La discussion des résultats en recherche
quantitative
L’interprétation des principaux résultats
La question est finalement celle de l’authenticité des résultats obtenus. Le chercheur veut s’assurer que les résultats obtenus sont conformes aux questions de recherche posées et aux hypothèses formulées. Par rapport aux hypothèses, il examine les différents thèmes qui se dégagent de la catégorisation de ses résultats. Par exemple la thèse de Kouakou Oi Kouakou Benoît sur la réussite paradoxale à l’école considère les axes suivants : 1- le sens donné à l’école, à l’activité scolaire et la projection de l’avenir, 2- les stratégies mises en place pour réussir, 3- les stimulations et les motivations, 4- les rapports au savoir et aux enseignants, 5- l’évolution des représentations de l’école et de la réussite. Ainsi, par rapport à des thèmes ou des axes, ou directement par rapport aux hypothèses formulées, il s’agit pour le chercheur d’une part de comparer les résultats obtenus aux résultats attendus dans les hypothèses, et d’autre part de les comparer aux résultats d’autres études. Si les résultats obtenus diffèrent en certains points des résultats obtenus avec d’autres études ayant porté sur le même phénomène, une analyse des raisons pour lesquelles ces différences existent doit être faite. Par ailleurs, le chercheur pourra tenir compte des circonstances de l’étude pour établir ses comparaisons et justifier la découverte éventuelle d’associations entre des variables. Il tente donc de trouver des explications aux écarts ou similitudes qu’il constate entre les résultats attendus et les résultats obtenus. Interpréter des résultats dans le cas de vérification d’hypothèses consiste à dégager une explication sur la nature des relations entre les variables et la possibilité que d’autres variables expliquent ces relations. S’il y a divergence entre les résultats obtenus ou observés et les résultats attendus, il faut chercher à savoir d’où viennent les écarts et voir en quoi la réalité des faits diffère de ce qui a été supposé au départ. Il faudra dans tous les cas réexaminer les données disponibles ou compléter les observations et au besoin faire de nouvelles hypothèses et retourner encore à la réalité. Si interpréter les résultats a un sens, cela vise alors à donner des significations aux relations mises à jour entre les faits soumis à l’analyse, en les intégrant dans un modèle explicatif cohérent. On se réfère aisément à deux grands modèles d’interprétation globale de la réalité sociale : l’explication par des déterminants sociaux et l’explication par les logiques d’action individuelles. Dans tous les cas, à ce niveau, le chercheur donne une réponse claire aux questions posées, aux hypothèses formulées, fournit des explications aux résultats obtenus.
L’importance des résultats
La question de leur généralisation et de leurs limites L’importance des résultats ne réside pas simplement dans la vérification significative ou non significative des hypothèses. La signification statistique des résultats doit être évaluée pour sa contribution à la connaissance dans une discipline déterminée. Obtenir des résultats significatifs peut avoir un intérêt pratique; mais obtenir des résultats non significatifs ne veut pas dire que les résultats ne sont pas importants. Ainsi, des résultats significatifs et des résultats non significatifs peuvent contribuer à divers degrés à l’avancement des connaissances. La question de la généralisation des résultats entre en ligne de compte dans le problème de la discussion des résultats. Le chercheur est intéressé de savoir si ses résultats sur un groupe ou des groupes peuvent être étendus au delà des échantillons concernés à d’autres groupes et à d’autres contextes. La généralisation des résultats apporte une validité externe à l’étude. Par ailleurs, le chercheur relève en toute honnêteté les limites de son étude et signale en quoi elles ont pu vraisemblablement affecter les résultats : par exemple le recrutement et la perte substantielle des sujets, les biais du processus d’échantillonnage, l’absence de certaines données, des erreurs glissées dans l’organisation des données et leur traitement, etc. NB : A l’analyse, il peut se trouver que le matériau de réflexion à disposition ne soit pas abondant ni consistant. Dans ce cas, il n’est pas habile de créer un point squelettique sur l’importance et la généralisation des résultats. Cette question peut être abordée et développée, rattachée intelligemment, à convenance de l’appréciation ou de l’inspiration, soit à l’interprétation des résultats soit au point sur la valeur théorique des résultats.
L’élaboration théorique sur la base des résultats
La discussion fait connaître la position du chercheur face aux résultats obtenus. Elle énonce des appréciations ou critiques positives ou négatives des résultats obtenus ; elle signale l’intérêt de ces résultats sur le plan pratique et théorique. C’est dire que le chercheur est en mesure d’examiner les conséquences de ses résultats sur la théorie, sur la recherche et la pratique professionnelle. Du point de vue de la théorie, le chercheur discute dans quelle mesure les résultats correspondent aux théoriques à la base de sa recherche. Il situe aussi ses résultats par rapport à l’avenir et présente les implications de ses résultats sur les recherches futures, que ce soit par rapport à de nouvelles questions à explorer ou par rapport à l’amélioration de la méthodologie (instruments de recherche, échantillons), etc. En clair, le chercheur situe ses résultats dans le champ cognitif qui est celui de sa discipline et les jauge et les interroge par rapport aux théories et autres paradigmes auxquels l’étude s’est référé. Il se livre alors à une théorisation des résultats obtenus. Il définit un ensemble de propositions logiquement reliées à partir de faits observés et formant un réseau de généralisations dont il fait dériver des explications pour un certain nombre de phénomènes sociaux. C’est là sa contribution essentielle à la production de la connaissance, son effort d’élaboration théorique à partir des résultats obtenus. La théorisation est un effort intellectuel indispensable dans une thèse. Elle met en jeu toute la sagacité et exploite la capacité d’imaginer des explications. Elle est aussi une stimulation à poser de nouvelles questions pour améliorer le savoir. Bref, le chercheur procède à l’élaboration théorique en convoquant à l’examen critique des points importants dégagés de l’analyse et de l’interprétation des résultats. Par exemple, la thèse de Kouakou Oi Kouakou Benoît sur la réussite paradoxale à l’école organise la théorisation avec les points suivants : 1- le fatalisme socioéconomique, 2 – la réussite scolaire comme défi aux difficultés, 3 – de la réussite scolaire à la réussite de la vie, 4- du pauvre et de la pauvreté, 5 – du métier d’élève au métier d’homme et à la constitution du sujet, 6 – de l’individusujet et de la société-sujet, 7 – pour « la société des égaux ». Cet effort d’élaboration théorique n’a pas échappé à la discussion des résultats dans la thèse de Hinin Moustapha Daniel sur la performance des projets d’éducation à l’autopromotion du développement local. La réflexion s’est organisée autour de deux axes : 1 – les résultats au regard des indicateurs, 2 – les résultats au regard des travaux antérieurs et des théories existantes