Evaluation de la dynamique des Culicoides en France continentale

Evaluation de la dynamique des Culicoides en France continentale

Outre la FCO, les diptères piqueurs du genre Culicoides sont impliqués dans la transmission de plusieurs virus responsables de maladies chez les animaux (Schmallenberg (SBV), maladies d’Akabane, peste équine et maladie hémorragique épizootique) et l’Homme (fièvre d’Oropuche). Depuis l’épizootie de SBV, qui a touchée 29 pays entre 2011 et 2013, cette maladie circule à bas bruit (Delooz et al. 2017; Kerstin et al. 2015) et est maintenant reconnue comme une maladie d’élevage. Au contraire, plusieurs pays européens ont été impactés à de multiples reprises par la circulation de différents virus de la FCO (Sailleau et al. 2015; Breard et al. 2018), entraînant des pertes économiques importantes pour les éleveurs (Hasler et al. 2012; Tago et al. 2014; Waret-Szkuta et al. 2017). La réglementation européenne vis-à-vis de la FCO (Official Journal of the European Union 2007) inclue le contrôle des vecteurs, la restriction des mouvements des ruminants vivants depuis les régions infectées vers les régions indemnes et la vaccination. Les restrictions de mouvement, qui entraînent des contraintes à la fois économiques et techniques pour les éleveurs, peuvent être levées en période saisonnièrement indemne de vecteurs dans les zones où l’absence de circulation du virus dans les élevages est démontrée. Cette levée des restrictions nécessite une bonne connaissance de la phénologie6 spatiale et temporelle des espèces de vecteurs.

En France, le vecteur principal de la FCO dans la région méditerranéenne, C. imicola, a été détecté pour la première fois en octobre 2000 en Corse, précédant les épizooties liées au sérotype 2 de la FCO des automnes 2000 et 2001 (Zientara et al. 2000; 2002). Suite à ces épizooties, la surveillance des culicoïdes a été iée en Corse et le long de la côte méditerranéenne. Suite à l’introduction et à la diffusion de la FCO (sérotype 8) à travers le pays en 2007-2008, cette surveillance entomologique a été étendue à tout le territoire continental entre 2009 et 2012 pour suivre l’activité vectorielle (Balenghien et al. 2010). Ce programme a redémarré en 2016 suite à la ré-émergence du sérotype 8 de la FCO en 2015 (DGAL/SDSPA 2016h). Actuellement, les sérotypes 4 et 8 du virus circulent sur le territoire continental, auxquels s’ajoutent les sérotypes 1, 2 et 16 en Corse (European Commission 2019). La surveillance entomologique est réalisée par le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), mandaté par le Ministère de l’agriculture et de l’alimentation. Au cours de la période 2009-2012, la surveillance des espèces de Culicoides couvrait l’ensemble du territoire avec 200 pièges fonctionnant à un rythme hebdomadaire ou mensuel selon la saison (Balenghien et al. 2012; 2010). Entre 2016 et 2018, le réseau de surveillance a été optimisé : le territoire a été partitionné en 24 zones, avec une nuit de piégeage par semaine sur un site par zone. Ces zones vectorielles ont été définies, par une analyse (de classification hiérarchique ascendante) des données collectées sur la période 2009-2012, pour être homogènes en termes de diversité et phénologie des espèces de Culicoides. Cette surveillance entomologique, qui était réalisée entre les mois de novembre et d’avril, a permis de déterminer au sein de chaque zone les périodes sans culicoïdes. La combinaison des informations fournies par ce réseau et issues de la surveillance de la circulation du virus dans les élevages de ruminants a permis de déclarer plusieurs départements comme saisonnièrement indemnes de FCO au cours des hivers 2016–2017 et 2017–2018, et ainsi de lever les restrictions de mouvements pour les élevages sensibles de ces zones. Ce statut de zone temporairement indemne est important pour permettre aux acteurs de la filière bétail d’accéder aux marchés en allégeant les contraintes nécessaires aux mouvements vers des zones indemnes et les pays de l’espace communautaire qui reconnaissent les ZSI (conditions différentes en fonction de la durée de présence de l’animal dans la ZSI).

Notre capacité à prédire la dynamique saisonnière et l’abondance spatiale des espèces de Culicoides est un élément essentiel pour déterminer les périodes et zones à risque élevé de transmission, afin d’une part de renforcer la surveillance et permettre la détection précoce de toute réémergence et d’autre part d’établir les zones saisonnièrement indemnes (Official Journal of the European Union 2007; DGAL/SDSPA 2015h). Cette connaissance permet également d’affiner les modèles de transmission et de diffusion des maladies transmises par les espèces de Culicoides afin d’identifier les mesures de contrôle les plus efficaces (Gubbins et al. 2014; Turner, Bowers, et Baylis 2012).

 

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