Du Rif s.l. au Rif oriental : description des unités lithologiques

Du Rif s.l. au Rif oriental : description des unités lithologiques

Le Maroc est entouré de marges passives sur toute sa zone littorale, à l’exception du domaine méditerranéen où la convergence active entre l’Afrique et l’Europe est accommodée dès le Cénozoïque par l’orogenèse du Rif (cf. Chapitre 1). Comme nous l’avons précédemment évoqué, le Rif constitue la frange sud de l’orogène bético-rifain, chaîne relativement symétrique qui referme la ceinture alpine à l’Ouest au niveau de l’arc de Gibraltar. Ce chapitre a pour objectif de décrire succinctement les grands ensembles litho- structuraux de l’orogène bético-rifain (Figure 2.1), en se basant essentiellement sur la synthèse de MICHARD et al. (2008). Dans un deuxième temps, l’accent sera porté plus spécifiquement sur la partie orientale du Rif, où se concentrent les objets de la présente étude. par des déversements divergents vers l’extérieur du Rif et des Cordillères Bétiques (ANDRIEUX, 1971). Ainsi, partant d’un cœur, appelé domaine d’Alboran, les zones internes viennent chevaucher des nappes de flyschs elles-mêmes charriées sur les zones externes. Ces dernières chevauchent à leur tour un socle paléozoïque, pré-structuré durant l’orogenèse hercynienne et tectoniquement rigide au Cénozoïque (sauf dans la région de l’Atlas). La symétrie de l’édifice le permettant, seules les unités lithologiques de la partie rifaine seront ici traitées.

Les zones internes

Les zones internes du Rif constituent la partie marocaine émergée du domaine d’Alboran. Moins développées que leurs équivalentes bétiques, elles forment un empilement de plusieurs lames crustales comprenant, de la base vers le sommet : (1) les Sebtides, (2) les Ghomarides, et enfin une couverture méso-cénozoïque décollée, (3) la Dorsale calcaire. Ces complexes se sont formés dans des conditions métamorphiques différentes et définissent ensemble un MCC démembré (CHALOUAN et al., 2006). Leur évolution tectonique est donc polyphasée, mais l’essentiel des structures y est cependant acquis lors de leur empilement au Miocène inférieur (ANDRIEUX, 1971). d’une unité de péridotite, le massif des Beni Bousera (lherzolite à spinelle). Les roches crustales sus-jacentes (unité de Filali) sont essentiellement des granulites acides recouvertes de micaschistes via le passage de gneiss migmatitiques. Au-dessus du socle, des unités métasédimentaires permo-triasiques (unités de Federico) s’empilent en séquences de schistes et quartzites répétées tectoniquement. Des marbres dolomitiques datés du Trias moyen à supérieur viennent enfin coiffer ces unités. Les données du métamorphisme (BOUYBAOUENE, 1993 ; SADDIQI, 1995 ; MICHARD et al., 1997, 2006 ; NEGRO et al., 2006 ; Figure 2.2), dont le grade diminue de bas en haut, indiquent que les unités métasédimentaires des Sebtides ont été enfouies par subduction (conditions HP-BT), et ce jusqu’à 60 km. En effet, les assemblages minéralogiques sont représentés par des paragenèses du faciès des schistes bleus (8-13 kbars, 380-450 °C), voire des éclogites (13-18 kbars, 450-550 °C). Elles ont ensuite été exhumées tectoniquement lors d’une décompression isotherme rapide symptomatique d’un amincissement crustal, puis, à mesure que la température diminue, à la faveur d’un cisaillement extensif vers le Nord. Les diverses datations isotopiques donnent un âge du pic thermique estimé entre 23 et 25 Ma, tandis que l’exhumation se serait produite dès 20 Ma.

Le socle des Sebtides a lui évolué sous un géotherme plus élevé : jusqu’à P > 20 kbars pour 1200-1350 °C dans le massif de péridotite, interprété comme une semelle de manteau continental plaquée en base du complexe. Ce contraste est probablement lié à des localisations différentes au sein de la zone de subduction, ainsi qu’à une différence de nature du matériau de départ (sédiments vs socle crustal et roches mantelliques). Les formations paléozoïques (Ordovicien à Carbonifère) sont composées de métapélites alternant schistes, calcaires et grauwackes. Plissées et recristallisées, elles ont enregistré deux épisodes métamorphiques (CHALOUAN & MICHARD, 1990) : (1) le premier, de type schiste vert, est varisque ; (2) le second est alpin (ca 25 Ma ; âge K-Ar sur phengite) et représente probablement un évènement thermique ayant réinitialisé les géothermomètres. Les couvertures sédimentaires, d’âge mésozoïque à cénozoïque, ne sont ni plissées ni recristallisées, et sont donc restées indemnes du métamorphisme qui affecte leur socle. Elles débutent par la sédimentation de red beds discordants du Trias moyen à supérieur, composés de conglomérats, quartzites et évaporites typiques d’une plateforme continentale émergente.

 

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