Comment les salariés sénégalais deviennent-ils touristes au Sénégal

Comment les salariés sénégalais deviennent-ils touristes au Sénégal

Comme nous l’avons vu dans la partie précédente, la pratique du tourisme semble suivre un processus qui interroge d’abord la disponibilité, plus précisément le temps libre pour partir, le temps des loisirs, le temps des congés et celui des vacances (Rech, Paget, 2012). Elle s’apparente donc à une construction qui va de l’obtention des congés jusqu’à l’expérimentation du temps libre et du temps de vacances, qui peut offrir une possibilité d’accès aux loisirs touristiques. En partant de ce constat, nous allons essayer de montrer comment les salariés sénégalais deviennent touristes au Sénégal en suivant ce processus. Nous allons approfondir la question des vacances en nous focalisant sur celles qui pourraient induire une mobilité touristique. Autrement dit, comment les vacances s’articulent-elles à la pratique du tourisme ? Comment le temps des vacances va-t-il impacter les façons de faire du tourisme au Sénégal ? C’est donc à partir des vacances, qui favorisent la mobilité, que nous allons aborder la question de la pratique du tourisme chez les salariés sénégalais dans leur pays. être fondées sur la compréhension des activités de ces travailleurs en période de congés et de vacances. L’existence d’un temps de congés constitue l’une des premières nécessités pour pouvoir penser aux vacances et aux loisirs, avant de se projeter sur une quelconque expérience de pratique touristique, même si elle n’est pas la seule alternative possible si l’on tient compte des non-salariés. Cette logique met ainsi en œuvre une somme de décisions influencées par l’environnement socioculturel par exemple, et qui prennent en compte la manière de répartir et de gérer les différentes temporalités sociales (temps de congés et temps de vacances). De ce point de vue, dans le contexte sénégalais, différents facteurs sont à prendre à considération dans le processus décisionnel dont l’aboutissement mène à la pratique du tourisme.

Prendre en compte l’acquisition du temps de congés

Le temps de congés et le temps de loisirs touristiques sont étroitement liés puisque ces derniers se construisent à partir d’un temps libre généré par les congés. Par conséquent, l’acquisition de ce temps libre favorise un changement temporaire de mode de vie, qui s’oppose à l’identité professionnelle. L’idée qui sous-tend ce changement d’identité hérité des congés suppose que la décision de partir réside d’abord dans la capacité à s’aménager une disponibilité temporelle. Le temps de congé, qui induit un temps libre, apparait en effet central dans les pratiques de mobilité des salariés. Karim, un salarié, documentaliste dans l’administration publique, nous raconte comment il a profité de son temps de congé pour se déplacer et se livrer à des activités extraprofessionnelles : Considérées sous cet angle, l’acquisition du temps de congés et la manière dont il est vécu s’inscrivent dans le processus qui conduit à la pratique du tourisme. La mobilité n’existe ici que parce qu’elle est une projection du temps libre provoquée par le temps de congé. Ainsi est mise en évidence une relation de dépendance entre la mobilité et le temps libre, puisque celui- ci favorise une libération temporaire du salarié (Dumazedier, 1974) et influence ses déplacements comme nous l’avons vu dans l’extrait d’entretien ci-dessus.

Chez les salariés sénégalais, les manières d’appréhender le temps des congés et des vacances varient en fonction des circonstances sociales. Certains salariés prennent délibérément la décision de passer des vacances sédentaires pour des raisons liées à l’environnement social, au manque de ressources financières, mais aussi dans une optique de consolider les liens familiaux. En revanche, d’autres travailleurs optent pour des vacances qui favorisent un changement de rythme de vie, dans un endroit différent du lieu de vie habituel. Le salarié qui veut pratiquer le tourisme passe par ce processus, c’est-à-dire qu’il privilégie des vacances qui impliquent une mobilité, puisque le déplacement fait partie intégrante de la pratique du tourisme. C’est certainement dans ce sens que Moussa, un salarié dans l’administration publique sénégalaise, laisse entendre que les vacances ne constituent qu’un prétexte pour faire du tourisme .

 

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