Engagements vains et état d’urgence
Après les premières ébauches de projet pour le parking souterrain, la municipalité en place a signé début août 2003 un accord de programme avec la région Lombardie, qui définit la reprise fonctionnelle et environnementale du système de canaux milanais et le réaménagement urbain de la Darsena à travers un concours international de design. Cet accord établit que le financement des travaux sera réalisé par la Région et la ville de Milan, puis, il impose la concurrence comme un élément clé du programme : « Gianni Verga [conseiller pour le développement territorial] a souligné l’importance d’impliquer les grandes ressources de conception italiennes et internationales pour le réaménagement de l’un des monuments historique et précieux de la ville de Milan. » 28 Il souligne également l’engagement existant de l’administration pour le réaménagement urbain du grand Sud-Ouest de la ville et la modernisation des berges des canaux et précise que « le réaménagement de la Darsena est la clé de cette initiative, car elle représente l’un des endroits les plus attrayants de l’ensemble du réseau de canaux. » L’objectif du concours est le réaménagement du secteur en maintenant sa forte valeur symbolique de mémoire et d’identité de Milan. C’est le 3 juin 2004 qu’a été présenté au « centre urbain » de la Galleria Vittorio Emanuele le « concours international de design » pour le réaménagement de la Darsena dans le quartier Navigli, par les adjoints et conseillers municipaux : Riccardo De Corato, Gianni Verga, Giorgio Goggi, Silvia Volpi, John Oggioni…
Travaillant, ainsi, sur environ 100 000 mètres carrés entre la Via Gorizia et la Via Gabriele d’Annunzio, les équipes d’architectes et urbanistes concurrents ont été sélectionnées selon des critères d’approche générale du projet par rapport à l’aménagement urbain et son intégration au contexte, des critères de faisabilité et d’utilité, d’innovation dans le domaine de la planification et la régénération urbaine, et des critères de cohérence et de qualité d’expertise… le tout réalisable avec un budget maximum de mise en œuvre du plan d’intervention fixé à 20 000 000 €. Lors de la première phase de sélection, dix groupes de finalistes29 pour le réaménagement du quai ont été retenus sur les 54 candidatures initiales : cinq architectes italiens : Pasquale Culotta (A), Stefano Parodi (B), MCP Arquitectes (C), Anthony Pointus (D), Bruno Morassutti (E) et les cinq étrangers : C+S Associati (F), Angelo Torricelli (G), Klaus Schuwerk (H), David Chipperfield (I), Jean-François Bodin. Les approches de chaque équipe auront permis à l’espace de la Darsena d’être redécouvert selon de nouveaux visages virtuels.
Tous jouent sur la végétation et les matériaux pour créer une nouvelle identité au lieu, ou au contraire, redévelopper l’ancien. Tous s’efforcent de donner davantage de place aux piétons et cyclistes, mais ces connexions piétonnes ne prennent pas toutes la même forme et ne s’imposent pas toutes sur les mêmes espaces. D’ailleurs, les deux places, aux extrémités du bassin, sont traitées de façons très variées. Certains y jouent sur la symétrie existante, tandis que d’autres la bousculent. Certains, y laissent une grande place à l’automobile et aux transports collectifs, tandis que d’autres y voient une opportunité d’espace piéton… La plupart utilise les variations de hauteurs de terrain existantes, pour séparer promenade basse et promenade haute comme l’explique le groupe de l’architecte Morassutti (E) « Grâce à la mise en valeur des différences de hauteurs existantes dans la région, vous obtenez une séparation complète de la circulation, au profit des piétons et les cyclistes ». Quelques un utilisent les murs espagnols récemment redécouverts pour guider les quais rives Nord. L’équipe de Klaus Schuwerk (H) imagine même un musée des murs en premier sous-sol. D’autres innovent rive Sud, avec des jeux de plates-formes flottantes et proposent un espace d’exposition souterrain sur la mémoire de l’eau à Milan (E).