La ṣara‛at de l’homme

La ṣara‛at de l’homme

L’examen du suspect et ses conséquences

L’examinateur

Qui doit examiner une lésion suspecte ? Le texte biblique est très clair : il doit s’agir exclusivement d’Aaron ou d’un de ses fils, et par extension, d’un kohen. Le kohen ne pourra pas se soustraire à cette tâche289 : Il y avait une controverse entre Rav et Shemu’el : l’abattage de la vache rousse est-il un acte de culte ? Pour Rav, l’abattage de la vache rousse par un étranger n’est pas valable, mais il est valable pour Shemu’el, car il ne le considère pas comme un acte de culte. Rav Sheshet ben Rav lui a objecté : mais dans le cas de la ṣara‛at, qui n’est pas un acte de culte, c’est le kohen qui est seul habilité à faire le diagnostic (donc la vache rousse doit être abattue par un kohen).Il s’agit d’un personnage particulièrement important, étant donné le rôle qu’il est le seul à pouvoir jouer : c’est à lui qu’il appartient de décider ou non de l’impureté, avec toutes les conséquences que cette décision va entrainer. Pourtant, tout n’est pas si simple et n’importe quel kohen ne sera pas forcément qualifié pour pratiquer les examens nécessaires0 : Un kohen borgne ou à la vue basse n’est pas habilité à examiner les signes de ṣara‛at. L’examen par un kohen ayant une acuité visuelle suffisante est un impératif catégorique, mais il devra voir de ses yeux: Si une femme voit une tache de sang sur la couverture, le savant qu’elle consultera peut-il lui ajouter foi si elle dit avoir vu telle ou telle couleur ? On la croit, dit Rabbi Abba au nom de Rabbi Yehudah (ou de Rabbi Ḥelbo ou de Rabbi Ḥiyya) qui parlait au nom de Rabbi Yoḥanan. On a en effet enseigné qu’on la croit. Puisque la parole suffit pour les taches de sang, on aurait pu croire que l’on peut aussi s’en contenter pour l’appréciation des atteintes suspectes de ṣara‛at par le kohen ? C’est pourquoi il est dit : il sera amené chez Aaron le kohen ou chez l’un de ses fils, les kohannim. La question de la compétence du kohen devra évidemment être posée4 : N’importe qui est habilité à examiner une lésion suspecte, mais seul un kohen peut prononcer la pureté ou l’impureté. Si le kohen est incompétent, un juif instruit pourra le guider dans sa décision, en lui disant : « dis impur » ou « dis pur », et le kohen répètera ce qu’on lui aura soufflé5 . Le kohen qui a pratiqué le premier examen est censé refaire l’examen après la période d’isolement. Mais, en cas d’empêchement, une autre kohen pourra le remplacer6. Dans le même ordre d’idées, le kohen qui a prononcé l’impureté devrait être celui qui déclare l’individu pur ; mais en cas de décès de ce kohen ou d’une impossibilité matérielle, un autre kohen fera l’affaire7 . Le Sifra explique qu’un non kohen pourra examiner un suspect8 à cause de l’expression « ou à un » dans Lévitique 13, 2. Le texte biblique est donc partiellement contredit par le fait qu’une personne autre que le kohen pourra influencer sa décision. Cette affirmation va, bien évidemment, être nuancée. Pourquoi (M. Nega‛im 3, 1) dit : tout le monde peut inspecter les signes de ṣara‛at, ce qui inclut ceux qui n’ont pas de connaissance à ce sujet. Pourtant un Maitre9 a dit que celui qui ne sait pas ne doit pas faire l’examen. Ravina a répondu, il n’y a pas de problème : dans un cas il s’agit de ceux qui comprennent ce qu’on leur explique, dans l’autre ceux qui ne comprennent pas même après les explications300 . La Tosefta va beaucoup plus loin301 : Un kohen meṣora‛ ne doit pas purifier un meṣora‛ mais il pourra être consulté sur les problèmes de pureté et d’impureté. Tout un chacun est susceptible de déclarer pur un meṣora‛, même un zav, un impur ou un impur par contact avec un cadavre.

Le suspect et les conditions de l’examen 

Qui pourra être atteint305 ? Tout le monde peut être touché par l’impureté de la ṣara‛at, sauf les Gentils (goyim306) et les résidents étrangers (ger toshav307). Il n’y a aucune condition d’âge308 : Un garçon âgé de un jour est susceptible d’impureté par des écoulements, par la ṣara‛at et par le contact avec la mort. Cette affirmation est argumentée de la façon suivante309 :Un garçon dès son premier jour peut être impur et meṣora‛ en contractant la ṣara‛at, car il y a « adam » dans Lévitique 13, 2, ce qui inclut même un enfant. Ce mot inclut les mineurs à cause de Nombres , 35 où « nefesh adam » se réfère aux captifs de la guerre contre Madian qui sont pour la plupart des enfants. D’autres explications sont proposées0 : Un (rabbin anonyme) a dit : quand il est écrit1 « c’est un homme ṣaru‛a », cela signifie seulement un adulte pas un mineur, pourtant un mineur peut être atteint par la ṣara‛at, alors un mineur ne serait pas concerné par la loi ? Le texte dit aussi2 : « un homme (adam) », comment sait-on alors que la femme est incluse ? Par le verset3 « et le ṣaru‛a « , car la précision est inutile. Alors pourquoi un homme ṣaru‛a ? Parce que l’homme doit ébouriffer ses cheveux et déchirer ses vêtements et non la femme. Parfois, l’examen sera différé : Un fiancé sur le point de se marier sur lequel apparaît une lésion suspecte est dispensé d’examen par le kohen pendant les sept jours de la noce, par respect pour lui-même, pour sa maison (sa famille et son épouse) et ses vêtements (si la lésion y est apparue). Il en est de même pour les Fêtes de Pèlerinage6, pendant lesquelles un sujet suspect ne sera pas examiné. L’examen doit être pratiqué dans des conditions optimales pour ne pas commettre d’erreur par excès ou par défaut, et des règles précises devront être respectées. Les lésions de ṣara‛at ne doivent pas être examinées tôt le matin ou en fin de journée, ni dans une maison, ni par temps nuageux, car un blanc terne sur la peau apparaîtrait brillant ; ni à midi, car un blanc brillant apparaîtrait terne. Alors, à quelle heure faire l’examen ? A la troisième, quatrième, cinquième, huitième ou neuvième heure7, selon Rabbi Me’ir ; à la quatrième, cinquième, huitième ou neuvième heure, selon Rabbi Yehudah8 . Un examen sérieux nécessite un bon éclairage, mais : Dans une maison sombre on ne doit pas ouvrir une fenêtre pour faire l’examen9 . Cette prescription est incompréhensible sans le secours des commentateurs. Bartenura explique qu’une maison sombre est une maison qui n’a pas de fenêtre et que dans ce cas il est interdit d’en percer une (c’est le sens de « on ne doit pas ouvrir une fenêtre ». La Tosefta va dans le même sens : Dans une maison, si les fenêtres sont closes, on les ouvrira pour pratiquer l’examen0 . On s’étonnera cependant que le simple bon sens n’ait pas incité les Rabbins à recommander, dans le cas d’une maison sans fenêtres, de pratiquer l’examen à l’extérieur, aux heures indiquées dans la mishnah précédente. Le jour de l’examen a aussi son importance : Rabbi Ḥanina ajoute : l’examen ne peut pas avoir lieu le dimanche (le jour après shabbat) car le septième jour, jour de l’examen (de contrôle) tomberait alors un shabbat ; ni le lundi car, dans ce cas, c’est la fin d’une éventuelle deuxième période d’isolement qui tomberait un shabbat1. Ni un mardi, dans le cas des maisons, car le dernier jour de la troisième période de sept jours tomberait, là encore, un shabbat2 . Rabbi ‛Aqiva a réglé le problème en déclarant que l’examen pouvait être pratiqué n’importe quel jour et que si le deuxième examen (soit le septième jour d’isolement) tombait un shabbat, il serait reporté au lendemain. Mais cette décision pourrait conduire dans certains cas à une interprétation souple de la loi et dans d’autres à une interprétation très stricte, en fonction des constatations du premier examen3 . Les lésions multiples ne seront pas examinées ensemble : On ne doit pas examiner deux lésions suspectes en même temps, qu’elles soient sur une même personne ou chacune sur une personne. Il faut d’abord examiner la première lésion et définir son statut et la conséquence qui en découle (isolement ou exclusion d’emblée) avant d’examiner la seconde. Mais, si la deuxième lésion est apparue pendant l’isolement, on ne pourra pas prescrire une nouvelle période d’isolement pour elle, on considère qu’elle a déjà eu lieu. Chacun sera examiné de façon spécifique et personnalisée : La tache brillante sur (la peau d’) un Germain5 parait d’un blanc terne, et le blanc terne parait brillant chez un Ethiopien. Rabbi Yishma’el a déclaré : les enfants d’Israël sont comme le buis, ni blanc ni noir, mais de la couleur intermédiaire. Rabbi ‛Aqiva a déclaré : les peintres savent rendre toutes les nuances intermédiaires entre le blanc et le noir, donc une peinture de couleur intermédiaire doit être appliquée autour de la lésion de ṣara‛at et la peau paraîtra de couleur intermédiaire. Rabbi Yehudah a décrété que pour déterminer la couleur d’une lésion, la règle doit être souple et non stricte : ainsi, pour juger une lésion chez un Germain, il faut tenir compte de la couleur de sa peau (et la tache paraîtra terne) et chez un Ethiopien il faudra le faire comme si sa peau était de couleur intermédiaire, ce qui est, dans les deux cas, une approche souple de la loi. Mais les Sages ont décidé que dans tous les cas il fallait faire considérer que la lésion était sur une peau intermédiaire (ce qui est une décision sévère dans le cas du Germain)7 . Le sexe du suspect sera aussi pris en considération : L’homme doit être examiné dans les positions de celui qui sarcle ou qui cueille des olives, ces deux positions permettant d’exposer les parties cachées. La femme sera examinée dans la position de celle qui pétrit le pain, qui allaite son bébé, et qui utilise un métier à tisser droit (pour l’aisselle droite). Rabbi Yehudah ajoute : pour l’aisselle gauche, comme celle qui tisse le lin. Pour les aisselles de l’homme, il doit faire le geste de se couper les cheveux .

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