Eléments d’engagement dans les associations sportives en milieu rural
Ce chapitre se propose de centrer notre regard sur la première étape de la vie sociale au sein d’une association sportive en milieu rural, à savoir le processus d’engagement849associatif. Si, nombreuses publications sur l’engagement d’individus au sein d’organisations à but non lucratif ont permis de combler ce vide. Toutefois, ces travaux ont participé à une segmentation de la question de l’engagement, dans le sens où ce dernier se trouve régulièrement rapporté au type de structure investie851 (parti politique, syndicat, club sportif, etc.) Il n’y aurait donc pas un engagement associatif mais des formes d’investissement irréductibles les unes aux autres. De cette façon, mettre sur le même plan ces différentes formes d’engagement nécessiterait quelques précautions ajusté à ce jeu.853 » Dans cette perspective, l’engagement va bien au-delà d’une simple adhésion associative mais implique également un investissement supplémentaire au sein de la structure, qu’il soit sportif, bénévole, etc. Cependant, tous ces acteurs des associations sportives rurales ne sont pas « automatiquement » engagés dans les enjeux de l’association. En effet, certains n’expriment jamais leur position, d’autres s’investissent quand « le jeu en vaut la chandelle » et enfin, certains autres participent à toutes les actions (activités sportives, réunions, assemblées générales, commissions, etc.) où se négocient et se définissent les règles du jeu sportif local.
Ainsi, au sein de notre configuration, nous distinguons trois types d’engagement sportif : celui des pratiquants, celui des bénévoles et celui des spectateurs. Nous nous centrerons, ici, sur l’engagement des pratiquants au sein des associations sportives en milieu rural et plus Tout d’abord, nous verrons qu’être à la base de la création du club constitue la première forme d’engagement associatif. Par la suite, nous développerons la deuxième, soit le fait de grandir dans un club. La troisième forme est la conséquence du choix des sportifs ruraux d’adhérer dans un club particulier. Enfin, nous chercherons à analyser cet engagement sportif au sein d’associations rurales dans ses rapports avec les connectivités sportives. Nous avons vu précédemment, que la création d’un club sportif pouvait être le fruit d’une scission entre deux sections d’un même club ou bien d’une fusion entre plusieurs clubs de villages différents. Outre ces deux possibilités, ce qui pousse certaines personnes à créer un club au sein d’un village, demeure, dans un premier temps, l’absence d’offre sportive dans une discipline particulière. Par exemple, « le volley c’est un sport qu’il n’y avait pas au niveau de Jussey854 ». Pour autant, aucun individu ne va prendre le risque de s’investir pour monter une structure sans savoir, par avance, que d’autres vont la rejoindre pour pratiquer l’activité. Ainsi, la création de club répond, avant tout, à une demande locale. Aussi, à Arçon il y avait « deux-trois familles, deux-trois couples au départ à faire du VTT855 » lors des différentes manifestations régionales, comme la « diagonale du Doubs » ou l’ « extrême Loue » si bien, que petit à petit, elles se sont aperçues qu’elles n’étaient pas les seules au sein du village et se sont alors mises à rouler ensemble. « Et puis on se disait mais c’est con ! On roule tous chacun de notre côté et puis on va souvent sur les mêmes itinéraires : vision sécurité pour les enfants, parce que quand les enfants sont plus petits, tu vises plus la sécurité et on a tendance à toujours faire les mêmes trajets. Et puis à force de se mélanger comme ça, on a fait différents trajets, même dans le coin, des endroits qu’on ne connaissait pas vraiment, quoi ! » « Au niveau de l’animation du village et puis même nous en temps que famille tu te dis « merde », tu n’es pas tout seul dans ton coin quoi ! Tu vois du monde, tu apprends à connaître des gens et puis on voit autre chose, un autre paysage. Parce que rouler tout seul, faire toujours les mêmes itinéraires, mes gamins ils me l’ont assez dit, encore l’autre jour, il y avait un chemin qu’on faisait souvent quand ils étaient petits et maintenant on n’y passe plus, l’autre jour ils me disent : « on le connaissait par cœur, ben ! Les arbres ils ont poussé ». Mais c’est vrai que ça te fait connaître des autres endroits quoi ! »