Démarche et proposition
Les deux précédents chapitres ont permis de formaliser la problématique précise de cette thèse, son objectif ainsi que l’approche requise. Quant au deuxième chapitre, il a permis de réaliser un bilan des démarches, méthodes, outils et modèles dédiés à la conception en identifiant leurs apports potentiels, mais également les manques. A ce stade de l’étude, tous les éléments entrant dans l’élaboration d’une solution pertinente sont réunis. Pour cela, nous élaborons une démarche spécifique permettant d’atteindre l’objectif fixé tout en répondant à l’ensemble des points de la problématique. Celle-ci nécessitant une approche systémique, une démarche en deux phases est élaborée. La première consiste à identifier l’ensemble des objets et des mécanismes entrant dans la conception d’un produit. Quant à la seconde phase, son objectif est de construire un cadre méthodologique à partir des éléments issus de la première phase. La démarche en deux phases que nous avons retenue s’appuie sur deux outils spécifiques qu’il convient de préalablement définir et de caractériser. Le premier est le diagramme de concepts qui constitue notre principal outil de réflexion. Le second est le formalisme de représentation du cadre méthodologique qui est le vecteur de communication de notre proposition. Ces deux outils sont complétés par un mécanisme permettant d’exploiter les résultats issus du diagramme de concepts pour élaborer le cadre méthodologique. Ce chapitre a donc pour objectif de présenter ce travail préparatoire.
Création du diagramme de concepts
La création du diagramme de concepts suit un processus en trois étapes. Tout d’abord, un cadre représentatif des besoins de cette étude est fixé. Il est ensuite complété par un formalisme de représentation spécifique. Enfin, une stratégie est proposée afin d’initier le travail de peuplement du diagramme. Ces trois étapes sont à présent détaillées dans les paragraphes suivants. Ainsi, en considérant qu’un projet de développement d’entreprise ou de conception de produit n’est fondamentalement qu’un ensemble d’actions qui génèrent des données, nous proposons de représenter ce cadre à travers des caractéristiques représentatives des deux éléments. Celles-ci sont issues de deux hypothèses fortes qui sont présentées ci-après. La première est la suivante : pour atteindre l’ensemble des objectifs de conception d’un produit (en termes de coût, de délai et de performances), il est indispensable de pouvoir contrôler les données et donc préalablement les actions. En d’autres termes, nous considérons que la conception d’un produit résulte de la construction préalable d’un processus à partir duquel s’organisent des ressources qui créent à leur tour des données. Par conséquent, nous choisissons un modèle multi-vues de type PPR (Produit/ Processus/ Ressources) qui peut parfaitement s’adapter à cette vision de la conception.
Quand à la seconde, tout projet de conception de produit est constitué d’un mélange d’actions ou de données plus ou moins récurrentes. Certaines peuvent être réutilisées au sein d’un même projet ou dans des projets différents (à l’image d’une procédure), alors que d’autres n’ont un sens que dans un contexte extrêmement limité (comme un composant spécifique de machine par exemple). Le niveau de généricité des actions est donc un critère important dans un projet de conception car il en impacte directement le rendement. En effet, identifier, capitaliser et réutiliser des savoir-faire permet de gagner un temps précieux. Nous choisissons donc de représenter ce critère de généricité à travers trois niveaux complémentaires : stratégique (récurrence entre projets), tactique (récurrence au sein d’un même projet) et opérationnel (pas de récurrence). Quant au niveau opérationnel, il consiste à créer et à modifier les données de conception du produit. Pour cela, chaque concepteur doit préalablement savoir comment s’inscrit sa tâche dans le contexte global du projet. En d’autres termes, avant de débuter tout travail de conception, il lui est théoriquement indispensable de savoir ce qu’il doit faire, quand et comment. Ainsi, son emploi du temps est un élément majeur pour mener à bien sa mission. Il représente aussi l’élément de communication principal entre un concepteur au rôle très contextuel et un chef de projet détenant la vision d’ensemble du projet. Bien entendu, on retrouve également d’autres éléments constituant généralement l’environnement de travail des concepteurs : leurs outils, leurs connaissances techniques et le contexte réglementaire et normatif auquel leur travail doit répondre.