L’étude de cas : une ligne de traitement de surface et la substitution du procédé OAC

L’étude de cas : une ligne de traitement de surface et la substitution du procédé OAC

Comme nous l’avons vu (3.2 – p164), nous avons choisi dans nos travaux, de nous rattacher au projet de substitution du procédé d’Oxydation Anodique Chromique utilisé pour le traitement anticorrosion de l’aluminium. Nous précisons que la substitution de ce procédé, en plus des travaux de recherche et de développement menés en laboratoire, nécessitent la mise en œuvre sur des sites pilotes de lignes-tests intégrant le nouveau procédé. Notre démarche fut menée sur le premier de ces sites pilotes. Nous précisons que le nouveau procédé que nous présentons plus précisément par la suite (1.1 – p), est également un traitement de l’aluminium par anodisation. L’électrolyte composant le bain est cependant différent, ce qui implique nécessairement des modifications dans les paramètres de fonctionnement : concentration du bain, température du bain, paramètres d’anodisation (densité de courant et tension), temps de cycle, etc. Enfin, nous signalons que l’implantation du procédé pilote sur le site considéré a eu lieu en Août 2006 Le périmètre sur lequel nous déployons notre expérimentation, est la ligne de traitement de surface de l’usine de Saint-Nazaire qui intègre les procédés de protection contre la corrosion de l’aluminium. Notre étude de cas consistera en premier lieu, à observer la ligne de traitement de surface qui intègre le procédé OAC, indépendamment du projet de substitution. En effet, nous avons choisi de tester notre modèle de recherche, sur la situation initiale. Nous cherchons par cette méthode, à identifier les informations que nous pouvons obtenir en analysant la situation par l’intermédiaire de notre modèle de recherche (comptabilité environnementale théorique et outils associés) : ce dernier permet-il d’identifier les risques et opportunités de la gestion de l’environnement ? Il est d’ailleurs grandement souhaitable, que la substitution du procédé OAC soit identifiée comme un facteur stratégique. Nous observerons par la suite, l’exploitabilité des résultats issus du déploiement du modèle de recherche sur la ligne de traitement de surface. Nous chercherons alors à déterminer s’il est effectivement possible de mettre en avant, grâce à l’analyse, les voies d’amélioration des performances environnementale et économique et de les quantifier. Enfin, nous nous pencherons plus précisément sur la substitution du procédé OAC, à travers la réalisation d’une analyse financière d’investissement. Nous y intégrerons, d’une part, les paramètres obtenus par le déploiement de notre modèle de recherche sur la situation initiale, et d’autre part, ceux obtenus par le test du modèle de recherche sur le nouveau procédé d’anodisation sans chrome VI. La validation du calcul de rentabilité effectué pourra alors faire appel à des paramètres vérifiés sur la ligne pilote. Nous nous interrogerons également sur la pertinence et l’exploitabilité des paramètres intégrés dans l’analyse. Dans cette partie de l’expérimentation, les risques liés à la situation-référence seront notamment confrontés aux opportunités que permet la technologie propre. Nous précisons que cette analyse d’investissement, réalisée ex-post, c’est-à-dire alors que la décision a déjà été prise, sera observée rétroactivement sous l’optique d’une aide à la décision ex-ante. Finalement, à partir des résultats de cette étude de cas, nous chercherons à formuler une recommandation présentant les paramètres et données à suivre dans une comptabilité environnementale dimensionnée pour l’orientation de la gestion environnementale vers la création de valeur. Les moyens d’obtention, de suivi et d’organisation de ces données seront également décrits.

 Le champ du modèle de recherche

Nous avons, dans le premier chapitre de ce document, précisément décrit les relations qui existent entre la gestion environnementale et la performance économique d’une entreprise. Nous avons par la suite noté que la connaissance et l’analyse de ces relations, doivent permettre d’identifier et d’estimer les facteurs stratégiques liés à la gestion de l’environnement, pour finalement orienter cette dernière vers la création de valeur. Notre problématique de recherche est, pour rappel, directement issue de ces remarques, puisqu’elle consiste à savoir si  en pratique, la mise en œuvre d’une comptabilité environnementale faisant appel à des outils spécifiques, permet cette orientation de la gestion environnementale vers la création de valeur. Notre modèle de recherche doit intégrer les relations entre performance environnementale et performance économique. Celles-ci sont directement issues des réflexions menées dans notre recherche bibliographique, où nous avions considéré les divers effets que peuvent avoir les activités et actions environnementales d’une entreprise sur sa performance économique. Nous représentons schématiquement ces interactions (Figure 36). L’analyse de la situation existante Notre modèle de recherche doit, en premier lieu, permettre l’analyse de l’existantComme le schéma des interactions entre environnement et économie le présente (Figure 36 – p186), différents points sont à prendre en compte.

Les enjeux stratégiques sans évolution contextuelle

 L’analyse de la situation existante doit, tout d’abord, permettre d’identifier et d’estimer les enjeux stratégiques de la gestion environnementale, indépendamment des évolutions contextuelles futures. Nous précisons que par « indépendamment des évolutions contextuelles futures », nous entendons « sous les mêmes conditions d’exploitation », c’est-àdire sans que des évolutions des réglementations ou des marchés ne viennent bouleverser la structure de coût. Nous considérons que ces enjeux stratégiques sont les facteurs-clés qui lient aujourd’hui la performance environnementale et la performance économique des activités observées. Dans notre cas, nous cherchons donc à connaître précisément les coûts environnementaux de la ligne de traitement de surface, ce qui nécessite une définition claire de la notion de « coût environnemental », mais également d’effectuer une analyse des interactions entre le niveau production et ces derniers. Enfin, les paramètres influençant conjointement la performance environnementale et la performance économique devront être étudiés et quantifiés. Nous choisissons pour remplir ces objectifs de mettre en œuvre les outils MFCA (Material Flow Costs Accounting – Comptabilité des flux de matières) et ABC (Activity Based Costing – Méthode d’estimation des coûts basée sur l’activité) conjointement à l’approche EMA (Environmental Management Accounting – Comptabilité de Gestion environnementale). Nous avons déjà présenté cette combinaison d’outils (1.4.3.2 – p136), dont les rôles sont les suivants : • La méthode EMA constitue la structure des coûts que nous allons estimer. • La méthode MFCA doit aider à l’estimation des catégories de coûts définies dans la structure EMA.  

  • La méthode ABC doit permettre, sur la base des données fournies par les deux précédentes méthodes, une observation des coûts environnementaux selon les activités en étant à l’origine. Nous choisissons donc de suivre les catégories de coûts environnementaux qui sont définies dans l’approche EMA (Tableau 17 – p125). Pour rappel, l’un des points-clés de cette méthode, est de distinguer les matières qui sont effectivement intégrées dans le produit final, de celles sortant du périmètre de l’organisation sous la forme d’un rejet ou d’un déchet (valorisé ou non). Tous les coûts, induits par ces émissions, effluents et déchets, sont alors estimés, qu’ils soient relatifs à leur contrôle, à leur manutention, à leur stockage ou à leur traitement. Nous estimerons ces coûts par l’intermédiaire d’une modélisation de la ligne de traitement de surface, basée sur une comptabilité des flux de matières (MFCA). L’établissement d’un diagramme des flux sera alors primordial. Nous nous attacherons dans notre étude à considérer les flux physiques comme des inducteurs de coûts, ce qui permettra une modélisation précise de l’influence du niveau de production sur tous les coûts environnementaux. Enfin, l’analyse des données en fonction des activités en étant réellement à l’origine (ABC), permettra d’identifier les paramètres-clés liant performances environnementale et économique sur le périmètre observé.

L’élargissement de la mesure de la performance environnementale 

L’anticipation de l’objectif final de notre étude de cas, qui est de comparer une alternative technologique à une situation-référence, nous laisse penser que la mesure de la performance environnementale doit être élargie afin d’obtenir la vision la plus large possible des impacts environnementaux liés à l’activité étudiée. L’outil clairement désigné pour cela est l’Analyse de Cycle de Vie (ACV) (1.4.1.2 – p129). Les objectifs sont d’une part, de fournir une analyse élargie d’un point de vue environnemental du procédé d’Oxydation Anodique Chromique et, d’autre part, de mieux percevoir le poids environnemental de la phase d’anodisation sur son cycle de vie. L’analyse sera donc effectuée relativement à l’anodisation d’une surface d’aluminium donnée. Nous verrons que le cycle de vie étudié se rapportera finalement à celui de la substance chimique constituant l’électrolyte dans le bain.

L’intégration des coûts contingents liés aux risques intrinsèques

Nous considérons dans cette partie les impacts économiques que peuvent avoir les facteurs de risques de la gestion environnementale. Nous souhaitons élargir les coûts qui sont intégrés dans l’analyse de la situation-référence. Pour cela, nous utilisons la structure des coûts définie dans la méthode TCA (Total Cost Assessment). Parmi les catégories de coûts proposées (Tableau 20 – p132), les types I et II (coûts CHAPITRE 2 189 directs et coûts indirects) auront déjà été estimés (grâce à l’approche EMA combinée aux outils MFCA et ABC) et nous nous proposons ici d’estimer une partie des coûts dits « de type III » (coûts contingents). L’objectif est alors, non seulement de caractériser les risques, mais surtout de traduire leurs influences en termes monétaires. La caractérisation des risques nécessite la mise en oeuvre d’une Analyse des Risques Environnementaux (ERA : Environmental Risk Assessment) (1.4.1.1 – p127). Nous notons que notre analyse des risques est basée sur celle présentée dans la démarche CTSA (Cleaner Technologies Substitute Assessment), cette dernière étant spécifiquement dimensionnée pour l’estimation des risques liés à des activités mettant en jeu des substances chimiques. Nous signalons d’ailleurs, que dans cette partie, risques sanitaires et environnementaux sont considérés conjointement, puisqu’ils sont difficilement dissociables lorsqu’on considère un composé dangereux. Nous proposons donc de mettre en œuvre la méthodologie de caractérisation des risques environnementaux et sanitaires (ERA) décrite dans la méthode CTSA afin d’estimer une partie des coûts contingents de la méthode TCA. Nous signalons que deux volets, mettant en œuvre différents outils sont à distinguer : • L’analyse des risques accidentels, qui fera appel à des méthodes d’analyse de risques classiques, que nous décrirons lors de leurs mises en œuvre (1.3.1 – p240). • L’analyse des risques chroniques qui nécessitera la réalisation d’une analyse d’exposition (Error! Reference source not found. – pError! Bookmark not defined.).

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