Entretiens avec des informateurs qualifiés

Les entretiens ont été réalisés en présence des personnes entre le mois de mai 2009 et le mois de janvier 2011. La durée des entretiens a varié de 30 à 90 minutes et ont été digitalisés. Les entretiens 1, 3, 4, 5 et 6 ont été utilisés comme références pour l’élaboration des assertions de la méthodologie Q. Les profils et la position des personnes ayant répondu aux entretiens ont été rajoutés. Entretien 1 : Pablo Caputi Directeur de la Direction de l’information et des analyses économiques de l’INAC et professeur d’économie agraire à l’Université. Ses opinions correspondent à la vision de l’académie. Entretien 2 : Ricardo Robaina Responsable de la Direction de contrôle et de développement de la qualité de l’INAC. Son opinion correspond à la perspective de l’Institut national des viandes sur le thème de la qualité des viandes et la promotion. Entretien 3 : Juan Lema (ingénieur agronome) Il est lié à l’industrie des abattoirs et au secteur des exportations. Il a travaillé à l’INAC et à la Faculté d’agronomie. Ses opinions correspondent à celles des abattoirs. Entretien 4 : Daniel Garín (ingénieur agronome) Directeur du Plan d’élevage du ministère de l’Élevage, de l’Agriculture et de la Pêche. Il représente le secteur politique, en particulier les opinions du ministère de l’Élevage, de l’Agriculture et de la Pêche, où il est actuellement sous-secrétaire d’État. Il a été chercheur à l’Université dans le domaine de la traçabilité et de la nutrition. Entretien 5 : Virginia Guardia (ingénieur agronome) Elle est liée à la FUCREA (Fédération uruguayenne des groupes CREA) et au projet CARNECrea. Ce projet, qui a commencé en 2005, cherche à mettre en place un Projet de coordination de la chaîne de la viande. Elle a été chercheuse universitaire sur les systèmes de paiement et de contrats en vigueur au sein de la chaîne de la viande. Entretien 6 : Gustavo Basso Il est éleveur, marchand de bétail et Président de l’Association des marchands de bovins. Il travaille avec une entreprise qui met en liaison des investisseurs et des éleveurs. Entretien 7 : Gustavo Gonzalez Il s’agit du Président de l’AUTHA (Association uruguayenne des transporteurs de bétail). Il représente la perception des transporteurs de bétail. Entretien 8 : Jorge Lopez Il est PDG d’Abasto Santa Clara S.A., entreprise liée à un abattoir qui ne travaille que pour le marché interne (boucheries et supermarchés). Il représente l’opinion des acteurs liés au marché interne au détail. Entretien 8 : Guzmán Telechea (ingénieur agronome) Vice-président de l’Association rurale de l’Uruguay, principale institution représentant le corps des éleveurs de l’Uruguay et l’une des institutions les plus anciennes de représentation professionnelle.

Résumé des entretiens

La vision académique de l’impact des normes d’innocuité et de qualité sur le secteur établit une distinction très claire entre celles-ci, surtout lorsqu’il s’agit de la qualité et des attributs spécifiques qui doivent être définis. En ce qui concerne l’innocuité, la vision de M. Caputi est qu’il s’agit surtout d’une exigence imposée par le marché à l’industrie en tant que condition d’accès à ce dernier, alors que la qualité est due à la destination commerciale des produits vendus par l’industrie. Par conséquent, il existe une différence appréciable par rapport aux motifs de ces changements. M. Caputi soutient que le principal catalyseur des changements ayant eu lieu au sein de la chaîne de la viande est celui de la question sanitaire, qui a permis à l’Uruguay d’avoir accès aux marchés de l’Europe et des États-Unis.

Il considère que le circuit exportateur existant en Uruguay, lié aux marchés les plus exigeants en matière d’innocuité, se démarque fortement des industries qui ne travaillent que pour le marché interne. Cela entraîne une distinction entre les industries en ce qui concerne l’application des normes d’innocuité et de qualité. Il existe une différence entre celles qui les appliquent (à cause d’une pression du marché externe) et celles qui ne s’occupent que du marché domestique. Toutefois, il considère que le processus d’adoption des normes d’innocuité et de qualité n’entraîne pas de changements (dus à leur adoption) quant à la relation de pouvoir entre les industries et les producteurs. Il considère que pour le secteur industriel les exigences les plus importantes dues aux normes de qualité doivent être acceptées ou rejetées « telles quelles » sans discussion ou modifications. Il n’y a pas d’analyses des coûts et des bénéfices, voire une vision proactive d’adoption en tant qu’étape d’un processus d’amélioration de la différenciation des produits. Consulté sur l’axe central de la discussion entre les producteurs et les industriels de la chaîne, M. Caputi a déclaré que le problème se résume à une question d’asymétrie de l’information quant à la définition du prix des taurillons, et que les réclamations sont les mêmes depuis quelques années. Il ne pense pas que l’adoption des normes d’innocuité et de qualité a déplacé les relations de pouvoir entre les producteurs et l’industrie, il s’agit plus d’un changement au sein du secteur industriel. La relation entre l’action de l’État et l’industrie, d’un côté, et les producteurs, de l’autre, est pour lui traversée par un double manque de coordination et des messages contradictoires. La relation État- industrie est ternie par des objectifs apparemment divergents : l’industrie liée au commerce extérieur subit des changements importants en ce qui concerne les prix, les destinations et les produits, ce qui ne lui permet pas de maintenir des engagements à long terme, mais lui permet d’optimiser ses résultats économiques, et donc de mieux payer sa production à l’éleveur ; alors que, l’État pense au développement d’alliances à long terme liées à des processus plus lents de développement des marchés, et parfois des marques permettant de différencier des produits.

Il s’agit donc de deux dynamiques différentes en matière d’objectifs stratégiques : d’un côté, le court terme qui permet d’optimiser les résultats économiques et, d’un autre côté, le long terme qui amène une valeur ajoutée. Les stratégies d’adoption de normes de qualité et l’augmentation de la valeur ajoutée ne sont pas coordonnées chez ces deux acteurs. Il a pris comme exemple de manque de coordination entre l’État et les abattoirs le cas du marché américain où l’Uruguay a rencontré des difficultés d’accès à cause de l’inaction des autorités face aux changements de contrôle des lots dus à un risque éventuel de contamination à l’E.Coli.

 

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