La structure lexicale interne des noms composés N (E+DETG) NG
Les déterminants dans les noms composés de structure N (E+DET:G) N:G
Plusieurs études ont été consacrées aux déterminants en général parmi lesquelles nous citons celles des I. Tsamadou-Jacoberger (1989, 1993, 2002), Z. Gavriilidou (1998, 2001, 2002), M. Setatos (1992), F. Corblin (1983, 1987, 1989), J.-C. Anscombre (1991), G. Kleiber (1985, 1989, 1990, 1995, 1998, 2001), P.-A. Buvet (1993, 1994, 1998, 2001), X. Blanco (2002), G. Gross (1986a, 1995a, 2002), M. Gross (1985, 2001b, 2002) et D. Le Pesant (2002). Nous focaliserons notre intérêt sur les déterminants dans les noms composés de structure N (E+DET:G) N:G du grec moderne. X. Blanco (2001 : 70, 73) souligne que « les rapports entre détermination et figement affectent aussi bien le fonctionnement des déterminants à l’intérieur des structures figées que les déterminants figés eux-mêmes ». Il importe donc de distinguer, d’une part, les déterminants, qui sont figés par rapport au N qu’ils accompagnent et, d’autre part, les déterminants composés figés (ou complexes), qui le sont indépendamment du N déterminé. Les noms composés commentés ici ont un déterminant plus ou moins figé. Nous nous intéressons ici au déterminant à l’intérieur du nom composé. Etant donné que les N (E+DET:G) N:G sont définis par des contraintes syntaxiques, lexicales et sémantiques, leurs déterminants mis en jeu sont en principe sémantiquement vides et syntaxiquement non- La structure lexicale interne des noms composés N (E+DETG) NG actualisés. Toutefois, les N (E+DET:G) N:G grecs sont susceptibles de diverses variations de leurs composants déterminants. Nous cherchons à étudier le type et la distribution des déterminants dans les combinaisons lexicales des N (E+DET:G) N:G grecs. Nous examinons, d’une part, les formes à déterminants définis et indéfinis et, d’autre part, celles à déterminant zéro (Dét=: E). Notons que, du point de vue morphologique, les déterminants du grec moderne se divisent en déterminants simples et composés90, tout comme les autres catégories grammaticales de la langue. Du point de vue flexionnel, les déterminants du grec moderne se déclinent en nombre (singulier et pluriel), en genre (masculin, féminin, neutre) et en cas (nominatif, génitif, accusatif). Pour ce qui est des noms composés grecs de structure N (E+DET:G) N:G, les déterminants s’accordent en cas, genre et nombre avec le deuxième composant nominal. Ils apparaissent donc uniquement au génitif, dans les trois genres et dans les deux nombres.
Déterminants définis
Pour les noms composés binaires de structure N (E+DET:G) N:G, nous avons observé les types de déterminants définis présentés ci-dessous : – les articles définis ; – les adjectifs possessifs sans source. Nous présentons ci-après la nature morphologique de ces deux catégories de déterminants définis dans les noms composés de structure N (E+DET:G) N:G du grec moderne.
Articles définis
L’article défini (noté Ddéf) est un des déterminants que nous avons le plus fréquemment rencontré au cours de cette étude. A titre indicatif, donnons ici quelques exemples où le déterminant du deuxième complément est un Ddéf : κλειδί του µυστηρίου clé le-Gns mystère-Gns (clé du mystère) στέφανος του µαρτυρίου couronne le-Gns calvaire-Gns 90 Cf. X. Blanco ; P.-A. Buvet et Z. Gavriilidou (1999). (couronne d’épines) τσάι του βουνού91 thé la-Gns montagne-Gns (thé des montagnes) ψάρι του αφρού92 poisson le-Gms écume-Gms (poisson d’écume) ψήφος της Αθηνάς vote la-Gfs Athéna-Gfs (vote d’Athéna) Notons que dans les noms composés l’article défini peut se combiner avec des infinitifs verbaux93 ou des adjectifs substantivés94, comme par exemple : τρόπος του λέγειν (mode de dire) µανδύας των ψυχοπαθών (camisole de force) Dans nos données lexicales, l’article défini a l’emploi générique. Par exemple, dans : τσάι του βουνού (thé des montagnes) il est utilisé pour désigner le thé qui pousse dans les montagnes en général, et non pas sur une montagne particulière. On retrouve également l’article défini devant le deuxième composant nominal, quand celui-ci est un nom de personne, comme par exemple : µίτος της Αριάδνης (fil d’Ariane) αίτηµα του Ευκλείδη (axiome d’Euclide) µήλο του Αδάµ (pomme d’Adam) ou un nom de lieu, comme par exemple : τείχος του Βερολίνου (mur de Berlin) πύργος της Βαβέλ (tour de Babel) Quant à la nature sémantique du deuxième composant nominal, qui est déterminé par l’article défini, il peut être concret : µάτι της βελόνας (trou de l’aiguille) ou, dans la majorité des cas, abstrait : δέντρο της ζωής (arbre de vie) Enfin, notons que les formes avec le déterminant défini présentent souvent une variante réduite à déterminant zéro (cf. III, 7.2.5.1).
Possessifs sans source
Le possessif sans source est peu courant. On le retrouve surtout dans le cas des noms composés qui font partie d’une phrase simple figée (cf. A. Fotopoulou 1993a : 100-101) : Η Μαρία πλήρωσε τα µαλλιά της κεφαλής της γι’ αυτόν τον πίνακα La Maria a payé les cheveux la-Gfs tête-Gfs elle-Gfs pour ce tableau (Maria a payé ce tableau très cher) Cependant, nous le retrouvons également dans des noms composés qui ont un emploi autonome. Par exemple : άντρας της ζωής µου (homme de ma vie) γυναίκα των ονείρων µου (femme de mes rêves) κλέφτης της καρδιάς µου (voleur de mon cœur) Notons que l’adjectif possessif des noms composés précités est porteur de coréférence sur un constituant de la phrase où il apparaît. Le référent (ou antécédent ou portée) des adjectifs possessifs est représenté par un exposant numérique, noté Possi , qui renvoie à une position syntaxique (ou argument du prédicat) de la phrase, notée Ni . Par exemple, dans la phrase : Η Μαρία συνάντησε τον άντρα της ζωής της (Maria a rencontré l’homme de sa vie) la représentation de coréférence (ou portée) sera notée Poss0 (=: της/sa), qui se réfère à N0 (=: Μαρία/Maria). Du point de vue morphologique, les adjectifs possessifs du grec moderne se subdivisent en adjectifs possessifs simples et composés, suivant la distinction générale des mots simples et composés de M. Silberztein (1990). Les adjectifs possessifs simples (notés Poss_s) sont en effet les formes réduites (ou faibles) des pronoms personnels au génitif (µου/mon ou ma, σου/ton ou ta, του/son ou sa, µας/notre, σας/votre, etc.). Ils peuvent être antéposés ou postposés par rapport au nom déterminé. Dans le cadre de la présente étude, nous n’avons rencontré que des adjectifs possessifs postposés par rapport au nom déterminé.