ECONOMIE INTERNATIONALE
SPECIALISATION ET AVANTAGES COMPARATIFS
L’approche technologique
Histoire —mercantilisme =protectionnisme (la richesse vient essentiellement de la terre, quantité d’or = richesse de la nation)
Les classiques : le libre échange
L’échange international s’explique par la nécessaire division internationale du travail entre les nations qui conduit à une production à moindre coût.
La division internationale du travail
Le commerce international est le résultat d’une division du travail qui s’opère à l’échelle du monde. L’échange international est nécessaire car les pays ne peuvent produire l’ensemble des biens et des services dont ils ont besoin. Les pays européens ont ainsi besoin de matières premières qui n’existent pas chez eux tandis que d’autres pays souhaitent obtenir leurs produits de haute technologie. Chaque pays peut donc se spécialiser dans la production d’un certain type de bien et pratiquer des échanges avec les pays disposant d’une autre spécialisation. La répartition des différentes spécialisations entre tous les pays du monde constitue da DIT. Celle-ci n’est jamais définitive même si pendant très longtemps, la DIT fut fondée sur l’échange de matières première et de produits de base provenant des pays en développement contre des produits manufacturés exportés par les pays industriels. A cette ancienne DIT, qui attribuait à chaque nation une place particulière, a succédé une DIT moins rigide, puisque de nouveaux pays peuvent rapidement jouer un rôle important dans le commerce international (NPI), et plus complexe. Les pays occidentaux étant devenus les premiers producteurs mondiaux de produits agricoles, la nouvelle DIT se fonde plutôt sur l’échange de produits manufacturés de consommation courante fabriqués par la main-d’œuvre abondante et bon marché des PED contre des produits plus sophistiqués, incorporant de nouvelles technologies et fabriqués dans les pays industrialisés.
Adam Smith (1776) « recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations »
David Ricardo (1817) « des principes de l’économie politique et de l’impôt »
Avantage comparatif = compétitivité / spécialisation
- Avantage absolu (Smith) : un pays présente un coût moindre que celui de l’autre pays
- Avantage relatif / comparatif (Ricardo) : le coût de la production d’un bien i rapporté aux coûts de production de tous les biens va être inférieur pour un bien i dans un pays par rapport à l’extérieur.
REMARQUE : raisonnement dans le cadre d’un commerce entre pays (au sein d’une branche). Pour une firme, avantage spécifique.
1.1 avantage absolu : Smith
Coût unitaire en termes de nombre d’heures par personne.
Pays | Vin | Drap |
Angleterre | 80 | 90 |
Portugal | 60 | 100 |
Hypothèse : 2 travailleurs
Angleterre : avantage absolu des draps car + ou – de temps
Portugal : avantage absolu du vin car + ou – de temps
Conditions :
- entente des pays sur les termes de l’échange
- avantage absolu
- rendements minima constants
1.2 avantage relatif : Ricardo
Pays | Vin | Drap |
Angleterre | 120 | 100 |
Portugal | 80 | 90 |
Total 220 + 170 = 390
Portugal : avantage absolu du vin et drap car + ou – de temps
Smith : aucun échange
Ricardo : échange des biens dont le pays dispose d’un avantage relatif
Situation après spécialisation
Pays | Vin | Drap |
Angleterre | 0 | 200 |
Portugal | 160 | 0 |
Total gains
200 20
160 10
360
Plus les termes de l’échange
- l’approche technologique HOS
Pourquoi existe-il une différence de prix des ressources ?
Le coût d’un facteur est déterminé par l’offre et la demande. L’abondance relative des facteurs de production dans les différents pays.
« Dans une situation de libre échange, chaque pays se spécialise dans la production du bien intensive dans le facteur dont il est relativement mieux pourvu, et se déspécialise dans le bien intensif en facteur dont il est relativement peu pourvu. »
Théorème HO 1934
Différence de dotation de facteurs | Différence du prix relatif des facteurs | Différence de spécialisation des économies |
Exemple :
Australie
Beaucoup de terre peu de facteur travail Le prix relatif de la terre par rapport au travail est faible et inversement.Le pays se spécialise dans des productions utilisant beaucoup de terres et peu de travail (agriculture, élevage)Angleterre Beaucoup de facteur travail et peu de terre.Le prix relatif du travail par rapport à la terre est faible et inversement.Le pays se spécialise dans des productions utilisant peu de terre et beaucoup de travail (industrie textile).
Théorème d’égalisation internationale des rémunérations factorielles :
« Le commerce international tend à produire une égalisation des rémunérations de facteur, égalisation qui ne saurait être absolue. »
Théorème HOS
Effets de la spécialisation sur les prix des facteurs
En Australie | En Angleterre |
Production agricole augmente, les besoins en terre augmentent, le prix relatif de la terre augmente. | Production agricole baisse, libère des terres, le prix relatif de la terre baisse. |
Production textile diminue, libère du facteur travail, le prix relatif du facteur travail diminue. | Production textile augmente, la demande de facteur travail augmente, donc le prix relatif du facteur travail augmente. |
Dotation différente Spécialisation Egalisation des rémunérations des facteurs de production Baisse de la différence de coût de production Baisse de l’incitation à l’échange, le commerce international cesse de croître.
RESUME : Les explications traditionnelles de l’échange international
Cherchant à défendre l’idée du libre échange, Adam Smith montre, à la fin du 18ème siècle, qu’un pays ne doit pas hésiter à acheter à l’extérieur ce que les producteurs étrangers peuvent produire à meilleur compte que les producteurs nationaux. Le pays qui vend un certain produit moins cher que tous les autres pays possède ainsi un avantage absolu pour ce produit. Smith indiquait alors qu’un pays devait se spécialiser dans la production de biens pour lesquels il possédait cet avantage absolu et acheter tous les autres biens.
Cette analyse présentait cependant l’inconvénient d’exclure de l’échange international les nations qui ne disposaient d’aucun avantage absolu. C’est un autre économiste anglais, David Ricardo, qui a démontré, au début du 19ème siècle, que même si un pays était moins bien placé que les autres pour tous les biens , il devait se spécialiser dans la production pour laquelle son désavantage était le moins grand. C’est la théorie de l’avantage comparatif.
Prenons l’exemple de Ricardo, celui des échanges de vin et de drap entre l’Angleterre et le Portugal. Avec un même nombre d’heures de travail, le Portugal produit 20 mètres de drap et 300 litres de vin tandis que l’Angleterre produit 10 mètres de drap et 100 litres de vin. Ricardo montre alors que l’Angleterre a intérêt à se spécialiser dans la production de drap, où elle possède un avantage relatif, car avec 10 mètres de drap elle obtiendra 150 litres de vin du Portugal (contre 100 chez elle). A l’inverse, le Portugal devra se spécialiser dans la production vinicole puisque l’échange de avec l’Angleterre de 300 litres de vin portugais lui permettra d’obtenir 30 mètres de drap anglais au lieu des 20 mètres de drap portugais. Le Portugal a un avantage comparatif dans la production du vin. L’analyse de Ricardo, qui calcule la valeur des biens à partir de la quantité de travail nécessaire pour les produire (théorie de la valeur- travail), montre ainsi que la spécialisation fondée sur les avantages comparatifs permet une augmentation simultanée de la production de vin et de drap. Le libre échange est donc une bonne chose car toutes les nations en retirent des bénéfices.Cette théorie des coûts comparatifs a été approfondie au 20ème siècle par les économistes Hecksher, Ohlin et Samuelson qui ont cherché à expliquer les différences de coûts comparatifs entre les pays. Selon eux, chaque pays doit se spécialiser dans la production utilisant les facteurs de production (travail, capital, terre) dont il dispose en abondance et importer des biens produits avec des facteurs qu’il possède en moindre quantité. La spécialisation s’explique ainsi par les dotations factorielles de chaque pays (théorème dit HOS, du nom de ces économistes) comme le montre l’exemple de l’Angleterre de l’Australie. La première possède du capital et du travail en abondance et se spécialisera donc dans les produits manufacturés qu’elle échangera contre des produits agricoles australiens, puisque la terre est le facteur en abondance relative en Australie. L’échange permet d’ailleurs une égalisation des prix de ces produits.
Les avantages comparatifs
Un avantage comparatif est un avantage d’efficacité de production dans une activité économique. Il n’existe pas d’avantage «absolu» d’un pays dans l’échange, et tout pays peut se doter d’avantage comparatif en faisant des choix de spécialisation: la théorie économique démontre qu’un pays gagne toujours à se spécialiser et ce, quelle que soit sa situation initiale par rapport à ses concurrents, qu’il soit plus efficace ou moins efficace dans tous les domaines. L’avantage comparatif repose donc sur le même principe que celui des qualifications professionnelles dans le monde de l’entreprise: même si une personne très qualifiée peut faire le travail d’une personne non qualifiée, l’entreprise n’a pas intérêt à ce qu’elle le fasse; inversement, si une personne non qualifiée fait moins bien le travail d’une personne qualifiée, elle gagne à se concentrer sur ce qu’elle sait faire le mieux. Il en va de même pour les pays acceptant de commercer entre eux.
L’origine des avantages comparatif peut être naturelle ou artificielle, ce qui permet à tous d’en posséder : les ressources naturelles, qu’il s’agisse de matières premières, d’espaces cultivables ou d’ensoleillement des paysages constituent des données; les facteurs humains (importance de la population, capacités professionnelles de la main d’œuvre) aussi; le degré de développement scientifique et technologique, la richesse et le capital accumulés confèrent d’autres types d’avantages; les préférences de consommation de la population, ses caractéristiques sociologiques, les conditions de réglementation des activités économiques et sociales peuvent aussi devenir source d’avantage.
Adam Smith estime que l’accumulation de métaux précieux n’est pas l’essentiel de la richesse et il est favorable à la liberté du commerce entre les nations: selon lui, les interventions en faveur des exportations ne conduisent pas à une division optimale du travail; il estime qu’un pays doit se spécialiser dans le type de production où il est le plus efficace. Cette doctrine, dite de l’avantage absolu, sera affinée par Ricardo, qui, avec la théorie des avantages comparatifs, précise qu’un pays doit se spécialiser dans les produits où son désavantage est le plus faible.