâce à un solde migratoire à présent positif (exode urbain), compensant largement les scores négatifs des variations naturelles » (MM. Jean FRANÇOIS-PONCET et Claude BELOT, 2007-2008, p.14).
Et c’est à partir de 1999 que l’on observe une augmentation plus importante de la population rurale, passant pour la période de 1990-1999 « de + 0,5 %, à + 0,7 % par an pour les espaces à dominante rurale entre 1999 et 2005 » (MM. Jean FRANÇOIS-PONCET et Claude BELOT, 2007-2008, p.14). L’origine de cette volonté des citadins à vivre en dehors des pôles urbains, c’est-à-dire dans des communes plus rurales, est due selon Pierre Merlin aux pouvoirs publics. Les gouvernements de droite ont « consciemment ou non, encouragé » « la faveur » des français envers la maison individuelle.
Ainsi les conséquences de ces volontés et des politiques qui en ont découlé, ont été une augmentation significative des constructions de maisons individuelles, notamment dans les communes proches des pôles urbains. Selon Pierre Merlin, l’exode rural « entre 1800 et 1970 » concernerait un flux total « d’environ 12 millions de personnes, soit une moyenne de 70 000 personnes par an » (MERLIN P., 11/2010). Alors que l’exode urbain, sur une période plus restreinte de 1968 à 2009 concernerait au total 5,3 millions de personnes, soit 130 000 personnes par an. Un flux annuel moyen qui est donc quasiment le double de celui de l’exode rural.
Cependant celui-ci est considéré sur un laps de temps plus court. Si l’on observe une tendance contraire à l’exode rural en termes de solde migratoire, il faut bien voir que la conjugaison de ces deux phénomènes n’annule pas leurs conséquences premières sur le territoire. L’exode rural a eu principalement des conséquences dans des régions isolées, alors que l’exode urbain crée un apport démographique essentiellement dans les zones proches des villes, qui n’ont pas été les plus touchées par l’exode rural.